Regards sur la relance, et si on misait sur un "vert juste"

Pour l'économiste français Éric Heyer, les gouvernements devront investir (augmentation de la dette) dans des grands chantiers : réduction des inégalités, transition, formation et insertion professionnelle des jeunes, éducation de la petite enfance, souveraineté médicale et alimentaire... (voir commentaire dans " 2020, la crise du grand confinement ").

Trois économistes québécois donnent leur avis sur cette relance.

Le Canada peut se permettre de dépenser à outrance pour soutenir son économie, mais ce n'est pas le cas de toutes les provinces. Le fédéral devrait soutenir les secteurs de la santé et de l'éducation pour permettre aux provinces de rebondir .

Si certains secteurs ont repris et même dépassé leur rythme d'avant la crise, il faudra attendre 2 à 3 ans pour d'autres secteurs : tourisme, transport aérien, culture et tout ce qui se fait en présentiel. Il va donc y avoir un déséquilibre entre des secteurs qui ont besoin de main-d’œuvre et d’autres qui seront à l'arrêt ou limités. Il faudrait qu’une migration de main-d'oeuvre s'opère en misant sur des formations d'adaptation de la main-doeuvre.

Investir dans une relance verte, durable et inclusive est une très bonne idée. Il faut éviter de partir dans des investissements publics de grands travaux avec plus de béton, de ponts et de routes. Une étude de l'Université d'Oxford et de l’ONU du 11 mars mentionne que seulement 18 % des dépenses de relance des pays riches peuvent être qualifiées de vertes . Ces plans ne vont permettre de résoudre aucune des crises environnementales en cours : le recul de la biodiversité, la pollution et surtout le réchauffement climatique.

"Les blogs de la Banque mondiale " publiait " Stratégies climatiques à long terme : envisager le futur pour prendre les bonnes décisions aujourd'hui ". Si les pays se limitent à des objectifs à court ou moyen terme, la décarbonation de l’économie sera encore plus coûteuse, plus lente et plus difficile. C'est donc aujourd'hui qu'il faut préparer des stratégies climatiques à long terme.

Par exemple, le Costa Rica et Fidji associent les actions en faveur du climat à des plans de développement plus larges de manière à faire coïncider les ambitions de croissance, d'emploi et de réduction de la pauvreté avec les objectifs climatiques du pays. Leur processus d'élaboration réunit toutes les composantes de l’État et les différents pans de la société afin de discuter des objectifs de long terme et des leviers à actionner pour y parvenir. Les résultats de ce processus peuvent ensuite être intégrés à la législation nationale pour cristalliser dans la loi les engagements retenus permettant ainsi aux entreprises et aux ménages de prendre et coordonner leurs propres décisions.

Depuis vingt ans, l' Écosse mise sur les énergies renouvelables (notamment l'éolien en mer) en marge d'un projet nationaliste qui rencontre des divergences d'orientations stratégiques, notamment entre une production privée et publique.

Comme l'Écosse, le Québec, notamment la Côte-Nord (région du golfe Saint-Laurent) a un potentiel éolien en mer (audio) très intéressant. Déjà en 2013, l'économiste en chef du Mouvement Desjardins invitait le Québec à miser sur les filières énergétiques de l'économie verte afin de se départir de la dépendance au pétrole. Mais plus encore, au-delà des énergies renouvelables, la protection du territoire et de ses écosystèmes mérite, elle-aussi, de faire partie de l'équation. Après tout, c'est un tout.

https://www.latribune.ca/covid-19/labc-de-la-relance-economique-84a593ee879116f233b0caf69362fd26?fbclid=IwAR0gE7DoaWO0lBg1CTN29dMr0CgHfR0_PoYDCIWmkqGKoDPtDBr8kJXDRkA


Commentaires importés

Jerry Espada - 24 mars 2021 à 13:54 :
Selon une étude produite par "Vivid Economics et Finance for Biodiversity Initiative", la majorité des plans de relance postpandémique massifs ne parvient toujours pas à soutenir les actions pour lutter contre le changement climatique ou enrayer la perte de biodiversité. Malgré cela, le montant des dépenses vertes continue de progresser lentement.
https://www.economie.gouv.qc.ca/fr/objectifs/informer/vecteurs/vecteurs-...

Jerry Espada - 26 mars 2021 à 13:55 :
Pour l'IRIS, l'environnement est parmi les grands perdants du plan budgétaire québécois 2021-2022 (Antoine Marleau, Bertrand Schepper, Nicolas Viens).
https://iris-recherche.qc.ca/blogue/l-environnement-parmi-les-grands-per...
Ce budget représente une occasion manquée de faire de l’environnement une priorité aux côtés de la santé et de l’éducation dans la relance post-COVID, une approche pourtant nécessaire pour atteindre l’objectif de bâtir une économie résiliente.
Si le Québec s’était donné un cadre pour réduire ses émissions de GES aussi élaboré et contraignant que celui dont il s’est doté par le passé pour revenir à l’équilibre budgétaire, il aurait pu avoir bon espoir de surmonter la crise climatique.

Jerry Espada - 7 avril 2021 à 10:53 :
"Projet de loi C-12 : le Canada doit s’inspirer des meilleures pratiques pour atteindre ses objectifs climatiques".
https://theconversation.com/projet-de-loi-c-12-le-canada-doit-sinspirer-...
Depuis plus de 20 ans, le Canada a systématiquement raté ses objectifs climatiques. C’est le seul pays du G7 où les émissions ont augmenté depuis 2010.
Le projet de loi C12 est une bonne base, mais ne va pas assez loin.
- Il pourrait prévoir une cible dès 2025 ou 2026, et allonger l’annonce des cibles ultérieures de cinq à 12 ans. Le Royaume-Uni, qui est un des pays qui a le mieux réussi à atteindre ses objectifs climatiques, fixe des budgets carbone de cinq ans, 12 ans à l’avance.
- Mettre en place des comité d’experts indépendants pour accompagner les politiques climatiques à long terme.
- Élever le statut du Commissaire à l’environnement et au développement durable pour en faire un haut fonctionnaire indépendant, répondant directement au Parlement.
- ...

Jerry Espada - 27 mai 2021 à 15:00 :
"Les temps de l’abondance pétrolière sont derrière nous" : c’est le message principal du rapport publié jeudi 27 mai par le cabinet d’études The Shift Project. https://theshiftproject.org/article/nouveau-rapport-approvisionnement-pe...
L'Europe aura des problèmes d'approvisionnement en pétrole dès 2030. Les seize pays pétroliers fournisseurs de l’Union européenne vont connaître un déclin de leur production de 10 à 20 % dans la décennie 2030.
D’une part, la taille des champs découverts et mis en exploitation n’a cessé de décroître; d’autre part, le délai entre la découverte d’un nouveau champ et sa mise en production s’allonge toujours plus. Les seize pays étudiés connaissent un déclin tendanciel de leurs découvertes.
Pour que la contraction de l’approvisionnement ne se transforme pas en crise, il faudra que la demande ait décru au moins aussi rapidement.
https://reporterre.net/L-Europe-a-dix-ans-pour-se-preparer-au-pic-de-pet...
Les fournisseurs de l’Europe sont la Russie (30 % de l’approvisionnement total en pétrole brut en 2018), l’Irak (8,7 %), l’Arabie saoudite (7,4 %), la Norvège (7,2 %), le Kazakhstan, le Nigeria, la Libye, l’Azerbaïdjan, l’Iran, le Royaume-Uni, les États-Unis, le Mexique, l’Algérie, l’Angola, le Koweït et l’Égypte.

Auteur·trice(s) de note

forumContacter l’auteur·trice

Communauté liée

COVID-19... et après ?

Communauté Passerelles

Profil En commun

forumDiscuter de la note

Publication

15 mars 2021

Modification

18 avril 2023 15:50

Historique des modifications

Licence

Attention : une partie ou l’ensemble de ce contenu pourrait ne pas être la propriété de la, du ou des auteur·trices de la note. Au besoin, informez-vous sur les conditions de réutilisation.

Visibilité

lock_open public