Quand l’élevage au pâturage est la seule option

L’élevage est souvent critiqué pour sa contribution au réchauffement climatique et les ruminants sont au cœur de ce procès. Dans cet article, l’auteure explore les avantages de l’élevage au pâturage et propose de dépasser l’idée d’une compétition entre cultures céréalières et élevage. Professeure en sciences animales à l'université d'État du Colorado, l’auteure a consacré sa carrière à visiter les quatre coins de la planète pour étudier les systèmes d’élevage et leur adéquation à leurs milieux. La mise au pâturage instaure selon elle un autre rapport entre l’animal et la terre et entre l’humain et l’animal. Ses recherches montrent que la mise au pâturage a un effet bénéfique sur la biodiversité des plantes. Lorsque combinée à des cultures (par l’entremise de rotations et de cultures de couverture), la mise au pâturage améliore la santé des sols, favorise la séquestration du carbone, la pollinisation et la biodiversité des insectes. Parallèlement, la transhumance et les déplacements induisent un rapport privilégié entre l’éleveur et ses animaux. Partout dans le monde, la chercheure a pu constater une attention prononcée pour le bien-être animal dans les systèmes d’élevage en pâturage.

Outre les avantages de l’élevage sur la biodiversité et la santé des sols, l’auteure a pu identifier de nombreux territoires plus propices à l’élevage (en pâturage) qu’aux cultures, que ce soit aux États-Unis (par exemple les Hautes Plaines semi-arides du Nebraska), en Amérique du Sud, en Europe, dans le grand Outback semi-aride de l’Australie, en Afrique, sans compter les vastes prairies chinoises, et ce même si dans certaines de ces zones, il faudra remédier au surpâturage par des pratiques d’élevage plus raisonnées. L’auteure souligne que la diversité des races est essentielle, car toutes ne sont pas également adaptées à survivre dans les mêmes climats. Il en est de même des systèmes d’élevage (par exemple, selon qu’il s’agisse de pâturages libres ou d’enclos, qu’il s’agisse de pâturages individuels ou collectifs, etc.). L’article insiste enfin sur un ensemble d’effets bénéfiques moins connus, comme la contribution des animaux de pâturage à la lutte contre la propagation des feux, les avantages croisés d’une mise au pâturage sur les vastes terrains utilisés pour des panneaux solaires et sa complémentarité avec les productions végétales, particulièrement en agriculture biologique, grâce aux fertilisants produits. L’auteure conclut sur l’importance de conserver des abattoirs régionaux dans une perspective de sécurité des approvisionnements et pense que le marché pour la viande d’animaux mis en pâturage et nourris à l’herbe sera appelé à se développer.

Les enseignements

La transition vers une alimentation moins carnée semble inéluctable, tant pour des raisons environnementales que démographiques. Mais cet article a le mérite de rappeler que les ruminants : vaches, chèvres et moutons, valorisent des milieux peu propices aux productions végétales et sont sources de nombreuses externalités positives. Il vient aussi rappeler qu’il n’y a pas « un » élevage, mais de multiples façons de le pratiquer. Certains de ces systèmes font sans conteste partie de la solution. Le fait de conclure l’article sur les abattoirs locaux est une façon pertinente de réfléchir au caractère intégré des ressources nécessaires à notre alimentation. 

pdf N°23, fiche n°4 – septembre – octobre 2022

Fiche n°4, Bulletin n°23 – septembre – octobre 2022
Rédaction : Stevens Azima & Patrick Mundler

Cette veille bibliographique vous est offerte par le groupe de recherche Agriculture, territoires et développement de l’Université Laval avec le soutien du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.