Cette note rassemble des idées et interventions partagées lors de la conversation « Les bibliothèques publiques au secours de la démocratie? » coorganisée par Projet collectif et l'ABPQ, à laquelle ont pris part une soixantaine de participant·es en janvier 2025.

Sensibilisation et éducation dès le plus jeune âge
Des activités comme des journées portes ouvertes, avec des lectures et la mise à disposition d'une collection jeunesse sur la désinformation, peuvent être organisées pour sensibiliser les plus jeunes. Un projet d’intervention dans les écoles est également envisagé, avec l’apport de livres et de ressources éducatives sur le sujet.
💡 Favoriser une approche « par ricochet »
Les classes scolaires qui visitent les bibliothèques publiques permettent de sensibiliser les enfants à la désinformation, et ces derniers peuvent à leur tour influencer leurs parents si de bons outils leur sont fournis pour amener à la maison et ouvrir le dialogue. Cette approche « par ricochet » est un moyen efficace d’élargir l’impact des initiatives éducatives.
Renforcer le sentiment de communauté
La bibliothèque est un lieu idéal pour créer des liens sociaux et renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté. En favorisant les échanges et en instaurant un climat de confiance, elle peut contribuer à augmenter l’empathie et la compréhension mutuelle, ce qui est essentiel pour lutter contre la polarisation et la désinformation.
De plus, il est crucial de rejoindre des groupes aux perspectives différentes et de mettre en place des espaces de rencontre et de dialogue. Bref, de résister à l'atomisation de la société.
💡 Pistes de réflexion
- Comment ramener ces groupes diversifiés dans les bibliothèques et favoriser des échanges constructifs?
- Comment favoriser ainsi une compréhension mutuelle et atténuer la confrontation?
Mise en valeur de collections et conférences
Développer une collection dédiée à la désinformation et la mettre en valeur dans les espaces de la bibliothèque est une autre piste. Organiser des conférences sur le sujet, en collaboration avec des expert·es ou des organisations comme Le Curieux, permettrait de toucher un public plus large et de susciter des discussions constructives.
Il serait également pertinent que cette collection de livres soit proposée en plusieurs langues pour aider à valoriser les populations immigrantes et à les intégrer dans la communauté. Cela renforce également leur accès à des informations fiables dans leur langue maternelle, ce qui est crucial pour contrer la désinformation ciblée.
Il est également important de ne pas se limiter aux demandes des usager·eres, mais d’anticiper et de proposer des contenus variés pour élargir les horizons.
📌 L'exemple du cahier Perspectives du journal Le Devoir
Des initiatives comme la page dédiée aux ados dans le cahier Perspectives dans Le Devoir montrent l’importance de vulgariser l’actualité et les enjeux complexes. La bibliothèque pourrait s’inspirer de cette approche en créant des espaces ou des ressources dédiés aux jeunes, afin de les aider à mieux comprendre le monde qui les entoure.
Veille informationnelle et diffusion de ressources
📌 L'exemple de la bibliothèque d'Élections Québec :
À la bibliothèque d'Élections Québec, une veille informationnelle est mise en place pour suivre les sujets liés à la désinformation et à la mésinformation. Un bulletin destiné au personnel de la bibliothèque, mais pouvant également être partagé avec les usager·es, est produit aux deux semaines à l’aide du logiciel Zotero. Cette initiative permet de centraliser et de diffuser des articles et des livres pertinents sur ces sujets.
Partenariat avec les écoles et expert·es
Créer des liens avec les écoles pour intervenir directement auprès des élèves constitue une initiative prometteuse. Des présentations et des ateliers basés sur la discussion pourraient être organisés par le personnel des bibliothèques ou en collaboration avec des journalistes, afin d’éduquer les jeunes sur les enjeux de la désinformation. Cette collaboration avec d'autres institutions ou expert·es permettrait d'optimiser les ressources et de maximiser leur effet. L’objectif serait de développer l’esprit critique des jeunes tout en les engageant activement.
La bibliothèque peut donc jouer un rôle de « thérapie informationnelle » en aidant les gens à décoder les messages, à comprendre les enjeux et à se réapproprier un langage clair et précis.
La collaboration avec les villes et les journalistes est une bonne piste pour accroître l’impact des bibliothèques et toucher un public plus large par l'importance de préserver un accès libre et diversifié à l'information, tel que le soulève la motion sur la liberté intellectuelle de l'ABPQ
Collaborer hors des mûrs
Il convient également de viser les personnes qui ne fréquentent pas traditionnellement les bibliothèques et d'être plus présent·es dans les espaces publics.
📌 Des exemples de collaborations pertinentes
- La conférence de Zoé Cadieux intitulée «Ateliers au-delà de Google : une opportunité pour former et intéresser les ados!», au Congrès des professionnel·les de l'information (2024).
- Les capsules animées par des journalistes du Conseil de presse du Québec.
- Formations « 30 secondes avant d'y croire » du CQÉMI
Bonifier les services des bibliothèques collégiales
Au niveau collégial, des formations existent déjà pour apprendre à valider les sources et à repérer les fausses informations. La bibliothèque peut jouer un rôle de guide en aidant les jeunes à vérifier leurs sources et à adopter une démarche critique dans leurs recherches scolaires. Cet accompagnement renforce leurs compétences informationnelles et leur capacité à distinguer les informations fiables.
Ces initiatives pourraient être adaptées à d’autres publics, comme les adolescent·es au secondaire ou les adultes.
Outils numériques et bulletins d'information
Bien qu’un outil comme le bulletin de veille « À propos des fausses nouvelles » de BAnQ ne soit plus actif, il montre l’intérêt de créer des ressources numériques accessibles au grand public afin d'informer et d'éduquer sur la désinformation.
📝En résumé
Les bibliothèques publiques peuvent contribuer à la lutte contre la désinformation en combinant des actions éducatives, des ressources accessibles et des partenariats stratégiques. Ces initiatives permettent de toucher un public varié, des enfants aux aîné·es, en les outillant pour naviguer dans un paysage informationnel complexe et en renforçant leur esprit critique. De plus, en s'adressant aux enfants et, par extension, à leurs familles, les bibliothèques peuvent étendre leur influence et contribuer à bâtir une communauté mieux informée.