Module 2: L'accaparement des terres

Deux membres de l’OVSS suivent la formation du Synergia Institute: commonwealth coopératif et changements systémiques. Chaque mois, nous vous partageons quelques points saillants du module que nous venons de suivre.

Le module deux concerne la gestion des terres et des ressources dans la perspective de leur mise en commun. On nous rappelle que l’usage de la terre est lié à la diversité biologique, à la santé des sols, à la qualité des aliments et de l’eau, et  à la capacité à absorber des gaz à effet de serre. Pour bien des communautés, posséder la terre facilite l’accès à du logement et à du travail. Elle facilite aussi la restauration des zones détruites, l’adaptation climatique et ouvre la voie à une certaine sécurité alimentaire.

Tristement, un vaste mouvement d’accaparement des terres est en cours. Il s’agit d’un phénomène de spoliation par lequel des entreprises et des individus fortunés confisquent la terre aux gens qui l'utilisaient auparavant. Elle a débuté avec les enclosures en Europe et la colonisation dans le reste du monde. Partout sur la planète, elle s’accélère actuellement à travers l’achat, la location de longue durée et l'expropriation de masse suivant la logique coloniale à travers des accords transnationaux qui favorisent les nantis et violent régulièrement les droits des populations locales. Ces accaparements aggravent sévèrement la précarité des communautés qui dépendent de ces terres. Différentes raisons président à cette accélération: spéculation financière dans le but de réaliser un profit futur, établissement de réserves écologiques pour de la compensation d’émission de gaz à effet de serre en expulsant des peuples autochtones qui les ont préservés pendant des millénaires, monoculture de plantes à des fins multiples (emballage, nourriture pour animaux et humains, biocarburants) qui élimine les agricultures paysannes antérieures et épuise et pollue les réserves d’eau en raison des pesticides utilisés dans leur culture, sans parler de l'érosion des sols qu'elle produit.

Pour contrer l’accaparement des terres et renforcer la résilience et le pouvoir des collectivités à assurer des conditions de vie juste à leur population, le module met de l’avant l'outil de la fiducie foncière utilisé partout dans le monde, et notamment au Québec. Cette forme de propriété collective redonne aux collectivités, à travers une structure démocratique, le contrôle sur leur devenir. Il est intéressant de remarquer la cohérence avec le défi territoire de Chemins de transition. En effet, parmi les 70 actions identifiées par cette initiative pour réaliser une transition à l’échelle de nos territoires, 18 concernent directement la collaboration et le partage. En effet, les lieux partagés enrichissent les communautés : agriculture citoyenne de proximité, cuisines collectives, lieux de rencontres interculturels et intergénérationnels, démocratie locale, etc. La fiducie foncière permet également d’empêcher la revente de ces terres en assurant qu’elles bénéficient dans le temps des collectivités qui l’animent, en prennent soin et en profitent. D’ailleurs, Chemin de transition rappelle qu’au fond de ces réflexions réside la question d’un changement systémique. En effet, peut-on réaliser la transition sociale et écologique sans sortir du primat de la propriété privée individuelle ? (p.94)

Le module se conclut en rappelant que la propriété collective et les communs peuvent également s’étendre à d’autres domaines: banque de graines patrimoniales, savoirs traditionnels autochtones, matériel génétique humain, bandes de transmission par micro-ondes, récifs de corail océanique, bassins versants et même l’atmosphère. Quotidiennement, partout dans le monde, des gens luttent pour éviter que ces domaines soient privatisés tout comme leurs services et les profits associés, ou pour les retirer des mains du privé afin de les restituer aux communautés. Que pourrait gagner le mouvement du développement des communautés à joindre ce mouvement, pour le bénéfice de nos collectivités?