L'économie verte, pas mieux que la fossile?

Dans le Sud de la France, les projets solaires se succèdent à bon rythme. Derrière eux, des groupes industriels attirés par les profits. Qui dit profits dit mégacomplexes aussi appelés « plateforme énergétique bas carbone » .  Mais pour devenir la plus grande centrale photovoltaïque d’Europe, il faudra raser au moins mille hectares de pins !

Sur papier, ce projet industriel est de toute beauté. D’abord, une unité de production d’ « hydrogène vert » pour alimenter des piles à combustible ( « vert » puisque l’énergie nécessaire sera d’origine solaire, contrairement aux gisements actuels, d’origine pétrolière). Il est aussi question d’ un centre de stockage d’électricité sur d’énormes batteries et d’ un centre de données numériques qui fonctionnera donc à l’énergie solaire et dont la chaleur en excès pourrait être utilisée pour chauffer des serres en agriculture biologique .

Certes, mille hectares de pins ne représente que 0,1% du massif convoité (Les Landes de Gascogne), mais le potentiel d'incendies et d'inondations sont autant de risques à mettre dans la balance coûts-avantages.

Pour les villages de cette région, le solaire est devenu un revenu plus intéressant que celui du bois . "Sur une cinquantaine d’hectares, cela peut aller du simple au double.  En effet, chaque centrale privée doit s’acquitter d’un loyer (environ mille euros par an et par hectare) et les municipalités profitent de la taxe Ifer (imposition forfaitaire des entreprises de réseaux), qui peut rapporter des millions d’euros chaque année aux regroupements de municipalités.

En complément : L’énergie solaire se développe au détriment des sols naturels .

https://reporterre.net/Dans-les-Landes-pour-faire-du-solaire-on-detruit-les-forets?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne

Commentaires importés 

Jerry Espada - 1 février 2021 à 9:08 :
En Europe, l'énergie verte de l'avenir serait l'hydrogène puisque son utilisation ne rejette dans l'air que de l'eau. Le magazine Reporterre mène une enquête en 3 reportages sur cette énergie de substitution à l'énergie fossile.
https://reporterre.net/L-hydrogene-trop-gourmand-en-energie-pour-etre-ec...
Dans ce 1er volet du reportage, on apprend que ce gaz est soit utilisé comme carburant d’un moteur à combustion interne, soit pour alimenter une pile à combustible faisant fonctionner un moteur électrique. Dans les deux cas. seule de la vapeur d'eau est rejetée.
Mais d'où provient ce gaz? Plus de 95 % de l’hydrogène produit dans le monde est carboné, car issu du méthane, du pétrole ou du charbon, par des procédés très polluants, notamment en GES
Les industriels promettent d'utiliser des procédés moins polluants d'ici 2030-2050 à partir de l'électrolyse de l'eau seul procédé permettant d'obtenir un l'hydrogène décarboné. Mais, pour en produire de grandes quantités à partir de ce procédé, il faut beaucoup d'eau, de gigantesques électrolyseurs, eux-mêmes grands consommateurs de métaux ou de produits toxiques, et des quantités d’électricité considérables pour l’électrolyse elle-même.
Si les voitures électriques pourront être alimentées à l'hydrogène, ce n'est pas la même chose pour le secteur du transport de marchandises (camions, bateaux et avions), les batteries sont bien trop lourdes. Pour alimenter cent mille camions de plus de seize tonnes, parcourant une moyenne de 160.000 km/an, il faudrait soit quinze réacteurs nucléaires ou 910 km² de panneaux solaires.
L'hydrogène peut aussi servir à alimenter des usines. Mais là encore, pour une seule usine d'engrais azoté produisant 400 000 tonnes d'ammoniac par an, il faudrait 33 km² de panneaux photovoltaïques, soit 4.622 terrains de football!
Comment trouver de telles surfaces sans engloutir des terres arables et des forêts?

Mélanie Busby - 1 février 2021 à 10:24 :
Ou la la... on y arrivera pas si on ne met pas "plein gaz" sur la réduction plutôt que de poursuivre dans la même voie en s'imaginant qu'on substituera les énergies fossiles par d'autres technologies... quand ce n'est pas le solaire qu'on installe dans des habitats qu'on saccage, on veut utiliser du bois et on rase... pas beaucoup mieux.

Jerry Espada - 4 février 2021 à 15:38 :
2e volet de l'article sur l'hydrogène comme un faux remède au réchauffement climatique (voir commentaire précédent).
https://reporterre.net/L-hydrogene-un-reve-industriel-mais-pas-ecologiqu...
L’hydrogène, même obtenu par électrolyse de l’eau à partir d’électricité solaire, est un gaz qui s’enflamme deux fois plus vite que le propane ou le méthane, qui fuit beaucoup plus facilement et explose au contact de l’air (précisément au contact de l’oxygène). Couvrir le territoire de pipelines et de stations de distribution d’hydrogène est donc une opération hasardeuse en plus de détruire des espaces verts.
L’Allemagne a signé en août 2020 un partenariat avec le Maroc visant une importation massive d’hydrogène obtenu à partir de fermes solaires géantes déployées dans le Sahara. Le problème est que produire de l’hydrogène « vert » demande non seulement de l’électricité, mais aussi beaucoup d’eau. Une opération difficile à justifier dans un pays aride, en première ligne du réchauffement climatique, où les manifestations de la soif se multiplient depuis 2017.
Après avoir assoiffé les habitants des pays en développement pour faire baisser les émissions de CO2 des Européens, il faudrait encore acheminer par bateaux ce nouveau pétrole jusqu’au Vieux Continent, en dépit des risques environnementaux en cas de naufrage de ces gigantesques cargos remplis d’ammoniac sous pression?

Jerry Espada - 10 février 2021 à 10:29 :
Les dessous du procédé de capture et de stockage du carbone (CSC).
https://reporterre.net/La-capture-et-le-stockage-du-carbone-un-remede-pi...
La CSC apporte un énorme avantage… aux compagnies pétrolières.
Le gaz carbonique injecté dans d’anciens puits de pétrole permet, par l’augmentation de pression dans le réservoir ou par fluidification, de faire remonter le pétrole qui y subsiste. Sur les vingt-quatre expériences de CSC en fonctionnement dans le monde, dix-neuf vendent le CO2 ou l’utilise directement pour l’extraction améliorée du pétrole (en anglais EOR pour Enhanced Oil recovery).
À Weyburn (Canada) par exemple, la CSC a permis d’étendre la durée de vie du gisement de pétrole d’une bonne vingtaine d’années et d’augmenter considérablement la quantité totale de pétrole extraite, une « formidable success story verte », titrait en juin 2020 le média JWN dédié à l’industrie minière et pétrolière.
À 33''03, l'exemple de la Saskatchewan (non pétrolier) à l'émission Découverte : https://ici.radio-canada.ca/tele/decouverte/site/episodes/512024/cyberat...

Jerry Espada - 11 mars 2021 à 10:31 :
L'hydrogène, une nouvelle filière énergétique canadienne? Alors qu'elle a été annoncée comme filière du futur en 1980, qu'en est-il aujourd'hui? C'est quoi? Comment on la consomme et la produit? - Audio.
https://ici.radio-canada.ca/premiere/balados/6108/ca-sexplique-balado-in...
À 5"42 :
- Avantages : une nouvelle économie à mettre en place.
- Inconvénients : techniquement difficile à maîtriser, stocker, transporter donc des infrastructures nouvelles à mettre en place exigeant de gros investissements alors que la demande pour ce produit n'est pas certaine. De plus, si l'objectif est de réduire la production de GES par son utilisation , il ne faut pas que sa production soit polluante. Il faut donc produire à partir de l'électrolyse pour produire de l'hydrogène vert.
À 10"10 :
C'est le bon moment de l'implanter, car les technologies sont moins chères que dans les années 80 et qu'il y a des engagements internationaux à décarboniser la planète.
L'Alberta est bien placée avec des coûts de production moins élevés.
À 14"15 :
Au Québec, inauguration en janvier 2021 de l'électrolyseur de Bécancour. https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1765941/hydrogene-bas-carbone-air-l...
Le Canada demeure en retard sur l'Asie et l'Europe. Le Canada investit 1milliard $ dans les énergies vertes pendant que l'Allemagne investit 9 milliards seulement dans l'hydrogène.
Le moyen le plus sûr et le plus facile de transporter l'hydrogène sera par pipe-line, mais l'acceptation sociale n'est pas simple surtout quand il s'agit de traverser la frontière américaine.