L’agrotourisme est une activité économique importante pour bon nombre de fermes et de régions rurales. En comparant les différentes régions et pays, il est possible de constater une disparité dans ce qui est considéré comme de l’agrotourisme. Les définitions varient parfois au sein d’une même région. Dans cet article, les auteurs se sont intéressés aux cas de deux régions américaines pour mettre en perspective les activités considérées ou non comme agrotouristiques et celles associées aux ventes directes, afin de souligner les limites qu’occasionne ce flou.
Si les chercheurs s’entendent généralement sur le fait que l’agrotourisme comprend des activités d’accueil liées à l’agriculture, le département de l’agriculture des États-Unis (l’USDA) sépare les « services d'agrotourisme et de loisirs » des « ventes directes », ce qui ne reflète pas la réalité de nombreuses exploitations. Pour comprendre, une ferme accueillant des évènements, par exemple des mariages, sans valoriser les produits de la ferme sera considérée comme agrotouristique, alors qu’une autre proposant de l’autocueillette sera considérée comme pratiquant de la vente directe. Pour les auteurs, la manière dont les données de ce recensement sont collectées et présentées peut conduire à des interprétations erronées, en masquant la relation qu’il devrait y avoir entre l'agrotourisme et les ventes directes. Ainsi, les données du recensement américain identifient le Texas, comme un haut lieu de l'agrotourisme, en raison de la prédominance de la chasse à des fins commerciales, activité considérée comme agrotouristique, même si les contacts avec les producteurs et les liens avec les activités agricoles y soient minimes, voire absents. A contrario, les fermes du Vermont qui offrent un accueil axé sur la vente de produits locaux ne sont pas recensées comme agrotouristiques. La cueillette de pommes et les visites de fermes dont l’entrée n’est pas payante ne sont pas considérées comme des activités agrotouristiques puisque les revenus des producteurs proviennent des ventes de produits et non de l’offre de service. L'étude souligne l'importance de reconnaître et de valoriser la relation mutuelle qui existe entre l'agrotourisme et les ventes directes pour être en mesure de bien évaluer leurs retombées sur le développement des communautés rurales. Les auteurs plaident donc pour une définition plus cohérente de l'agrotourisme, englobant des catégories telles que les activités d'éducation, les ventes directes, l'hébergement, les loisirs et autres activités de divertissement.
Les enseignements
Cet article illustre un phénomène bien présent au Québec. Dans le souci de préserver le territoire et les activités agricoles, certains craignent le développement d’activités d’accueil qui n’auraient plus de relation directe avec l’agriculture et viendraient donc détourner l’esprit de ce que devrait être l’agrotourisme. Tout récemment, l’affaire Pelchat a bien mis en lumière le flou qui existe autour de l’agrotourisme et les débats que cela peut engendrer. L’absence d’un consensus sur la définition peut entraîner des conséquences importantes pour la reconnaissance du potentiel agrotouristique d’une région et venir y limiter l’élaboration de politiques de soutien favorables à ce type d’activités économiques.
pdf N°36, fiche n°5 – décembre 2024 – janvier 2025
Rédaction : Marilou Ethier, Patrick Mundler
Ce bulletin vous est offert avec le soutien du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ)