Question d'expérimentation n°2 : Comment partager le pouvoir courageusement ?

Cette note est issue d'une production collective dans le cadre du laboratoire entrACTE

Quand on pratique l’innovation territoriale, on vise en général à inclure et à faire participer les personnes concernées par nos démarches. Malgré ça, des dynamiques de pouvoir sont présentes dans nos milieux et dans nos processus. Dans nos travaux jusqu’à maintenant, on a identifié quelques pistes pour incarner avec courage le pouvoir partagé et pour agir vraiment ensemble.

CONTEXTE ET DÉFIS

Diverses situations de départ amènent à l’observation du partage du pouvoir. Dans nos journaux, on se demande le plus souvent si, au fond, on partage vraiment le pouvoir.

Effets observés

Quand on sent un décalage entre ce qu’on dit qu’on fait (« On partage le pouvoir! ») et ce qu’on fait vaiment (on ne coconstruit pas entre partenaires ou avec les destinataires de nos actions), on peut vivre du stress, de l’irritation, de la frustration, du découragement et/ou de la déception.De plus, lorsqu'on sent qu’on a moins de pouvoir que d’autres, on peut progressivement diminuer son expression et se désengager. Dans un groupe, on observe parfois un écart qui s'installe (et qui peut s’agrandir!) entre les personnes qui ont plus ou moins de pouvoir.Voici quelques observations :

  1. Les personnes qui ont plus de pouvoir : elles vont s’exprimer plus et s’impliquer davantage dans les processus décisionnels. Ceci dit, elles peuvent vivre de la culpabilité ou une charge mentale grandissante associée au fait de prendre des décisions (pour le groupe ou pour les autres). On constate qu'elles vont parfois prendre des décisions sans se sentir pleinement légitimes et/ou éprouver la peur de prendre trop de place.
  2. Les personnes qui ont moins de pouvoir : elles vont se distancier progressivement du processus, du groupe ou des deux.

Selon certains journaux d'observation, quand on s’ouvre davantage au partage du pouvoir, on développe une compréhension plus fine des besoins et des réalités. De plus, on offre plus de place à tout le monde et les solutions auxquelles on arrive présentent un plus grand potentiel de répondre aux besoins des parties prenantes concernées.

Possibilités limitées

Si on revient à cet écart qui s'installe entre les personnes qui ont plus ou moins de pouvoir, on remarque que le groupe se prive de l’expression d’une partie de l’ensemble. En n’accédant pas à toutes les idées, à toutes les réflexions, à toutes les opinions et à tous les apprentissages, on peut faire l’hypothèse que le processus d’innovation territoriale est affecté.De plus, on peut difficilement faire fi de l'influence ou du pouvoir que portent certains rôles professionnels ou qui vient avec le rôle de bailleurs des fonds. Dans nos démarches, il semble qu'on le nomme peu ou pas suffisamment! Ce rôle particulier vient avec une influence parfois importante quant à l’orientation d’une démarche ou d’un projet. Que veut-on faire en lien avec cela ?Et plus largement, comment agir courageusement pour modifier les dynamiques de pouvoir qui sont présentes dans nos milieux et dans nos processus? Comment partager le pouvoir courageusement ?

PISTES IDENTIFIÉES

Pour le groupe, le pouvoir est une danse continuelle (« C’est toujours en mouvement! »). Il importe donc de voir comment on souhaite accorder son pas au reste du groupe et de prendre un moment, en cours de processus, pour se (re)questionner à ce sujet.4 pistes principales ont été identifiées jusqu’à maintenant :

  1. L'inclusion dès le départ : accepter de se laisser guider par le groupe pour que des nouvelles pistes qui suscitent plus d’adhésion puissent émerger et faire preuve d’ouverture et de réceptivité face aux idées des autres.
  2. La connexion : prendre le temps de créer l’espace de confiance, faire preuve de curiosité, mieux connaître celles et ceux avec qui on partage le pouvoir, offrir de la reconnaissance pour les contributions individuelles et collectives, avoir des conversations difficiles et mettre en place des conditions favorables pour le partage du pouvoir et/ou de l’information, dépasser les « recettes » et les méthodes qui visent à inclure et à faire participer et qui peuvent aussi créer de la distance avec les gens.
  3. L’explicitation du partage du pouvoir : définir ensemble la confiance, le leadership et le partage du pouvoir, se demander qui souhaite prendre part aux décisions, laisser la place à tout le monde pour s’exprimer et clarifier comment partager le pouvoir, comment les décisions seront prises, avec qui, dans quelles situations, informer et outiller adéquatement les personnes concernées par la prise de décision.
  4. Le leadership individuel : on peut tenter de définir pour soi la confiance, le leadership et le partage du pouvoir, se demander quel type de pouvoir on souhaite avoir, de quelles façons on peut exercer un leadership complémentaire avec les autres, clarifier les contributions qu’on se sent en mesure d’apporter, identifier ses inconforts, ses limites et ses freins et/ou investiguer ses propres besoins et tenter d’y répondre.

À partir de là, on se demande quelles sont les premières actions qu'on souhaite prendre pour que puissent se présenter de nouvelles dynamiques dans nos démarches?

MISE EN ACTION

À partir de là, on se demande quelles sont les premières actions que l'on souhaite prendre pour accorder plus d'attention à l'intangible dans nos démarches ?

À quoi pourrait ressembler la mise en action dans nos milieux de pratique ? Quelles petit pas concret pouvons-nous poser dans cette direction ? 

Nous invitons les membres du Lab à contribuer à ce carnet, à travers plusieurs possibilités :

  • Référencer des ressources existantes, utiles pour l’action (outils, guides pratiques, exemples, étude de cas)
  • Créer des nouvelles ressources spécialement adaptées pour votre milieu (« traduire », adapter ou décliner certains contenus ou pistes dans un langage et un format plus adapté à votre milieu de pratique)
  • Créer des notes de pratique : partage d’un vécu ou d’une perspective personnelle, documentation d’une expérimentation menée dans votre milieu

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Intégré par Claudia Loutfi, le 29 janvier 2024 09:28

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Publication

19 septembre 2023

Modification

3 juillet 2024 16:16

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Pour citer cette note

Marie Michèle Lemay, Claudia Loutfi, Yann Pezzini. (2023). Question d'expérimentation n°2 : Comment partager le pouvoir courageusement ?. Praxis (consulté le 17 juillet 2024), https://praxis.encommun.io/n/iUN7PVXsjGtQf4JvOAVOfxXlWI4/.

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