La croissance intenable des inégalités

Un billet signé Guillaume Hébert de l'IRIS (Institut de recherche et d'informations socioéconomiques). 

Guillaume Hébert reprend quatre graphiques tirés de l’abondante documentation rendue disponible par l’économiste français Thomas Piketty et permettant de visualiser trois grandes phases socioéconomiques qu’a connues le monde occidental depuis la fin du XIXe siècle.

  • les sociétés « propriétaristes » et profondément inégalitaires de « la Belle Époque » (1880-1914) et la longue transition dans la foulée des deux guerres mondiales (1914-1945);

  • les sociétés sociales-démocrates (1950-1980) où les inégalités connaissent un recul exceptionnel;

  • les sociétés « néopropriétaristes » et hypercapitaliste (1980 à aujourd’hui). 

En résumé, ces graphiques nous permettent de voir qu'à partir des années 80non seulement les plus riches ont vu leur revenu avant impôt exploser, mais qu’on leur demande de payer de moins en moins d’impôt sur ces revenus, ce qui contribue donc à l’accumulation du patrimoine entre les mains du 0,01%, du 0,1%, du 1% et du 10% le plus riche de la population.

Notamment, durant la décennie des années 60, les 50% les plus pauvres voient leur revenu augmenter légèrement puis se stabiliser autour de 15 000$ en 1970. Pendant ce temps, l’augmentation du revenu annuel du 1% le plus riche se stabilise pour sa part un peu autour de 450 000$ par année. On s’aperçoit donc que, entre 1960 et 1980, l’écart entre la rémunération des deux groupes est relativement stable, alors que les plus riches gagnent environ 30 fois la rémunération annuelle des plus pauvres.

Au début des années 80, le portrait change radicalement. Le revenu du centile supérieur se met à augmenter en flèche et, rendu à l’an 2000, il dépasse 1 200 000$ en moyenne. Pendant ce temps, le revenu des 50% les plus pauvres stagne à 15 000$. Les plus riches gagnent désormais chaque année environ 80 fois ce que gagnent les 50% les plus pauvres de la population.

Ces tendances sont similaires un peu partout dans le monde occidental, même si elles sont beaucoup plus marquées aux États-Unis.

Guillaume Hébert conclût que dans tout le flot d’informations et de désinformations auxquelles les populations sont aujourd’hui exposées, les données présentées par Thomas Piketty dans son dernier ouvrage Capital et idéologie devraient servir de socle à la délibération concernant les politiques de redistribution de la richesse à mettre en place dans les prochaines décennies.

 

Commentaires importés 

Jerry Espada 12 juillet 2021 à 14:16

Elmer Van Der Vlugt, chercheur à l'Observatoire des inégalités, présente les deux mesures du faible revenu les plus utilisées avec leurs avantages et leurs désavantages.
https://www.observatoiredesinegalites.com/fr/blogue/le-lexique-des-inega...

- La mesure du panier de consommation (MPC) - mesure absolue de la pauvreté qui estime le revenu nécessaire, dans une région donnée, pour se procurer un panier de biens et de services jugés essentiels pour couvrir les besoins de base (se nourrir, se vêtir, se loger, se divertir, etc.).

- La mesure de faible revenu (MFR) - mesure relative de la pauvreté qui sert à calculer un seuil de référence en dessous duquel une personne est considérée à faible revenu. Ce seuil correspond à 50 % du revenu médian après impôt du ménage de la personne.

Les taux de faible revenu au Canada et au Québec sont différents selon l'utilisation de l'une ou de l'autre des mesures. Par exemple, en 2018 :

- Selon la MFR, le taux de faible revenu était de 12,1 % au Canada et de 10,7 % au Québec.
- Selon la MPC, le taux de faible revenu était de 10,1 % au Canada et de 9,7 % au Québec.

Dans un commentaire ci-dessous, l'IRIS proposait une 3e mesure : le revenu viable qui vise "un niveau de vie digne et sans pauvreté".

Katherine Scott, de Citizens for Public Justice (Citoyens pour la justice publique) mentionnait que la pauvreté et le faible revenu sont mieux compris lorsque plusieurs mesures, chacune avec leurs forces et leurs faiblesses, sont prises en compte.

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Jerry Espada 10 juin 2021 à 10:59

"Réduire les vulnérabilités et les inégalités sociales : tous ensemble pour la santé et le bien-être" (INSPQ).

Étude complète : https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/2781-reduire-vu...

Sommaire :
https://www.inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/2781-reduire-vu...

La progression des inégalités sociales représente une nuisance pour l’état de santé et de bien-être de la population, nuit à la prospérité économique et fait poindre une détérioration de la cohésion sociale.

La réduction des inégalités sociales de santé (ISS) passe nécessairement par un ensemble d’interventions impliquant plusieurs secteurs pour agir sur les déterminants sociaux de la santé tels le logement et le revenu. Les ISS devraient être prises en compte par tous les secteurs d’activité, ministères et organismes (MO) avec l’objectif minimal de ne pas les aggraver.

La riche expérience du Royaume-Uni en réduction des ISS indique l’importance de la complémentarité entre les approches adaptées aux besoins des individus et des communautés en situation de vulnérabilité et les approches qui reconnaissent le rôle central que peuvent jouer les grands programmes de l’État providence (pensons aux programmes d’assistance
sociale ou d’éducation).

Les politiques publiques visant la réduction des ISS sont naturellement orientées vers les interventions sur les habitudes de vie et l’accès aux soins de santé et aux services sociaux. Agir sur ces secteurs d’intervention s’avère toutefois une stratégie insuffisante si elle n’est pas accompagnée d’approches complémentaires et plus structurelles relevant de MO autres que celui de la santé et des services sociaux.

Si les interventions sur les facteurs socioéconomiques, politiques, culturels et environnementaux sont efficaces pour réduire les inégalités, elles sont plus difficiles à mettre en œuvre que celles sur les habitudes de vie.

Certains outils comme la Politique gouvernementale de prévention en santé (PGPS) et son objectif transversal de réduction des ISS représentent une opportunité d’en faire plus.

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Jerry Espada 14 mai 2021 à 13:42

"Les pertes d'emplois liées à la pandémie se concentrent chez les bas salarié.e.s" (Philippe Hurteau - IRIS).
https://iris-recherche.qc.ca/blogue/les-pertes-d-emplois-liees-a-la-pand...

Après l'analyse du Canada (voir le commentaire plus bas), l'auteur analyse le Québec et arrive au même constat : en se basant sur l’indicateur du salaire horaire, 100 % du déficit à combler au chapitre de l’emploi se trouve chez les salarié·e·s gagnant moins de 20 $/h.

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Jerry Espada 30 avril 2021 à 11:44

Édition 2021 du revenu viable par l'IRIS (Hurteau, Labrie, Nguyen).
https://cdn.iris-recherche.qc.ca/uploads/publication/file/Revenu_viable_...

Alors que nos repères collectifs ont été bousculés par la pandémie de COVID-19, la présente édition du revenu viable poursuit les efforts déployés par l’IRIS depuis 2015 pour décrire un niveau de vie digne, exempt de pauvreté et adapté à la réalité québécoise.

Le revenu viable est élaboré selon des critères qui peuvent être comparés à d’autres indicateurs utilisés au Québec pour le suivi des situations de pauvreté. C’est le cas notamment de la Mesure du panier de consommation (MPC), calculée par Statistique Canada, qui sert de son côté à suivre les situations de pauvreté sous l’angle de la couverture des besoins de base.

Le défi de cette année est double. Le premier est technique. En effet, il s’agit d’une année de transition pour la MPC, qui est désormais calculée selon une nouvelle base, dont les seuils plus élevés mettent à jour ceux de l’ancienne base. Le second défi est d’ordre conjoncturel : comment tirer du présent contexte de crise des fils conducteurs pouvant éclairer des choix collectifs conduisant à moins d’inégalités?

Commentaires et analyses de Philippe Hurteau (IRIS) au micro de Radio Canada :
https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/c-est-encore-mieux-...

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Jerry Espada 15 avril 2021 à 10:01

L'Observatoire des inégalités dévoile son 1er rapport "Évolution des inégalités économiques au Canada et au Québec" en 3 analyses :
1- L'éventail des inégalités de revenu, de richesse et de consommation, nous permettant de mieux comprendre les dynamiques historiques et actuelles, ainsi que de faire le point sur le rôle de la redistribution.
2- Les trois groupes distincts : les hauts revenus, les bas revenus et la classe moyenne.
3- Les principales causes des inégalités économiques.
https://www.observatoiredesinegalites.com/fr/publication-evolution-inega...

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Jerry Espada 6 avril 2021 à 16:48

"Les perdants de la reprise jusqu'ici", un billet de Philippe Hurteau (IRIS).
https://iris-recherche.qc.ca/blogue/les-perdants-de-la-reprise-jusqu-ici

En se basant sur l’indicateur du salaire horaire, 100 % du déficit à combler au chapitre de l’emploi se trouve chez les salarié·e·s gagnant moins de 20 $/h. Cette catégorie comptant actuellement seulement 28 % des emplois à salaire horaire, c’est dire la concentration du fardeau de la crise qui pèse sur les épaules des bas salarié·e·s.
Un constat qui n’augure rien de bon sur le plan de l’évolution des inégalités et de la fracture sociale qu’elle exacerbe.

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Jerry Espada 12 mars 2021 à 10:26

Le revenu de base, un filet social pour le 21e siècle?
-Younes Rhazi- IRIS
https://iris-recherche.qc.ca/blogue/le-revenu-de-base-un-filet-social-po...

Plusieurs projets pilotes et projets de loi se sont multipliés un peu partout dans le monde dans la dernière année.

On se rend compte que les programmes de chômage sont trop ciblés et inadaptés aux nouvelles réalités de l’emploi : globalisé, automatisé et précaire. Le revenu de base permettrait au contraire de minimiser les nouveaux risques sociaux et d’augmenter le bien-être individuel tout en soutenant l’économie à travers la consommation des ménages.

Les débats sur les formes du revenu de base sont animés. La question est complexe. Cependant, le contexte actuel - et le regain de popularité du revenu de base qu’il entraîne - donne du poids à l’idée que l’argent combat peut-être mieux la pauvreté qu’un emploi en 2021.

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Jerry Espada 8 mars 2021 à 15:16

Femmes, inégalités et pauvreté. Au Québec, d’importantes inégalités socioéconomiques persistent entre les femmes et les hommes, mais aussi entre les femmes elles-mêmes.

Voici les données les plus récentes sur les inégalités économiques et salariales, la conciliation famille-travail, le logement, l’itinérance et bien d’autres enjeux.
https://www.pauvrete.qc.ca/wp-content/uploads/2021/02/FemmesInegalitesPa...

Le balado sur le sujet : http://www.pauvrete.qc.ca/femmes/#balado

La page Facebook du Collectif pour un Québec sans pauvreté. https://www.facebook.com/collectif.quebecsanspauvrete/

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Jerry Espada 5 mars 2021 à 9:24

L'imposition des grandes fortunes (suite) avec Guillaume Hébert (IRIS).
https://iris-recherche.qc.ca/blogue/un-impot-sur-la-fortune-est-il-faisa...

Entre la théorie du ruissellement (la fortune des riches crée des emplois), la crainte d'exode des riches et la difficulté technique d'établir un impôt adapté, tout semble en place pour ne pas imposer les grandes fortunes.

Pourtant, les économistes Piketty, Zucman et Saez offrent des réponses convaincantes quant à la possibilité de mettre en place un impôt sur la fortune. Pour eux, l’obstacle principal est d’ordre politique et non technique.

Pour taxer efficacement, il faut avoir accès aux données permettant de mesurer adéquatement le patrimoine des ménages. Le manque de volonté politique a empêché les administrations fiscales de le faire. Pire, dans certains cas, comme au Canada, on déploie de l'énergie pour protéger l’anonymat des détenteurs de grandes fortunes.

Une approche privilégiant la transparence, comme en Norvège où les déclarations d’impôt de tous les citoyens (revenus et actifs) sont publiques, permettrait le croisement des données détenues par les administrations fiscales, les instituts statistiques et la banque centrale d'un État.

Avec une telle transparence, Piketty propose notamment de mettre en place un impôt progressif unifié sur la propriété, ce qui permettrait d’offrir de forte diminution d’impôt pour tous ceux qui détiennent des patrimoines modestes et moyens, ou qui sont en voie d’accession à la propriété, et une augmentation pour ceux qui détiennent déjà des patrimoines importants.

Les outils existent, il reste aux gouvernements de les appliquer pour améliorer le financement des services publics et redistribuer la richesse.

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Jerry Espada 15 février 2021 à 5:51

En complément des commentaires précédents pour une fiscalité sur la fortune, Robert Gagné, directeur du Centre sur la productivité et la prospérité de HEC Montréal, affirme que l'idée de taxer les très riches ne marche pas. Voici un dossier Radio Canada qui fait le tour de la question.
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1769691/taxe-grandes-fortunes-cout-...

Ça ne marche pas parce qu'il y aura des impacts (choix d'investissement, délocalisations d’usines…). Une étude (https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1729435/deficit-gouvernement-impot-...) démontre que les revenus de l'État n'augmentent pas, au contraire ils diminuent. La mesure fédérale de 2016 ayant fait passer le taux marginal d’imposition de 49,97 % à 53,31% a démontré que les personnes touchées ont trouvé le moyen d'éviter cette nouvelle pression fiscale en réduisant leur revenu imposable.

De plus, la mise en place d’une taxe exceptionnelle post-COVID s’avérerait d’une complexité inédite. "On peut faire évoluer le système fiscal, mais il faut le faire de manière intelligente. Il faut que ce soit simple et que ce soit juste, mais le système actuel le fait déjà".

Pour ce qui est d'aller taxer les profits exorbitants amassés pendant la crise , notamment par les géants du Web, Robert Gagné mentionne que c'est une très mauvaise idée. On ne peut pas aller chercher rétroactivement des montants pour l’année écoulée si les entreprises n’étaient pas au courant qu’elles seraient imposées. De toute façon, si on augmente les impôts des entreprises, ces dernières refileront la facture aux consommateurs ou aux fournisseurs.

Lyne Latulippe, professeure titulaire et chercheuse principale à la chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Sherbrooke, est cofondatrice de TaxCOOP (https://taxcoop.org/). Elle mise plutôt sur une régulation des multinationales à l’échelle mondiale. L’accord mondial pour la taxation des géants du numérique, négocié par 137 pays, comprend l'instauration de droits d’imposition minimum et leur répartition. L’OCDE espère parvenir à une entente finale d’ici la mi-2021. On estime que la mesure rapportera au moins 50 G$ US annuellement.

En opposition à Robert Gagné, des jeunes Canadiens fortunés, mais aussi plusieurs regroupements de millionnaires, souhaitent en faire plus :
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1733162/enquete-riches-un-pourcent-...
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1485153/millionnaires-contre-fourch...
https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/penelope/segments/entrevu...

Alors, pourquoi les obstiner?

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Jerry Espada 5 février 2021 à 9:39

Dans les précédents commentaires, la fiscalité est mentionnée comme une des solutions pour réduire les inégalités. Guillaume Hébert (IRIS) fait le point.
https://iris-recherche.qc.ca/blogue/impot-sur-la-fortune-c-est-l-heure?u...

Le média spécialisé en économie et finances Bloomberg constatait que l’impôt sur la fortune est mis de l’avant par des gouvernements et des formations politiques partout à travers le monde. Il estime que la fortune des 500 personnes les plus riches dans le monde a augmenté de près de 33 % en 2020, leurs avoirs cumulés frôlent maintenant 8 000 000 000 000 $, soit plus de quatre fois le PIB du Canada.

Cette augmentation de fortune est due aux politiques d’assouplissement quantitatif, appliquées par plusieurs banques centrales pour éviter un effondrement économique mondial en pleine pandémie. Ces politiques ont facilité les conditions d’accès à du financement (voir le commentaire précédent sur la financiarisation de l'économie). Une politique monétaire progressiste chercherait plutôt à canaliser cet afflux de ressources vers la transition écologique par exemple.

Cinq mesures de justice fiscale ont ainsi été proposées.
http://bofr.le360.ma/sites/default/files/assets/documents/rapport_icrict...

1- L'instauration d’un taux effectif d’imposition des sociétés de 25 % partout dans le monde.
2- Introduire des taxes progressives sur les rentes économiques captées par les entreprises multinationales du secteur numérique.
3- Appliquer un taux d'imposition plus élevé aux grandes entreprises
des secteurs oligopolistiques ayant des taux de rendement excessifs.
4- Exiger la publication de rapports pays par pays pour toutes les
sociétés bénéficiant d'un soutien de l'État.
5- Publier des données sur la richesse offshore afin de permettre à toutes les juridictions d'adopter des impôts progressifs sur la fortune de leurs résidents et de pouvoir mieux contrôler les taux d'imposition effectifs sur les contribuables aux revenus les plus élevés.

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Jerry Espada 5 janvier 2021 à 11:58

La financiarisation, un régime économique à l'origine des inégalités et de l'instabilité économique.
https://cdn.iris-recherche.qc.ca/uploads/publication/file/Brochure_Finan...

Dans cette brochure de l'IRIS (déc. 2020), les auteurs expliquent ce qu'est la financiarisation, comment : 1- elle agit sur les entreprises, 2- elle malmène l'économie et les ménages, 3- elle s'insère même dans la Nature.

Alors que la financiarisation crée des inégalités dans les économies les plus financiarisées, les inégalités de revenus alimentent elles-mêmes la demande pour des produits financiers qui enrichissent les grandes
banques accentuant ainsi la part de l’économie financière dans l’ensemble de l’économie. En bref, la financiarisation crée et s'alimente des inégalités.

Pour réduire les inégalités, il est essentiel d'instaurer une FISCALITÉ PLUS PROGRESSIVE ainsi qu'une plus grande RÉGULATION DE LA FINANCE par les pouvoirs publics.
L’économiste François Morin a proposé à ce sujet de revenir à des TAUX DE CHANGE FIXES et d’adopter une MONNAIE COMMUNE pour les échanges internationaux afin d’éviter la spéculation sur les devises, mais aussi d’éliminer progressivement certains produits dérivés et de taxer lourdement certaines transactions financières.

De plus, pour réduire l'impact de la domination des banques systémiques, le développement de COOPÉRATIVES FINANCIÈRES permettrait de rebâtir un secteur financier au service des besoins économiques des communautés.
La création récente en Belgique de NewB, une coopérative bancaire qui veut offrir des services bancaires abordables et du financement pour des entreprises respectueuses des droits de la personne et de l’environnement, constitue sans aucun doute un exemple intéressant à suivre.
Aux États-Unis, les représentantes démocrates Alexandria Ocasio-Cortez et Rachida Tlaib ont déposé à la fin d’octobre 2020 un projet de loi visant à encourager la création de banques publiques par les États ou les municipalités, une initiative qui vise entre autres à faciliter l’accès aux services financiers pour les petites entreprises et les personnes marginalisées.

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Jerry Espada 18 décembre 2020 à 9:17

En novembre 2000, la "Proposition pour une loi sur l’élimination de la pauvreté" était déposée à l'Assemblée nationale. https://www.pauvrete.qc.ca/wp-content/uploads/2020/11/Proposition-loi-ci...

Son préambule présentait les droits de la personne comme un tout indivisible auquel la pauvreté porte atteinte, notamment par ses racines systémiques.

Trois principes d’action animaient cette proposition :
1. la priorité à l’élimination de la pauvreté tant qu’on n’est pas dans une société sans pauvreté,
2. l’amélioration prioritaire des revenus du cinquième le plus pauvre de la population sur celle des revenus du cinquième le plus riche,
3. l’inclusion des personnes en situation de pauvreté au cœur des processus qui les concernent.

En décembre 2002, la Loi visant à lutter contre la pauvreté et l’exclusion sociale était adoptée.http://legisquebec.gouv.qc.ca/fr/ShowDoc/cs/L-7

18 ans et trois plans d’action plus tard, les règles du jeu actuelles n'assurent toujours pas la couverture des besoins de base de toutes et tous, ce qui était de l’ordre des mesures urgentes dans la proposition de novembre 2000. En 2017, il manquait 3,9 G$ aux revenus après impôt de près de 750 000 personnes pour que cette couverture soit assurée au Québec au niveau de la mesure du panier de consommation (MPC).

Force est de constater que le Québec n'assure toujours pas le 2e principe de la proposition de novembre 2000 : l’amélioration prioritaire des revenus du cinquième le plus pauvre de la population sur celle des revenus du cinquième le plus riche. Les dynamiques systémiques à l’œuvre font systématiquement le contraire.

Divers acteurs ont réclamé un « New Deal » post-covid aux dimensions d’un plan Marshall écologique qui pourrait se financer en mettant un frein à l’enrichissement immodéré, une approche qui a prouvé son efficacité au cours des Trente glorieuses. https://www.ledevoir.com/economie/591012/analyse-une-occasion-de-corrige...

L'article complet de l'IRIS : https://iris-recherche.qc.ca/blogue/les-revenus-du-cinquieme-le-plus-pau...

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Jerry Espada 17 décembre 2020 à 9:23

Esquisse d'un portrait des bénéficiaires d'assistance sociale au Québec par la Chaire de recherche du Canada.
https://r-libre.teluq.ca/2157/1/Hubner_Landry_EDMH_R-libre.pdf?fbclid=Iw...

Entre analyses statistiques et témoignages directs des bénéficiaires, ce document de travail démontre que l’appartenance à certains groupes augmente le risque d’avoir besoin d’assistance. Ainsi, les personnes seules, les mères monoparentales et les personnes issues de l’immigration récente sont surreprésentées. Contrairement à la croyance populaire, la vie des prestataires n’est pas facile. Le recours à l’aide financière publique est souvent indispensable pour les prestataires.

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Jerry Espada 20 novembre 2020 à 10:46

Regard sur la pauvreté au Québec, la notion de revenu viable pour mieux l'évaluer.
https://journalmetro.com/actualites/national/2580617/pres-dune-personne-...

Le revenu viable « tient compte des besoins réels (comme se nourrir, se vêtir, se loger, etc.), mais prend aussi en considération le besoin de disposer d’une marge de manœuvre — c’est-à-dire d’avoir de l’argent de côté afin de faire face à des imprévus ou d’avoir un peu de souplesse financière pour aller au restaurant occasionnellement ».

L'IRIS propose cette notion de revenu viable tout en reconnaissant qu'il ne s'agit pas d'un calcul simple. Cependant, elle permet de tenir compte de la variabilité des situations, selon le type de ménage et la localité.
Des différences que les politiques publiques oublient.

L'IRIS a évalué le revenu variable spécifiquement pour trois types de ménages: une personne seule, une famille monoparentale avec un enfant en CPE, une famille de quatre, avec deux adultes et deux enfants en CPE; et pour sept municipalités : Montréal, Québec, Gatineau, Sherbrooke, Saguenay, Trois-Rivières et Sept-Îles.

Pour une personne seule vivant à Montréal, le revenu viable est évalué à 27 947 $, alors que le salaire minimum à temps plein (35 heures par semaine à 13,10 $, soit 21 597 $ après impôt et transferts) ne permet pas de l’atteindre. Il faut plutôt un salaire horaire de 18 $ pour y arriver

En conclusion, le revenu viable est un indicateur utile qui permet de comparer des situations de revenus, selon le lieu de vie, et voir si elles permettent une vie décente.

On peut maintenant dire qu’entre 17 % et 19 % de la population n’atteint pas ce seuil variant en moyenne entre 22 000$ et 32 000$ pour une personne seule, selon la localité considérée.
https://cdn.iris-recherche.qc.ca/uploads/publication/file/Acces_au_revev...

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Jerry Espada 19 novembre 2020 à 9:37

Pour Thomas Piketty, directeur d'études à l’École des hautes études en sciences sociales et professeur à l’École d'économie de Paris, l'afflux d'argent public pour soutenir l'économie ne profite qu'aux riches, creusant ainsi encore plus les inégalités (article et vidéo).
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1750705/thomas-piketty-inegalites-r...

Résumé

La politique monétaire des banques centrales a contribué à stimuler les cours boursiers et immobiliers ce qui a enrichi les mieux nantis.
Il préconise de réduire les écarts salariaux et de reporter l’usage de la création monétaire sur des choses plus utiles afin de créer des emplois, notamment dans l’environnement (par ex. la rénovation thermique des bâtiments).
Il estime que le système actuel (économique et fiscal) maintient et aggrave les inégalités, il faut donc en changer si on veut vraiment régler le problème.

Voir aussi "Vers un système éthique?". https://passerelles.quebec/publication/2020/vers-un-systeme-ethique

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Jerry Espada 6 novembre 2020 à 12:00

Qu'en est-il pour le Québec? Minh Nguyen de l'IRIS a regardé ça pour nous dans : "Les dés sont pipés : regard sur l'évolution des inégalités au Québec et au Canada".
https://iris-recherche.qc.ca/blogue/les-des-sont-pipes-regard-sur-l-evol...

RÉSUMÉ

Les inégalités sont nettement moins élevées au Québec qu’au Canada une fois pris en compte les impôts, les crédits, les allocations et les transferts gouvernementaux. C’est dire également comment la redistribution à travers l’impôt apparaît avoir un impact considérable sur la réduction des inégalités.

Malgré tout au Québec, pendant que le revenu des 99% les plus pauvres augmentait de 57% entre 1982 et 2017, celui du 1% augmentait 2,5 fois plus rapidement.

L'idée de la méritocratie est profondément ancrée chez plusieurs et elle continuera de favoriser les personnes au sommet de la pyramide des revenus aux dépens de l’intérêt collectif. L’issue du débat qui s’est ouvert sur les inégalités sera en tous les cas intimement liées aux valeurs que notre société privilégiera dans les prochaines décennies.

EN COMPLÉMENT, cette analyse de Simon Tremblay-Pepin interrogé par Le Devoir.
https://www.ledevoir.com/economie/589039/etude-le-quebec-aurait-pu-mieux...

Au Québec, après des décennies de luttes contre la pauvreté surtout concentrée sur les personnes âgées, puis les familles avec enfants, les familles monoparentales et les personnes seules de moins de 65 ans sont les grandes oubliées de nos programmes sociaux.

  •  

Jerry Espada 28 octobre 2020 à 15:44

Le livre "Du plomb dans les ailes" est né d'une volonté pédagogique de solliciter l’engagement collectif pour venir à bout des inégalités.

https://www.lesoleil.com/actualite/du-plomb-dans-les-ailes-faire-la-peda...

«Si on ne le fait pas, la situation va empirer et les effets vont être encore plus graves.» Bruno Marchand, président-directeur général de Centraide Québec et Chaudière-Appalaches.

Partir avec deux prises contre soi dans la vie équivaut souvent à essayer de monter un escalier roulant en sens inverse. De nombreux laissés-pour-compte, nés dans un milieu pauvre, peuvent trimer dur pour s’en sortir, sans pour autant que leurs efforts portent fruit.

L’inaction face aux inégalités a un prix pour toute la société.

Une étude du gouvernement du Québec en 2011 évaluait le coût de la pauvreté dans la province entre 15,7 et 17 milliards$. Plus d’obésité, de consommations de drogues, de délinquance, d’emprisonnements, entre autres.

Une autre étude a démontré que des citoyens de Québec vivant dans certains quartier défavorisés avaient une espérance de vie réduites de huit ans comparativement à ceux de quartiers mieux nantis.

  •  

Jerry Espada 26 octobre 2020 à 10:18

Nicholas Bloom, professeur d’économie à l’Université Stanford, en Californie, estime que le télétravail est une bombe à retardement en matière d'inégalités.

Pour lui, le télétravail est un avantage précieux. Parce qu’il permet de gagner beaucoup de temps dans une journée (...) de coûter moins cher en transport. Le télétravail à raison de 2 ou 3 jours par semaine est aussi précieux qu’une bonne assurance maladie financée par leur employeur. Et ce qui va arriver après la pandémie, c’est que les mieux nantis bénéficieront du télétravail, mais pas les plus démunis. Cela va donc accroître les inégalités.

https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1743199/emploi-pandemie-productivit...

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Jerry Espada 20 octobre 2020 à 9:39

En France, dans une note publiée le 13 octobre, des économistes constataient que le projet de loi de finance 2021 continue d'avantager les ménages aisés et les entreprises. http://atterres.org/article/budget-2021-une-occasion-manqu%C3%A9e-de-r%C...

Pour des impôt plus justes, Greenpeace réclame une taxation sur le patrimoine des grandes fortunes contribuant aux émissions de CO2.

Concrètement, cette taxe climat grandes fortunes calculerait les émissions de CO2 émises par les placements détenus par les ménages et appliquerait la taxe carbone.

Par exemple, une personne déclarant un patrimoine de 3,5 millions $ émettant 190 tonnes de carbone. Selon le barème d'impôt « classique », elle paierait 23 600$ d’impôt. Avec la version « climatique » ce montant passerait à 36 200$.

https://reporterre.net/Pour-des-impots-plus-justes-Greenpeace-reclame-un...

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Marie-France Bellemare 13 octobre 2020 à 12:07

Fort pertinent de se rappeler ces tristes réalités ... et d'agir!

https://iris-recherche.qc.ca/blogue/la-croissance-intenable-des-inegalites?utm_source=Liste+de+diffusion&utm_campaign=3560398339-INFOLETTRE+du+vendredi_non+membre&utm_medium=email&utm_term=0_831b3c6b78-3560398339-126425817

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