Le 21 février 2024, l'Espace quartiers de Transition en Commun, conviait citoyen·nes et organismes à la Cité-des-Hospitalières pour sa 3e grande rencontre autour du thème « Les dialogues de quartier pour la transition écologique. »
Dans le but de faire rayonner les savoirs et expériences partagés lors de l’événement, les participant·es ont été invité·es à répondre à un questionnaire.
Le questionnaire qui suit a été rempli par les représentant·es de l'organisme Action-Gardien à propos de l'Opération populaire d'aménagement (OPA) pour le secteur Bridge-Bonaventure.
Quel message clé souhaitez-vous que les gens retiennent de votre initiative ?
Il faut impliquer la communauté dans le développement des quartiers. Les orientations et les choix des décideur·es doivent exprimer les besoins locaux, tant sur le plan social que sur le plan environnemental.
Quels sous-messages importants voulez-vous transmettre aux gens ?
- Une opération populaire d’aménagement (OPA) permet à la communauté de s’approprier le développement de son quartier. L'opération a été menée à trois reprises au cours des 20 dernières années à Pointe-Saint-Charles, notamment en 2019 sur le secteur Bridge-Bonaventure.
- Nous lançons l'appel suivant aux citoyen·nes : « Créez votre place, ralliez-vous, démontrez vos besoins, exprimez-vous, maintenez la pression. »
- Nous posons la question suivante: « Pour qui est la transition socio-écologique ? »
Quels sont, selon vous, les facteurs de succès de votre initiative ?
- Il est nécessaire de cultiver les capacités de convergence, de concertation et d’influence au sein du quartier pour réussir à rallier les forces citoyennes et communautaires autour de besoins et problèmes communs préexistants ou émergents. Parmi ceux-ci, il y a la gentrification, le manque de logements sortis de la spéculation, la circulation motorisée étouffante, le manque d'accès aux cours d'eau et l'absence de plusieurs infrastructures (par exemple: absence d’une école secondaire de proximité, d'une piscine extérieure locale, etc.).
- Il est important de développer l'habilité à démontrer l’inadéquation entre les intentions des autorités publiques (ex: stade de baseball) et les besoins locaux réels (par exemple : logements sociaux).
- Il est nécessaire de développer des propositions concrètes et élaborées avec l’aide de personnes expertes dans différents domaines (urbanisme, architecture, logement, etc.) Par exemple, il serait intéressant de faire appel au Service aux collectivités de l'Université du Québec à Montréal (UQAM).
- Il est important que les acteur·rices du changement participent à toutes les instances disponibles (consultations publiques, comités de concertation, rencontres bilatérales, etc.).
- Il faut ancrer la mobilisation actuelle dans les luttes et les victoires passées (par exemple : lutte contre le Casino de Montréal, utilisation du mécanisme OPA mené à deux reprises avant celui sur Bridge-Bonaventure), afin de l'actualiser dans le cadre d'enjeux actuels (par exemple : stade de baseball, crise du logement, crise écologique).
Quels sont vos défis ?
- Le pouvoir de l'argent : Le pouvoir de l’argent face pèse lourd face aux enjeux de mobilisation communautaire et représente un véritable combat de David contre Goliath. Il peut facilement transformer les intérêts et les intentions des autorités publiques, dont l’appui, au moins tacite, nous est nécessaire pour avancer. De plus, l’opinion publique et les médias contribuent beaucoup à orienter les luttes et les positionnements.
- Temps et énergie : Un autre défi est le temps et l'énergie nécessaire à la mobilisation. Il faut garder la mobilisation vivante et pertinente à travers le temps de façon à maintenir la pression malgré les changements économiques et politiques (par exemple : aller chercher l’appui massif des gens du quartier, en fonction des besoins exprimés par l’OPA).
- Amour-propre et solidarité : Il est nécessaire de défendre les besoins locaux sans exclure des besoins plus larges, soit régionaux ou nationaux (par exemple : Quartier des artisans), tout en paraissant pragmatique et réaliste. Autrement dit, on ne se bat pas pour des principes, mais plutôt pour la qualité de vie du plus grand nombre.
Quelles ressources recommandez-vous pour aller plus loin ?
- Notre site web
- Notre mémoire aux consultations publiques de 2019
- Notre mémoire aux consultations publiques de 2023
- La version résumée de notre mémoire aux consultations publiques de 2023
- Notre projet collectif, issu de l’OPA de 2019, tel que mis à jour en 2023
Si vous pouviez formuler une revendication en matière de transition socio-écologique pour votre quartier, quelle serait-elle ?
Nous voulons proposer une planification en amont contre l’éco-gentrification. Il est impératif de prévoir en amont du redéveloppement urbain des leviers contre la gentrification et la spéculation immobilière, qui sont rendues propices par certains changements liés à la transition socio-écologique (par exemple : verdissement, accès à l’eau, mobilité active, phase de requalification d’un secteur, etc.).
Premièrement, une telle planification inclut en priorité le développement de logements sortis du marché spéculatif, notamment en maintenant l’ensemble des terrains publics, s’il y en a, pour des usages collectifs.
Ensuite, la planification urbaine basée sur un modèle contre l’éco-gentrification doit également inclure des espaces pour tous les équipements collectifs nécessaires dans la région. Cela inclut notamment des écoles, des bâtiments communautaires, des parcs et des lieux pour les sports et loisirs, des espaces de santé, des espaces suffisants pour la mobilité active, etc.
Puis, le maintien des emplois issus des usages industriels légers, artisanaux et agro-alimentaires doit également faire partie de l’équation. Bref, les quartiers « mixtes et complets », dans le cadre de la transition socio-écologique, ne doivent pas être une façon d’expulser les personnes qui y vivaient avant que le nouveau secteur ne gagne en « capital symbolique ».
Transition en commun!