L'avenir sera fait par ceux qui sont plus militants...

Alors que nous attendons tous les résultats des élections de notre voisin américain, je tombe aujourd'hui sur cette citation derrière le Cegep du Vieux-Montréal. Elle est, je l'apprends, de Guy Rocher, un sociologue qui a défendu l'État providence et la loi 101 au Québec. Hier, Dominic Champagne et Laure Waridel ont tiré un bilan de leur initiative de Pacte pour la transition . Après deux ans, 286443 signatures soit, sur les 8 574 571 personnes que compterait le Québec en 2020, autour de 3,3% de la population totale.

Sur la page Facebook animée par Solon Multiplions les possibles de Transition , on trouve cette mention : "On est le changement ! Ça prendrait 3,5 % de motivé-e-s dans une société pour apporter un changement." Ce taux de 3,5% viendrait de d'Erica Chenoweth et Maria Stephan et de leur livre « Why civil resistance works" : Si on en croit le Pacte, on y serait presque alors...

On trouve chez le philosophe et écologue Dominique Bourg un raisonnement semblable en 2019 : "L’écologie exige un citoyen conscient et réflexif. Si vous n’êtes pas convaincu vous ne changerez pas. Changer le monde réel autour de nous pour faire que la partie des gens qui commencent à comprendre atteigne 5-6% et soient suffisamment importants pour atteindre 20-25%, et là oui, on peut espérer changer la société par mimétisme"...  On a une autre idée ici : influence, empowerment... pour le meilleur et aussi le pire quand on considère le cas de Trump aux USA. Mais l'idée qu'on n'a pas à convaincre tout le monde pour arriver à opérer des bascules politiques, m'a beaucoup rassurée de mon côté.

Dominique Bourg dit aussi dans ce même entretien : "On est tous obligés de devenir intelligents et de s’informer efficacement car l’information utile est difficilement accessible. On est tous très fragiles et nous avons besoin de veiller les uns sur les autres.On peut se laisser aller à aller contre ses intérêts et se laisser envahir par la haine."...

Ça ne suffira pas d'être conscients et innovants dans les mois et les années à venir, il faudra, je m'en rends compte davantage maintenant, apprendre à être plus influents, apprendre à collaborer beaucoup plus et surtout, plus que jamais, se serrer les coudes pour arriver à affronter ce qui nous attend. L'existence de Passerelles va dans ce sens et me réconforte personnellement beaucoup dans notre capacité à y arriver au Québec.

Ce qui me réconforte aussi côté bibliothèques : une étude française qui montre que le personnel des bibliothèque est globalement plus engagé que la moyenne des gens. Leslie Martin (2015) estime que la proportion de professionnel(le)s engagé(e)s dans des partis politiques ou des associations liées aux questions de société est de 40%. (Martin, L. (2015). V aleurs professionnelles et cultures politiques des bibliothécaires en France : continuités ou ruptures générationnelles ? Mémoire DCB, Villeurbanne : Enssib. p. 24.). Celà dit les bibliothécaires se retranchent bien trop souvent derrière le devoir de neutralité pour ne rien faire ce que plusieurs spécialistes en bibliothéconomie contestent avec virulence, preuves à l'appui. Tout un article serait à écrire sur le sujet pour lever une fois pour toutes ces inhibitions qui ne sont décidément plus de saison.

La question de la conscientisation et du passage à l'action  a été abordée dans le très intéressant colloque du CRITS : Bâtir l'Après pour affronter la crise climatique : entre transition, résilience et résistance . (12-14 novembre 2020)

J'en retire, grâce à l'intervention de Jonathan Durand Folco, au moins un approfondissement : " Une très bonne partie de la population est sans doute déjà consciente de la crise écologique et que notre mode de vie est insoutenable. Or, cette prise de conscience inégale, mais diffuse quand même, n’amène pas à l’action pour une bonne partie de la population. Le problème n’est donc pas la manque de conscience, mais le passage de la conscience à la pratique, du constat aux actions collectives pour changer les choses. Il doit y avoir un sentiment d’impuissance partagé, l’idée qu’on ne peut agir et faire une différence, et c’est davantage au niveau du sentiment de pouvoir agir (empowerment), la motivation et l’action collective qu’on doit stimuler pour accélérer le changement social."

J'en retiens aussi un point important de vigilance : "il faut faire attention à l'utilisation du mot !Urgence! qui fait que les sociétés dominantes font fi des communautés opprimées, en particulier des peuples autochtones". Savoir prendre le temps de comprendre jusqu'au bout pour tenir compte de l'indispensable équité.

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Réflexions d'une bibliothécaire qui veut en faire plus pour la transition
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Intégré par Pascale Félizat, le 15 mai 2023 16:17

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6 novembre 2020

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17 février 2023 09:12

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