Climat: Aujourd'hui, tout n'est plus possible

Ce billet s’inscrit dans les rencontres Sans Transition et présente les messages portés par le climatologue Hervé Le Treut .

À l’été 2021, sortait le 6e rapport du GIEC. Si pour certains ce rapport ne fait que nous répéter encore et toujours la même chose, pour Hervé, la situation a changé. La crise climatique n’est plus du tout la même qu’il y a vingt ans. Les émissions de gaz à effet de serre (GES) qui se sont déjà accumulées dans l’atmosphère nous ont engagés dans des changements irréversibles.

Pour le climatologue, il est plus qu’urgent d’agir, et ce, non plus pour éviter les bouleversements, mais pour limiter les dégâts. Chaque dixième de degré fera une énorme différence dans la capacité d’adaptation du vivant.

Ampleur des émissions

Pour Hervé, l’ampleur des chiffres actuels est difficile à appréhender. On nous présente souvent des graphes qui montrent la courbe croissante des émissions de GES. Alors que les émissions affichées semblent représenter un cumul… ce n’est pas le cas. Il s’agit des émissions qui sont émises annuellement. Ce qui signifie que pour atteindre la carboneutralité, il ne faut rien de moins que de ramener cette courbe à 0 !

Pour avoir une meilleure idée de ce que cela signifie, je suis allée chercher un graphique pour vérifier quel avait été l’impact de la COVID-19 sur nos émissions en 2020.  En effet, l’année 2020 est une année exceptionnelle où l’économie mondiale a été ralentie comme jamais. Où plusieurs d’entre-nous avons réduit de façon drastique nos déplacements, nos achats. Où plusieurs usines ont dû cesser leurs opérations par manque de personnels, consignes sanitaires ou bris dans les chaînes d’approvisionnement.

L’économie mise sur pause pour contrer la COVID-19 doit nous avoir permis de réduire considérablement nos émissions, non? Je vous laisse le découvrir ici .

Comme on peut le constater, on est loin de la carboneutralité que nous devons atteindre d’ici 2050. Cela nous donne une idée de l’ampleur des transformations requises.

Échelle mondiale

Ensuite, Hervé explique qu’une autre grande difficulté liée aux émissions est le fait qu’il s’agit d’un problème à l’échelle mondiale. En effet, les GES qui se trouvent actuellement au-dessus de nos têtes proviennent de pays situés partout dans le monde (Chine, USA, Europe, etc.). D’où l’importance d’une solidarité internationale.

Finalement, il explique que l’on assiste depuis 10 ans à une accélération des changements climatiques: tout se bouscule et va de plus en plus vite. Cette situation a plusieurs conséquences, dont une importante: nos expériences passées ne sont plus garantes du futur.

Nous entrons dans une ère où nous serons de plus en plus confrontés à des phénomènes et à des basculements que nous n’avons jamais connus et auxquels nous devrons nous adapter de plus en plus rapidement.


Inaction des politiciens

Deux rapports produits par des experts du climat mettent en évidence que la prise de décision des décideurs demeure complètement sourde et aveugle aux messages des scientifiques. La raison? Décideurs et scientifiques ne parlent pas le même langage. Les décideurs raisonnent en termes économiques.

Par conséquent, seules les solutions générant des possibilités de croissance sont envisagées par les décideurs. Or, c’est justement cette croissance et cette course à la production qui nous ont menés à l’apocalypse que l’on rencontre aujourd’hui.

Même si les constats sont difficiles à écouter et à accepter, Hervé nous invite à passer à l’action dès maintenant. Pour ce faire, il nous propose quelques pistes.

Piste d’actions à l’échelle régionale

Pour le climatologue, l’échelle régionale représente notre meilleure espace d’action, car à cette échelle nous n’avons d’autres choix que d’arbitrer les choses et de s’adapter aux changements en cours et à venir.

À l’heure actuelle, nous manquons cruellement d’études et de suivi quant à l’évolution des environnements régionaux. Il nous invite donc à aller à la rencontre des habitant.e.s dans les villes et les villages et d’écouter leur réalité, leurs défis, leurs besoins, leurs idées.

Ensuite, il nous rappelle qu’on peut anticiper une partie des bouleversements qui vont survenir dans les 20 prochaines années (augmentation du niveau de la mer, des pluies diluviennes, des périodes de canicule, etc.). Il nous invite donc à profiter de cette capacité d’anticipation pour dès maintenant s’adapter à ces changements. Il considère également primordial de miser sur l’éducation pour permettre aux gens de s’approprier ces enjeux.

Finalement, il nous rappelle l’importance de mettre en place des processus d’adaptation démocratiques et solidaires. Encore une fois, c’est en impliquant les personnes les plus vulnérables et les plus impactées par les changements en cours et à venir que nous nous assurerons de mettre en place des solutions qui tiennent compte de leurs besoins et réalités.

Crédit photo: Jean-Luc Bertini pour « Terra eco »

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Métamorphose socioécologique - Enjeux, leviers et stratégies
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Intégré par Équipe En commun, le 28 mars 2023 14:57
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Bouleversement et urgence climatique, Réfléchir

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Publication

8 novembre 2021

Modification

24 août 2023 11:35

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