Outils de consultation, délibération et vote

L'un des défis relié à la gouvernance est la façon dont on valorise le bagage de connaissances, d'expertises et de créativité des participants dans un système organisationnel.  En survolant l'histoire, on peut constater que la coercition prédomine souvent lorsque vient le temps de s'adjoindre la particiation des individus et organisations à des buts donnés.  La coercition peut prendre une multitude de formes.  Définie simplement comme ''le fait de contraindre'', la coercition s'est taillée une place de choix dans la plupart des systèmes de gouvernance adoptés par l'homme.  Quelle différence y-a-t-il entre contraindre une nation par la force armée ou la contraindre par des pressions économiques ?  Ou bien entre un impôt à payer et la moitié de la récolte qu'un paysan égyptien ''donnait'' à un homme armé pour obtenir sa ''protection'' ?  Les lois, les codes ou les règles ainsi que les processus y étant rattachés sont des contraintes qui s'appuient sur des idées et objectifs très variés.  Une entreprise mettra en place des mécanismes qui contraindront les employés de nombreuses façons, comme par exemple les horaires qu'ils doivent respecter aux lignes de communication qu'ils peuvent utiliser.  L'employé est libre de quitter l'organisation, mais il fait face à des contraintes exogènes imposées par d'autres entités.  Il doit rembourser son prêt hypothéquaire, payer des taxes, survivre.  Il fait face à une toile de contraintes qui, s'accumulant, réduisent sa liberté de choix et lui fait accepter de nouvelles contraintes, en échange d'une meilleure survie postulée.

La nature de cette approche pour s'obtenir la ''coopération'' des autres fait en sorte que les systèmes déployés ont été pensés en fonction de contraindre toujours plus les parties prenantes, presque invariablement grace à des gouvernances centralisées dans lesquelles très peu d'individus prennent toutes les décisions, alors que la majorité doit s'en accomoder ou quitter.  Indépendament des considérations individuelles, ces systèmes reposant sur l'autorité et la contrainte peinent à maximiser la participation des parties prenantes.  Une image simple serait celle d'un employé de bureau qui a une idée qui pourrait augmenter l'efficience de la compagnie dans laquelle il travaille.  Une boîte à idée physique ou numérique existe peut-être dans son département.  Son ''supérieur" hyérarchique est peut-être à la recherche d'innovations et sera disposé à écouter, mais plus souvent qu'autrement, l'idée ne dépassera pas les discussions de cafétaria.  Au même moment, le directeur général fera prendre à l'entreprise une direction complètement déconnectée des réalités ''sur le terrain''.  L'assymétrie d'objectifs entre les décideurs et les exécutants, ainsi que le manque de mécanismes permettant de faire circuler les informations et idées de façon billatérale ou mieux, distribuée, font en sorte que les organisations prennent des décisions souvent déconnectées des réalités de ses membres, de sa clientèle et de la société en général, avec les résultats qu'on connait.  Solutions mal adaptées aux besoins, décisions dont les répercussions négatives sont telles qu'elles ensevelissent les bénéfices attendus ou, plus globalement, une majorité d'individus mécontents en permanence, contraints, et sous valorisés.  Les bonnes idées et les contributions positives se heurtent à des gouvernances rigides appuyées sur l'autorité.  Les motivations sont contraintes, mises en silo pourrait-on dire, et en général un bassin de potentialés énorme demeure intouché.

Il est très difficile de faire changer des organisations complexes.  Mais il existe sans doute des angles d'approche permettant une transition qui n'ébranle pas les colonnes du temple, comme par exemple l'utilisation d'outils numériques permettant de consulter, de délibérer ou de voter.  Ces outils ont le potentiel d'appuyer la prise de décision sur des données et idées mieux en phase avec la réalité, tout en respectant les objectifs des organisations.  Nous sommes encore loin des organisations autonomes décentralisées dont les concepts sont présentement en plein chantier, mais ça n'en reste pas moins une marche importante permettant de transiter des modèles autoritaires (centralisés) vers des gouvernances mettant en valeur les contributions et capacités de ses parties prenantes.

Dans le cadre d'un projet regroupant 7 organismes désirant collaborer ensemble, mettre en commun certaines ressources et valoriser des mécanismes de prise de décision maximisant l'apport de ses membres, nous explorons les différents outils disponibles actuellement - avec une attention particulière pour les solutions open source, autant pour des raisons d'efficacité et d'efficience que pour des motifs plus idéologiques. 

Ces enjeux sont au coeur de mes préoccupations, et j'aimerais entendre ceux qui explorent des pistes de solution, et aussi connaitre les outils utilisés par certains pour valoriser l'apport des membres d'une organisation.

A vous la parole !

 

 

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7 novembre 2019

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17 février 2023 09:12

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