Communauté nourricière

Je lis aujourd'hui l'inspirant plan stratégique proposé par le collectif Borée, visant à augmenter l’autonomie alimentaire au Saguenay-Lac-Saint-Jean. Je ne sais pas si les bibliothèques du Saguenay sont actives au sein de ce collectif mais elles pourraient bien appuyer plusieurs des mesures de ce plan. Voici comment et des exemples de bibliothèques déjà à l'oeuvre :

Objectif 2 Valoriser les matières premières et les coproduits à travers l’ensemble des composantes du système alimentaire .

  • 2.2. Encourager le développement et la mutualisation d’infrastructures de transformation, de conditionnement et d’entreposage alimentaires.
    • Prêt de matériel de cannage, de séchage etc… et autres matériels utiles mais encombrants et qui ne servent que quelques fois chaque année.

Objectif 3 Augmenter de façon significative l’accès physique et économique à une alimentation saine et durable composée d’aliments locaux.

  • 3.2. Faciliter la mise en place de projets liés à l’amélioration du transport dans une perspective de développement territorial équitable.
    • En saison, organisation de navettes découvertes collectives au départ de la ou des bibliothèques pour faire connaître les producteurs locaux qui permettent l’auto-cueillette
  • 3.3. Soutenir des projets de mobilisation citoyenne visant une appropriation collective de l’autonomie alimentaire et le partage des ressources et des connaissances.
  • Grainothèques et échanges de plantes et semis en tous genres (très répandu dans les bibliothèques mondialement). Par exemple :
    • Programme “Plant a Seed” - Rochester Public Library in Minnesota. - Des bénévoles ont divisé "50 000 semences achetées en vrac en 6 000 paquets individuels, représentant plus de 40 variétés de légumes, de fruits et d'herbes". L'objectif du projet est de donner de la nourriture à la communauté avec l'espoir que certains jardiniers redonneront des graines à la bibliothèque. https://www.mprnews.org/story/2019/01/20/volunteers-package-thousands-seeds-new-seed-library-rochester
    • Arizona State University: Seed Library - un ensemble complet de graines adaptées aux conditions climatiques de cet état accompagné de très nombreuses, ressources contacts, ateliers de formations et informations : https://libguides.asu.edu/seedlibrary
    • Étude et revue de littérature en voie d’être terminée sur le sujet au Québec ; Voir aussi : Peekhaus, W. (2018). Seed Libraries: Sowing the Seeds for Community and Public Library Resilience. The Library Quarterly, 88 (3), 271-285
  • Culture éducative en bacs, jardins verticaux ou sur les terrains attenant à la bibliothèque en partenariat ou non avec le milieu scolaire. Par exemple :
    • Pour lutter ensemble contre un désert alimentaire, des bibliothécaires de l'Université d'Ohio, des défenseurs de la communauté et des propriétaires ont été formés durant 6 semaines. Les formateurs, des agriculteurs de la région, ont partagé des informations sur l'analyse du sol, le travail du sol, la rotation des plantes, les nutriments du sol, le compostage, les remèdes contre les parasites et d'autres tendances de jardinage pour un jardin communautaire réussi, des débutants aux jardiniers plus expérimentés. Ces partenaires se sont ensuite associés pour lancer la Kinsman Farm, un site d'incubation d'agriculture urbaine de 6 acres situé dans le quartier. Cette ferme incubatrice sert à encourager les nouveaux agriculteurs à créer leur propre entreprise agricole sous forme de coopérative.  Les produits de ces fermes sont vendus sur un marché mobile afin de donner accès à des produits abordables aux résidents des communautés à faibles revenus. Source : Overbey, T. A. (2020). Food Deserts, Libraries, and Urban Communities : What Is the Connection? Public Library Quarterly , 39 (1), 37‑49. https://doi.org/10.1080/01616846.2019.1591156

    • La Northern Onondaga Public Library (État de New-York) a construit un jardin-bibliothèque. Lorsque les membres de la communauté ont exprimé leur intérêt à en apprendre davantage sur le jardinage et l’agriculture, les bibliothécaires ont fait plus qu’acheter des livres et organiser des séances de discussion sur le sujet. Ils et elles ont construit une ferme. La communauté a labouré un terrain à côté de la bibliothèque. Ce terrain a été divisé en parcelles et les gens ont pu « emprunter » une parcelle pour la saison. Ainsi, les membres de la communauté ayant peu d’expérience en jardinage ou ne possédant pas de cour arrière ont pu travailler leur propre parcelle, en plus d’obtenir des conseils des expert-e-s de la communauté. Cela a entraîné une série de discussions et d’activités reliées qui étaient toutes ancrées dans la pratique. Après la moisson, l’excès de la récolte a été expédié aux banques alimentaires locales. Ce qui a débuté comme une discussion sur le jardinage est devenu une plate-forme élargie pour en apprendre sur la nutrition, l’achat local et bien d’autres sujets. Les garçons scouts ont construit des platebandes surélevées. Les filles scoutes ont construit l’« Hôtel des insectes » pour attirer les insectes nécessaires à l’agriculture biologique, mais aussi pour former la communauté à cette pratique. Source D. Lankes Expect-More (2016).

    • Une bibliothèque française conduit un projet depuis 11 ans avec les jardins solidaires de la commune; En termes de collection : acquisitions en fonction des thématiques travaillées par le collectif. En termes de médiation : accueil des jardiniers l'hiver pour des ateliers documentaires à la bibliothèque ; En termes de littératies : alphabétisation pour une partie des jardiniers non francophones ; En termes d’accueil : création d'animation en commun, inclusion.
    • Voir aussi sur ce même thème des jardins où on apprend, la conférence en images « What to expect from libraries in the 21st century ” de Pam Sandlian Smith (2013).
  • Lombricomposteur, système d’aquaponie, ruches etc en démonstration dans l’espace de la bibliothèque
  • La bibliothèque héberge dans ses locaux un groupe de partage de nourriture, organise des parcours guidés à la découverte de plantes et des circuits en vélo pour identifier les arbres fruitiers urbains pouvant faire l’objet de récoltes, soutient l’apprentissage de techniques de pomiculture pour la mise en valeur des jardins locaux (Bibliothèque de Bad Oldesloe, Allemagne. Source : Geißler, J. A., & Schumann, T. (2017). Makerspace, Mundraub-Tour und Foodsharing : Die Projektreihe ‚Ernte deine Stadt‘ als Form sozial und ökologisch nachhaltiger Bibliotheksarbeit in der Stadtbibliothek Bad Oldesloe. Bibliotheksdienst , 51 (2), 181‑196. https://doi.org/10.1515/bd-2017-0018 ).
  • Sur le thème de l’alimentation, la bibliothèque s’est positionnée comme acteur engagé : projet "de la graine à l'assiette" qui consiste entre autres à proposer un dépôt de paniers bio à la médiathèque (d'abord à destination de tous les agents communaux et bientôt de la population avec peut-être un volet "panier solidaire" pour les bénéficiaires du CCAS). En parallèle : grainothèque, débats et projection de film autour de l'alimentation, défi zéro déchet, pour accompagner la réflexion, exposition participative de photos (Réseau des bibliothèques de Rennes, France)
  • Ateliers de formation sur le sujet, sur place, en ligne ou en association avec des festivals ou marchés locaux par exemple, dans les bibliothèques de Montréal :  Ateliers sur les plantes potagères anciennes, méconnues ou en voie de disparition ; techniques de récolte, de séchage et de conservation de différentes semences ; histoire des semences, pollinisation, distances d’isolement, variétés ancestrales, récolte, séchage, entreposage, test de germination;...
  • Signalement et valorisation de formations locales (par exemple celles offertes par « Violon et Champignon »), podcasts… ouverts à tous organisées par ailleurs sur le sujet ;
  • Séance de questions / réponses live en ligne sur le jardinage avec des spécialistes.
  • Lancement et promotion d’ouvrages édités localement sur le sujet ; Par exemple depuis cet automne, BAnQ, en collaboration avec le blogue du Jardinier paresseux , signale chaque mois sur ce blogue un livre horticole numérique de ses collections correspondant aux besoins saisonniers des jardiniers.
  • Participer ou s’insérer dans des actions comme le défi des familles à alimentation positive, le festival cultiver Montréal…
  • Par le recours aux archives, à des vieux livres de recettes ou sur les pratiques du maraîchage local du 19e siècle, des rencontres réelles ou virtuelles avec des aînés qui ont vécus l'écomomie de subsistance, reconnecter les habitants aux aptitudes oubliées :
    • Recenser le patrimoine culturel local (lieux, outils, variétés…), documenter des variétés locales, des pratiques et outils préindustriels par exemple ;
    • Montrer des photos de Jardin en bacs sur un toit de Montréal, dans les années 1920 pour montrer que ça ne date pas d’hier qu’on cultive sur les toits à Montréal! (BAnQ)
    • Aux USA, la bibliothèque de Pikes Peak library district (Colorado) a été pionnière pour reconnecter les habitants aux aptitudes des générations passées : jardinage, apiculture, mise en conserve, aménagements paysagers permettant un faible entretien et arrosage et autres mises en œuvre de compétences qui contribuent à faire redécouvrir les sources de nourriture et le territoire autour de chez soi ». (Source : Smith-Aldrich, Résilience, 2018)
  • Conférences, ateliers et autres évènements tels que :
    • A Montréal : Consommation responsable: comment s'y retrouver. Cette conférence d'Éric Ménard démystifie les thèmes entourant la consommation responsable pour vous aider à faire de meilleurs choix. (Bibliothèque Petite-Patrie) ; Les impacts environnementaux de notre alimentation, observés et mesurés selon l’approche du cycle de vie par Dominique Maxime analyste au CIRAIG (Bibliothèque Petite-Patrie) ; Le Gaspillage alimentaire par Atlantide Des Rochers (Bibliothèques du Plateau) ;
    • Programme Planet People Project de la Northwest Regional Library (Santa Rosa, CA). Chaque mois, la bibliothèque affiche pour son cercle de discussion une liste de documents sur un sujet spécifique. Les discussions sont suivies d'une présentation donnée par un expert local. Par exemple : le bétail comme agriculture régénérative.
    • Une étude sur 54 bibliothèques allemandes montre que les activités sur la nutrition durable et le jardinage urbain y sont fréquentes ; Beutelspacher, Lisa, et Christine Meschede. 2020. « Libraries as promoters of environmental sustainability: Collections, tools and events ». IFLA Journal 46(4):347‑58. doi: 10.1177/0340035220912513

Objectif 4 Contribuer à l’augmentation de l’utilisation et de la consommation de produits locaux.

  • 4.2. Promouvoir les produits régionaux et sensibiliser la population et les organisations à l’utilisation de produits locaux.
    • Proposer régulièrement des activités de recherche d’information sur la nourriture que l’on consomme au regard des critères qui fondent les 3N-J (nu, non-loin, naturel, juste) pour faire découvrir par soi-même que cette information, pourtant si précieuse, est particulièrement difficile d’accès. Permet, en même temps qu’on forme à la recherche d’informations, de sensibiliser aux problématiques environnementales locales, régionales et biosphériques et d’en profiter pour encourager la consommation locale.
    • Faire un atelier avec les produits locaux et de saison puis avec les produits hors saison et de bas prix et leurs conséquences. Avec par exemple un jeu de carte, informer sur la différence de prix et donner à voir que c’est une question de choix et d’engagement. Par exemple utiliser Kahoot .
    • Un marché local ou des dépôts de fermiers de famille peuvent être organisés avec le soutien et la complicité de la bibliothèque dans la bibliothèque ou à proximité par exemple à la bibliothèque de St-Colomban dans les Laurentides.
    • Contribuer à faire connaître et exister les répertoires et cartographies de producteurs locaux à moins de 100 kms de la bibliothèque ;
    • Héberger un petit magasin citoyen de produits transformés produits localement, encore plus intéressant s'il y a une monnaie locale et qu'elle est utilisée pour effectuer les transactions.
    • Organiser des visites réelles ou virtuelles des organismes à moins de 100 kms qui produisent de la nourriture de façon responsable.
    • Bibliothèque universitaire spécialisée et soutien à des événements associés par exemple la bibliothèque de l'Université San Marcos en Californie (CSUSM) a mis en place, main dans la main avec les grandes brasseries et les brasseurs locaux la collection spéciale Brewchive , visant à faire connaître l'histoire de l'industrie de la brasserie artisanale de San Diego. Elle participe au festival local et a soutenu le développement d'un programme de certification dans le domaine de l'ingénierie brassicole.
    • Marquer et célébrer sur la page Facebook et dans l’espace de la bibliothèque les débuts de récoltes de produits agricoles importants pour la région avec de l’information sur les quantités produites et le nombre de personnes ainsi nourries l’année d’avant par ces producteurs locaux.
  • 4.3. Améliorer les compétences alimentaires et culinaires des citoyens et des citoyennes.
    • Foodlab (toutes tailles, du charriot mobile à la grande pièce dédiée toute équipée dans la bibliothèque) avec ateliers cuisine sur place et en ligne. Par exemple, le Camden County (NJ) Library System (CCLS) a acheté en 2016 en financement participatif, une cuisine mobile équipé d'un four à convection, d'une table de cuisson à induction, d'une station de rinçage, d'ustensiles de cuisine et d'un programme éducatif pour mieux intervenir auprès des populations migrantes vivant dans des déserts alimentaires de la ville. Source : Ewen, L. (2018, septembre 4). A Movable Feast . American LibrariesMagazine. https://americanlibrariesmagazine.org/2018/09/04/movable-feast-library-mobile-kitchens/
    • La bibliothèque municipale organise des balades culinaires intitulées « Grainofête » (Bibliothèque de Vic en Bigorre, France)
    • En association avec des organismes qui mettent en œuvre des programmes d’aide à l’alimentation saine des enfants scolarisés, en particulier, les bibliothèques prennent le relai des écoles lorsque celles-ci sont fermées l’été. On en profite pour faire de l’éducation culinaire et de l’éducation aux produits locaux. Plusieurs exemples de partenariats de ce genre aux USA : https://www.shareable.net/how-public-libraries-are-part-of-the-solution-to-food-insecurity/

La liste est bien sûr à poursuivre en collaboration !

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Tiers-lieux - Outils pratiques pour davantage d'impact transformateur
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Intégré par Pascale Félizat, le 15 mai 2023 14:18

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Publication

10 septembre 2021

Modification

20 septembre 2023 11:16

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