Transports : État des lieux [Feuille de Route pour la transition du Québec vers la carboneutralité]

Tiré de la Feuille de Route pour la transition du Québec vers la carboneutralité, version 2.0 publiée en 2020. 

Au Québec, on consomme énormément d’hydrocarbures pour se déplacer et transporter divers produits. Ainsi, selon les données officielles, le secteur des transports est celui qui produit ici le plus de GES, avec 43% des émissions. À lui seul, le transport routier représente 80% des émissionsprovenant des transports et plus de 34% des émissions totales du Québec. Ses rejets ont bondi de 50% entre 1990 et 2017 en raison de la hausse des émissions des camions légers (+127%) et des véhicules lourds (+171%)1.

Part de GES attribuable au secteur des transports au Québec - Tiré de la Feuille de Route pour la transition du Québec vers la carboneutralité - Front commun pour la transition énergétique

Il faut noter que ces évaluations incluent seulement les GES qui sortent directement des tuyaux d’échappement. En fait, le secteur des transports est aussi responsable de plusieurs autres sources d’émissions au Québec ou ailleurs : extraction, raffinage et transport du pétrole, construction des véhicules, construction et entretien des routes et ponts. Ces activités sont fortement émettrices. Diminuer et à terme abandonner l’utilisation de véhicules qui carburent aux combustibles fossiles est donc essentiel à l’atteinte de la carboneutralité. Les véhicules personnels consomment 48% de l’énergie utilisée dans le secteur du transport au Québec,comparativement à 37% pour le transport de marchandises. Le reste, 15%, est attribuable au transport commercial de voyageurs, dont 14% pour le transport aérien et des pourcentages infimes pour l’autobuset le rail2.

Transport des personnes

  • 5 millions de véhicules de promenade sont immatriculés au Québec. Ils pèsent en moyenne 1 526 kilos3.
  • Le 31 mars 2020, 69 332 véhicules électriques (dont54% entièrement électriques et 46% hybridesrechargeables) roulaient sur les routes du Québec4,soit environ 1,3% du parc automobile total.
  • Près de 19 500 autobus circulent au Québec, y compris plus de 10 000 autobus scolaires5.
  • Parmi les Québécois·e·s qui se déplacent chaque jour de la semaine pour aller travailler, près de 7 sur 10 le font habituellement en auto solo et 1 sur 10 encovoiturage ; seulement 14% choisissent généralementle transport collectif alors que 7% marchent ou pédalent entre leur domicile et leur lieu de travail6.
  • Durant la pointe matinale, dans le Grand Montréal, les voitures se déplacent avec seulement 1,2 personne à bord. En d’autres termes, il faut 5 voitures pour déplacer 6 personnes7.
  • Depuis 2015, les ventes de camions légers(minifourgonnettes, VUS et camionnettes) dépassent les ventes de voitures. La popularité de ces véhicules explique en partie que les ventes d’essenceaient bondi de 33% entre 1990 et 2017, malgré lameilleure performance énergétique des moteurs8.
  • Les véhicules électriques sont de plus en plus abordables et dotés d’un rayon d’action de plus en plus grand. Leur production n’en a pas moins une empreinte carbone et écologique substantielle, et ils ne règlent pas le problème de la congestion.
  • La croissance du transport aérien est fulgurante. En20 ans, de 1999 à 2018, le nombre de passagers kilomètres payants a triplé dans le monde,passant de 2 800 milliards à 8 200 milliards9.
  • Des études ont permis de quantifier les subventions accordées, au Québec, à chaque véhicule10. Les subventions nettes octroyées en 2018 étaient d’environ 4 000 $ par véhicule, soit près de 20 milliards $ pour les 5 millions de véhicules de promenade, en tenant compte des dépenses suivantes : construction et entretien des routes,services policiers, soins de santé dus aux accidents et aux émissions atmosphériques, stationnements gratuits. À ces dépenses, il faut ajouter la congestion routière. En 2018, la Communauté métropolitaine de Montréal a estimé lescoûts de la congestion à 4,2 milliards $ pour 1,96 millionde véhicules. Il s’agit d’un coût de 2 140 $ par véhicule. 

Transport des marchandises

  • Selon les données les plus récentes et en tenant compte uniquement des déplacements interurbains,les camions parcourent chaque année 5 milliardsde kilomètres sur les routes du Québec, chargés de 146 millions de tonnes de marchandises 11
  • En tonnes-kilomètres, les échanges interprovinciaux et internationaux représentent 78% du tonnage transporté.
  • Le bois (produits du bois, papier, imprimerie), les produits alimentaires, les minerais et produits minéraux et es produits chimiques et pétrochimiques comptentpour plus des deux tiers du tonnage transporté.
  • La conversion du camionnage au gaz naturel est trèscritiquée, car le gaz naturel est un carburant fossile. L’Agence internationale de l’énergie n’a pas priorisé le gaz naturel liquéfié ou le gaz naturel comprimé dans ses scénarios 2050 visant à limiter la hausse de la température mondiale à 2°C 12.
  • Des véhicules électriques avec un plus long rayon d’action et plus performants apparaissent sur le marché,y compris des autobus scolaires et des autobus destinés au transport urbain, des camions de toutes tailles, des traversiers, des navires et même des tracteurs

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1. Ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) du Québec. 2019. Inventaire québécois des émissionsde gaz à effet de serre en 2017 et leur évolution depuis 1990. Québec, Direction générale de la réglementation carbone et des donnéesd’émission.

2. Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal. 2020. État de l’énergie au Québec 2020. Noter que les données sur le transport aérien incluent les lignes intérieures et étrangères, considérant les modes d’utilisation énergétique recensés dans le Bulletin sur la disponibilitéet l’écoulement d’énergie au Canada de Statistique Canada.

3. Société d’assurance automobile du Québec. 2018. Bilan 2018 : accidents, parc automobile et permis de conduire.  

4. Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ). 17 mai 2020. Statistiques SAAQ-AVEQ sur l’électromobilité.  

5. Société d’assurance automobile du Québec. 2018. Bilan 2018 : accidents, parc automobile et permis de conduire.  

6. Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal. 2020. État de l’énergie au Québec 2020.

7. J. Laviolette. 20 juin 2018. Congestion routière : 25 millions de sièges vides à combler, La Presse.

8. Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal. 2020. État de l’énergie au Québec 2020.

9. OACI. Forte croissance du trafic passager en 2018. Page Web consultée le 13 septembre 2020. — X. Samson. 28 juillet 2019. De plus en plus de voyages, mais à quel coût pour l’environnement.Radio-Canada.

10. Notamment L. Gagnon et P.-O. Pineau. 2013. Les coûts réels de l’automobile, un enjeu mal perçu par les consommateurs et lesinstitutions. GRIDD-HEC.

11. Direction générale de la sécurité et du camionnage. 2018. Portrait statistique et économique du camionnage au Québec. Direction descommunications du ministère des Transports

12. International Energy Agency. 2017. The future of trucks – Implications for energy and the environment. P. 85.

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15 mars 2024

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15 mars 2024 10:41

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