Cette note présente le compte-rendu et les apprentissages du bloc thématique sur les enjeux nourriciers, du Forum international des ASP - Les défis d'une nouvelle ruralité

Enregistrement du Bloc 2

Présentation Mario HandfieldUniversité du Québec à Rimouski

Suivi des interventions de :

Résumé de la conférence

Mario Handfield, professeur au département des sociétés, territoires et développement de l'UQAR, nous propose différentes réflexions émergeant des besoins nourriciers, mais aussi sur l’implantation d’un système alimentaire territorialisés (SAT) chez les populations issues de milieux ruraux éloignés des grands centres urbains comme le Bas-Saint-Laurent.

Sa conférence permet donc de réfléchir, par le biais de deux principales initiatives, les possibilités et les limites (la relève, la territorialité et la concertation) qui peuvent empêcher la mise en place d’un SAT pérenne. Tel qu’il nous le décrit rapidement, un SAT encourage la concertation et la mise en commun d’objectifs qui ont pour finalité la sécurité alimentaire, la justice alimentaire, la santé publique, mais aussi la valorisation de produits locaux et les habitudes de consommation durable autant à l’échelle régionale que locale.

Résumé des interventions

Dans le même ordre d’idée que Mario Handfield, Caroline Saucier et Olivier Brière rebondissent sur les enjeux liés au développement d’un système alimentaire territorialisé en Estrie et en Abitibi : deux territoires différents, mais vivant des enjeux semblables (appropriation des terres, relève agricole, éloignement urbain, logement abordable et sécurité alimentaire).

Chacun leur tour, ils présentent les spécificités de leurs territoires, les initiatives en agroalimentaire et soulignent l’importance du secteur communautaire pour l’amélioration de la santé publique. Dans le but d’améliorer la dynamique régionale, les conférenciers démontrent l’intérêt de mutualiser les ressources, mais aussi d’améliorer les outils et programmes éducatifs pour viser une alimentation saine. Ils mettent d’ailleurs l’accent sur la concertation et la collaboration des différents comités de travail, mais aussi l’importance d’intégrer différents acteurs politiques qui sont actuellement absents de ces groupes de travail comme des représentants du MAPAQ. L’implication et la mobilisation de différents acteurs permettent de développer un climat de confiance.

Période de discussion

Question posée aux groupes pour lancer la discussion sur chacun des sites :

❓ Comment peut-on contribuer au développement de communautés nourricières sur nos territoires?

UQAR :

Au niveau de la production agricole :

  • Mettre en relation les différents types d’entreprises et d’agriculteurs ;
  • Soutenir les agriculteurs et leur enlever la responsabilité unique de devoir nourrir leurs populations ;
  • Offrir des compensations financières lors de l’implication des agriculteurs à des séances de concertation ;
  • Offrir un certain revenu de base garanti ;
  • Aider les agriculteurs non-propriétaires ou à faible revenu à avoir accès à plus de subventions.
  • Éducation et sensibilisation : offrir de la documentation pour encourager les gens à s’intéresser, se sensibiliser, comprendre et se mobiliser en décrivant des solutions aux problèmes rencontrés, chiffrer les résultats, intégrer des programmes dans les écoles, etc.
  • Communautés nourricières : déterminer les territoires en faveur du développement des communautés nourricières, l’échelle appropriée et les objectifs des communautés. Nommer des porte-parole pour chacune des régions impliquées, identifier les ressources financières et les outils disponibles, rencontrer les praticiens pour mieux comprendre leurs besoins.

UQAT :

  • Éducation et mobilisation : Encourager la participation du plus grand nombre d’acteurs possible.
  • Communauté nourricière :
    • Revoir la division voire les limites géographiques imposées par un PDCN pour favoriser l’effort en tant que MRC plutôt qu’en tant que municipalité.
    • Encourager, faciliter la communication et la mise en commun entre les différents maillons du système alimentaire : recul en termes de concertation à cause des tables de concertations devenues trop sectorielles (lutter contre l’individualisme).
    • Responsabiliser la municipalité dans l’achat et la distribution des produits alimentaires pour réduire le risque financier auprès des agriculteurs.
    • Promouvoir et encourager les modèles alternatifs comme les coopératives ou coopératives solidaires.
  • Système alimentaire : Revoir la distribution des tâches : laisser aux agriculteurs le soin de produire, développer une ressource mutualisée ou commune pour s’occuper de distribuer les ressources (exemple : un même kiosque pour tous).
  • Droit à l’alimentation : L’alimentation devrait être gérée par le gouvernement, au même titre que l’éducation et la santé.

UQAC :

  • Au niveau de la production agricole : les agriculteurs ont de la difficulté à s’impliquer due à leur temps limité.
  • Éducation et sensibilisation : expliquer les limites actuelles des systèmes alternatifs (exemple : les jardins et forêts nourricières ne peuvent répondre à l’ensemble des besoins des populations locales) et les limites du système conventionnel ; mettre en place des collaborations entre les différents acteurs (maraîchers, écoles, université, etc.) ; développer des espaces de rencontres et de distribution entre les organismes et citoyens.
  • Communautés nourricières : valoriser la coordination et la concertation entre les différents acteurs du système alimentaire pour faciliter l’innovation et la résolution de problèmes ; encourager la coopération entre des acteurs et instances issus de différentes échelles politiques (municipalités, gouvernement, etc.) ; revisiter nos rapports individuels par rapport à l’agriculture ; repenser et financer certains modes d’agricultures plus durables pour faciliter l’accès à tous (ex. : agriculture urbaine), rendre la responsabilité de la sécurité alimentaire et de la production alimentaire à l’État ; encourager la mutualisation de services, d’installations et d’appellations protégées.
  • Droit à l’alimentation : droit fondamental, sécurité alimentaire pour tous incluant pour les agriculteurs, promouvoir une saine alimentation, accessibilité économique et physique des produits.
  • Usage des terres : revoir les terres laissées en friche, leurs qualités et utilisations. 
  • Système alimentaire :
    • Approvisionnement et distribution : épiceries et coopératives ont du mal à être et rester viables, trouver des solutions pour favoriser l’accès à du financement.
    • Voir l’alimentation comme un bien commun, la production comme un service (rôle social) / tenter de se détacher du système dominant et de la production agricole comme de l’entrepreneuriat. 

Le Camillois :

  • Éducation et sensibilisation : encourager les saines habitudes alimentaires, encourager des moments où les collectivités peuvent se rencontrer et échanger autour de l’alimentation, conscientisation du leadership individuel et collectif.
  • Communautés nourricières :
    • L’importance de la responsabilité collective dans la démarche de projet nourricier en ajustant constamment la structure politique aux besoins et aux ressources disponibles en interpellant les municipalités, la MRC et le gouvernement dans le développement des SAT.
    • Repenser les financements pour les agriculteurs : assurer la disponibilité de la main-d’œuvre. Valoriser l’implication des agriculteurs puisqu’ils sont grandement sollicités (responsabilité supplémentaire envers les producteurs).
  • Usage des terres : limiter l’acquisition de terre par des spéculateurs, protéger le patrimoine bâti tout comme le patrimoine agricole. Créer une entreprise sur la terre et la rendre disponible : la sortir de la spéculation. La terre peut aussi servir à financer d’autres projets, ou encore être rendue disponible pour les expérimentations.
  • Système alimentaire :
    • Transformation : absence d’abattoirs et difficulté d’en trouver, abattoirs mobiles (mutualisation).
    • Approvisionnement et distribution : difficulté pour de petits restaurants ou pour les centres de distribution, du fait de la distance, à avoir accès à des produits locaux, frais et biologiques, à faibles coûts. Le piège du local : distance et frais plus élevés, difficulté d’accès à des produits dont l’offre est stable (petites entreprises ferment entre 1 à 3 années après leurs ouvertures).

Prise de notes : Isabelle Lasserre, Nicolas Beaulieu-Perrier, Pascale Charlebois, Diallo Bocar Harouna

Rédaction : Isabelle Lasserre

Photos : Sylvain Laroche

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Intégré par Marie-Ève Lavoie, le 24 mai 2024 16:57

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Publication

24 mai 2024

Modification

25 juin 2024 15:23

Historique des modifications

Visibilité

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Pour citer cette note

Olivier Brière, Christine Champagne, Mélanie Doyon, Caroline Dufresne, Isabelle Lasserre, Marie-Ève Lavoie. (2024). Bloc 2 : Les enjeux nourriciers. Praxis (consulté le 12 octobre 2024), https://praxis.encommun.io/n/pG9O21sySFcolIsEFpfDFZbm98g/.

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