Les agriculteurs malades des pesticides : ouvrir le dialogue et briser les "tabous"

Par Sarah R. Champagne du Devoir | "Tout le monde peste contre la hausse du prix des aliments, mais ces deux hommes vivent les conséquences des pressions économiques sur l’agriculture dans leur propre chair. Paul François et Serge Giard semblent se donner de la force l’un et l’autre, malgré leurs maladies respectives liées aux pesticides. Habituellement séparés par un océan, les deux agriculteurs sont cette fois assis sur le même canapé et ambitionnent de devenir l’oreille des revendications de leurs collègues éprouvés par ces substances."

Sortir du tabou

• À la fois victime et stigmatisé :
  • Suite à un diagnostic de parkinson après 30 ans d'utilisation [de pesticides] : « Je l’ai vécu comme une défaite. Je n’aurais pas dû me cacher, mais c’est dur de dire “oui, je suis malade” et à cause de quoi ; on est stigmatisés d’avoir utilisé des pesticides »"
• Une association pour les victimes des pesticides du Québec (VPQ)
  • Militer pour la reconnaissance de la maladie
    • ​ La CNESST a finalement reconnu le parkinson comme une maladie professionnelle
  • Écouter plutôt que juger
    • "Ils ne sont pas là « pour juger » leurs confrères et consœurs, disent-ils chacun leur tour, mais pour les écouter et donner de la visibilité aux victimes"
  • Sortir du silence
    • « Ce qu’on veut, c’est sortir du silence dans notre milieu agricole. Quand on a cru dans un système et qu’on découvre qu’il nous a empoisonnés et rendus malades, c’est difficile d’en parler »
• Arrêtons de chercher des boucs émissaires
  • "les producteurs français sont fatigués de se faire accuser d’être les « pollueurs » par leur utilisation de pesticides."
  • « Quand on cherche des aliments toujours moins dispendieux, c’est sûr que ça a des répercussions. […] C’est souvent une agriculture avec pesticides »
• Construisons un dialogue en mangeur·euses et producteurs·trices
  • « Je ne connais pas d’agriculteurs qui utilisent [des pesticides] pour s’empoisonner ou empoisonner la planète. Il faut un nouveau dialogue avec la société. […] Arrêtons de chercher des boucs émissaires : nous avons fait fausse route tous ensemble, la problématique nous appartient à tous »

Pistes d'action pour changer le système actuel

• S'enregistrer auprès de la CNESST
  • "Les producteurs agricoles québécois ont jusqu’au 6 avril prochain pour s’enregistrer auprès de la CNESST."
• Miser sur la jurisprudence
  • Un travailleur agricole étranger a d’ailleurs récemment fait reconnaître son lymphome non hodgkinien comme maladie professionnelle liée à son exposition aux pesticides .
• Suivre, partager et supporter l' action collective pancanadienne contre Monsanto
  • qui passera devant la justice le mois prochain

https://www.ledevoir.com/societe/sante/686040/alimentation-les-agriculteurs-malades-des-pesticides