Action locale et urgence climatique - épisode 3

Depuis le 5 février 2020, je vous partage la vie d'un groupe citoyen en démarrage dans sa mobilisation autour de l'urgence climatique.  Ce groupe se rencontre à toutes les 2 semaines, le mardi entre 18h30  et 21h, dans une salle publique réservée à cet effet.

Pourquoi ce partage?  Passerelles souhaitait savoir qui sont ces citoyen-ne-s qui, dans un acte de démocratie active autonome, souhaitent se responsabiliser face cet enjeu de société que l'Institut du nouveau monde (INM) n'hésite pas à associer à l'enjeu démocratique comme étant deux des grands enjeux de la décennie 2020 .  Passerelles souhaitait aussi savoir comment ces groupes s'organisaient?  Quels étaient leurs enjeux et leurs défis?  Quels types d'action menaient-ils?

Avant de résumer les épisodes précédent, je vous réfère à deux outils.  Le 1e concerne un thème d'animation de groupe : comment trouver des solutions innovantes? (vidéo).  Le 2e concerne le cycle de vie d'un groupe (guide).

Résumé de l'épisode 1 : pour la première rencontre, c'est le rite habituel des présentations.  Nous faisons connaissance avec Isabelle, agronome, hôtesse, initiatrice et animatrice du groupe.  Elle a cherché à comprendre pourquoi nous en étions rendu dans cette urgence climatique et comment agir.  Ses recherches l’ont amené sur le site du Post-Carbon Institute .

Le groupe est formé d'une trentaine de personnes.  Une légère majorité de moins de 40 ans et de femmes.

Un constat s'est imposé, nous sommes là pour les mêmes raisons : mieux comprendre la complexité de l’enjeu pour mieux agir, mais aussi être moins isolés dans nos actions et se rassurer.

En 2015, le Post-Carbon Institute a réalisé plusieurs vidéos pour expliquer la situation d'urgence et orienter les actions.  Ces vidéos forment une série de cours vulgarisés sur les énergies fossiles et leurs impacts, autant positifs que négatifs, sur l'humanité.

Après une série de deux ou trois vidéos d'une dizaine de minutes chacune, le Post-Carbon Institute a préparé des questions qui permettent au groupe de réfléchir, d'échanger et de partager.  sabelle a fait toutes les traductions en français. Ensemble, chacun apprend des uns des autres, et des vidéos.  Chacun donne ses impressions.

Résumé de l'épisode 2 , les échanges se sont faits autour de la consommation d'énergie et surtout comment la réduire.

L'être humain n'a pas cessé d'augmenter sa consommation d'énergie grâce aux ressources fossiles.  Les rejets chimiques de la combustion de ces ressources est la principale cause des dérèglements climatiques.

Avant la découverte du pétrole, on utilisait le vent, l'eau et même l'électricité pour les premiers véhicules, mais quand on a découvert la puissance du pétrole, ces énergies moins efficaces ont pris le bord.

Difficile de voir qu'elles actions cohérentes et collectives pourraient être mises en place.

Taxer plus fort l'essence pour limiter l'usage de la voiture, tout en offrant une alternative avec du transport collectif gratuit?  Taxer le nombre de voitures par ménage?  Obliger les entreprises à indiquer sur chaque produit la quantité d'énergie nécessaire pour le produire, le livrer, etc.  (exemples des étiquettes de valeurs nutritives et d'origine des produits).

Bref, les actions futures devront permettre de se mettre au régime de la consommation. Oui, mais comment?

Épisode 3 - mardi 3 mars 2020 - 18h35

J'arrive un peu en retard, désolé.  Est-ce un signe que je commence à m'essouffler de ces rencontres?  Pourtant, 15 personnes sont présentes (7 lors de l'épisode 2 et 30 pour la première rencontre).  Les femmes sont majoritaires (9/6).  3 personnes ont moins de 30 ans, 6 personnes sont dans la quarantaine et 6 personnes ont de plus de 50 ans.

Ce soir, les vidéos parlent de l'évolution de l'humanité et de ses sociétés à partir de la découverte des énergies fossiles.  Si l'évolution matérielle des sociétés (infrastructures) est facilement identifiable, les énergies fossiles, et surtout le pétrole, ont aussi modifié les croyances dans notre façon de voir la vie.

Avant l'ère carbone, les cycles de la Nature dominaient les efforts humains.  On espérait que cette Nature soit clémente pour nous permettre de manger.  L'humain était soumis a une force plus grande que lui, incontrôlable.  Il priait des divinités, il consultait des oracles pour que le vie soit bonne.  Avec l'arrivée des énergies fossiles, l'humain voit tous les bénéfices qu'il en retire et qu'il peut en retirer.  Il se met à croire qu'il peut tout contrôler, "sky is the limit!".  La Nature n'est plus la force qui nous domine, mais la force que l'on exploite.

Avec cette croyance : la croissance est infinie et la technologie règle tout, l'humain se déresponsabilise , "on trouvera bien une solution, on a tellement de pouvoir!".

Aujourd'hui, les scientifiques évaluent qu'une croissance infinie est insoutenable pour l'humanité.

Une autre croyance doit naître, mais laquelle?

Croire que nous avons notre responsabilité individuelle et collective sur l'état de la planète et de l'humanité serait déjà bien.

Oui, mais attention à ne pas prendre cette responsablité individuelle trop à coeur.

Josée explique qu'à chaque fois qu'elle fait un geste environnemental comme fermer le robinet d'eau courante plus tôt, éviter de prendre sa voiture, elle se dit qu'elle fait gagner des millièmes de seconde de vie à l'humanité.  Une façon de faire sa part et de relier l'effort à un réconfort.

Isabelle, une autre Isabelle, explique qu'elle aussi a pratiqué cette forme de motivation, jusqu'au jour où elle a pris conscience que chacun de ses gestes avait un impact négatif pour l'humanité.  Elle a pensé mourir pour ne plus nuire à l'humanité.

Philippe souhaite rétablir l'angle de vue.  Ce qui est en cause, ce n'est pas que nous existons, mais que nous surconsommons pour des choses qui ne sont pas nécessaires à la vie.  Si notre responsabilité s'arrêtait à éviter de surconsommer ça serait déjà un grand pas.

Le groupe convient que croire en la conservation et en la collaboration serait une belle nouvelle croyance à partager.

Conserver ses biens et les réparer , conserver les espaces naturels et en créer de nouveaux , conserver notre humanité plutôt que plus de virtualité, car, comme on l'a vu avec Jean-Marc Jancovici , l'utilisation du numérique en 2020 c'est la totalité des camions qui circulent dans le monde.  Pour lui, il faut résilier Netflix, arrêter la HD, ne pas faire la 5G, ne pas avoir de voitures autonomes, bref, être moins connectés!

Sur le plan collectif , les gouvernements, autant locaux que nationaux, doivent aussi faire leur part dans le sens de "conserver et collaborer".

En 2019, la Nouvelle-Zélande créait un budget bien-être plaçant le concept de bien-être des citoyens au centre des décisions relatives aux dépenses publiques.

Sur ce concept de "bien-être" nous sommes plutôt bien équipés en indicateurs et références , difficile de passer à côté, "si on veut, on peut".

Finalement, on constate que de plus en plus d'entreprises posent des gestes "verts" et espèrent des revenus du commerce "vert" .  Nous avons dépassé les premiers petits commerces qui proposaient des produits bio, moins d'emballage, etc.

De plus en plus, de grandes chaînes de distribution et des industriels adoptent non seulement des pratiques écoresponsables (moins de sacs plastique, ...), mais aussi des produits ou des services qui répondent à une demande "verte".  On parle notamment ici des économies de fonctionalité et des économies circulaires (système de production visant à optimiser l’utilisation des ressources tout en réduisant l’empreinte environnementale et en contribuant au bien-être des individus et des collectivités).

Ainsi, dans la courbe de diffusion de l'innovation (concept de marketing), le marché "vert" a dépassé les innovateurs et premiers adeptes (15,5% des consommateurs), pour entrer dans la majorité précoce (34%).  La demande pour des produits "verts" va subitement doubler dans les prochaines années. Le site du gouvernement fait référence aux segments du marché "vert" :  les écolos (cherchent èa réduire leur empreinte au maximum), les conscientisés (achèetent de plus ne plus de produits "verts", la masse (cherche de plus en plus à adopter un mode de vie "vert"), les retardataires (attendent que les autres changent) et  les pollueurs (ne changeront jamais).

Parallèlement, les différents palliers de gouvernements imposent aux entreprises des comportements "verts" avec une forme d' écofiscalité ou une législation permettant de lutter contre le gaspillage et favorisant l'économie circulaire. Cette législation française est d'ailleurs ambitieuse puisqu'elle concerne la réduction des déchets, la fin du plastique jetable d'ici 2040, l'information des consommateurs sur les caractéristiques environnementales des produits, la lutte contre le gaspillage et l'obsolescence programmée, la responsabilité des producteurs et la lutte contre les dépôts sauvages.

On sait que plusieurs grands investisseurs ont commencé à retirer leurs investissements des entreprises liées aux énergies fossiles .  Pour Michaël Sabia , "les rendements des années et décennies à venir seront solides seulement si les économies où nous investissons sont solides et (les économies) seront saines seulement si notre planète est en santé".  On voit aussi de nombreuses institutions financières proposer des investissements "verts" à leurs clients.

Le système de libre marché peut-il s'affranchir de ses égarements d'hier en pratiquant un futur "vert"? Oui, s'il est "payant" et moins risqué .

Le système va-t-il nécessairement changer?

Est-ce que croire en la conservation et la collaboration est compatible avec le système actuel basé sur la production et la consommation?

21h00, le débat s'achève.

Dans deux semaines nous aborderons la dernière vidéo de cette partie du cours.  Son titre : "Les effondrements".  Espérons que nous dormirons bien avant ce qui apparaît comme un chaos planétaire.


Commentaires importés 

Maude Prud'homme - 5 mars 2020 à 11:52 :
Bonjour! Je vous invite à considérer cette initiative comme pertinente à vos travaux. Merci! https://www.pourlatransitionenergetique.org/

Jerry Espada - 6 mars 2020 à 11:15 :
Très intéressant! Beaucoup de travail! Merci!

padding Carnet(s) relié(s)

file_copy 19 notes
Transfert de connaissances
file_copy 19 notes
person
Intégré par Anne-Sophie Thomas, le 5 juillet 2023 19:49
category
Climat, S'informer, S'outiller, Réfléchir

Auteur·trice(s) de note

forumContacter l’auteur·trice

Communauté liée

Transfert de connaissances

Profil En commun

Communauté Passerelles

Carnets Praxis

forumDiscuter de la note

Publication

4 mars 2020

Modification

5 mai 2023 15:18

Historique des modifications

Licence

Attention : une partie ou l’ensemble de ce contenu pourrait ne pas être la propriété de la, du ou des auteur·trices de la note. Au besoin, informez-vous sur les conditions de réutilisation.

Visibilité

lock_open public