Équité territoriale : quelques repères québécois

La question de l'équité territoriale a été abordée il y a dix ans par Solidarité rurale du Québec sous différentes facettes.

• Par exemple sous l'angle des services de proximité et des conséquences sur le bien-être des populations qui n'ont pas accès à des services de base. On constate également les dangers de la spirale de décroissance qu'entraine une fermeture d'école par exemple, ce qui nuit à l'attrait de nouvelles familles, ce qui entraîne une décroissance démographique, ce qui fragilise davantage les services, etc.

• Une réflexion a également été menée sur milieux péri-urbains , soit des espaces non ruraux mais en périphérie des milieux urbains. Dans certains cas, ce sont des populations qui travaillent et consomment ailleurs, ce qui fragilise la proximité des services et l'autonomie territoriale. Ces municipalités seraient moins propices à un engagement de citoyens envers un développement endogène. C'est justement ce qui est observé présentement en France dans certains milieux ruraux qui ont gagné en popularité dans le cadre de la pandémie (ce qui a aussi un effet sur le prix des maisons). Le Monde diplomatique utilise l'expression gentrification rurale pour décrire cette situation.

• Dans le cadre de la politique nationale de la ruralité s'est formé un groupe de travail sur la complémentarité rurale-urbaine (décembre 2010). La solidarité et la réciprocité sont possibles seulement une fois que le respect et la reconnaissance existent, selon les auteurs. Ils définissent l'équité ainsi : "le principe d’équité réfère à un sentiment de justice qui, sur le plan géographique, vise à assurer à tous les mêmes conditions d’accès aux services publics, à l’emploi et aux divers avantages de la vie en société. L’équité vise donc à amoindrir les injustices sociales liées à l’organisation territoriale . Cependant, l’équité ne signifie pas que les modalités d’accès aux services sont les mêmes partout sur le territoire. La façon de livrer un service doit répondre aux caractéristiques propres à chaque territoire ."

• Toujours en 2010, SRQ publie un avis sur l'occupation du territoire , en énonçant quatre principes : l’équité, la subsidiarité, la modulation et la diversification. L'équité est ici définie sous l'angle de l'accès aux services pour les citoyens et le partage des ressources : "L’équité suppose la recherche d’un traitement équitable pour les citoyens, et ce, peu importe leur lieu de résidence. Cette recherche d’équité commande l’assurance d’une couverture adéquate en matière de services (santé, éducation, etc.). Pour desservir des pans entiers du territoire québécois, le rôle de l’État et de l’action collective locale demeure incontournable pour pallier l’insuffisance des mécanismes de marché ." Les auteurs émettent des recommandation, don une qui porte sur la modulation : "SRQ propose un traitement distinct pour l’adaptation des services publics visant à assurer un accès équitable sur l’ensemble du territoire. Ce traitement doit notamment comprendre la définition d’un panier de services de base et la modulation de leur financement." Une autre recommandation porte, justement, sur les complémentarités territoriales à différentes échelles (urbaine-rurale, métropole-régions, rurale-rurale, université-région, etc.) : "SRQ considère à cet égard l’importance de soutenir la diffusion des connaissances ."

• Un chapitre de cet avis porte sur les passerelles entre les territoires : "Le défi ne consiste pas à effacer ces différences qui font partie de la personnalité de chacune des composantes territoriales, mais bien de collaborer et de faire des choix qui misent sur la convergence, sur la coopération et les synergies pour bâtir un avenir et des solutions qui résorbent les disparités et tirent tous les territoires vers le haut." De telles passerelles doivent notamment s'articuler pour l'éducation, l'immigration, la culture, le développement durable et les technologies. Sur ce dernier points, on peut lire que "le réseautage collaboratif en ligne favorise les échanges d’expériences et enrichit les connaissances et les approches des professionnels de développement, comme c’est notamment le cas du réseau des agents de développement rural." Pour information, c'est ce même réseau des agents qui a servi d'inspiration pour le développement de Passerelles.quebec.

Alors, toujours d'actualité ces constats, dix ans plus tard?

Occupation du territoire : avis de SRQ (2010) Complémentarité rurale - urbaine : groupe de travail (2010)

Commentaires importés

Joël Nadeau - 3 décembre 2020 à 16:48 :
@Marie-Emmanuelle et @Anne-Marie, ce sont les documents dont on parlait un peu plus tôt et qui semblaient vous intéresser.

Marie-Emmanuelle Côté - 4 décembre 2020 à 16:40 :
Merci beaucoup Joël!

Olivier Brière - 11 décembre 2020 à 8:55 :
Je crois bien que ces constats sont toujours d'actualité. Est-ce que la pandémie aura des effets durables sur la réorganisation du travail, un peu comme l'anticipait Bernard Vachon. Jusqu'à maintenant, il y avait certainement un effet du télétravail sur l'établissement en région, mais là, on passe une grosse coche. D'autre part, si je suis convaincu de la nécessité du partage et du travail collaboratif, ce travail ne peut se faire seulement par des échanges virtuels. Il est nécessaire de bâtir un lien de confiance, de se visiter "sur le terrain", que s'opère une forme de réciprocité. J'observe que les échanges sont de moins grande qualité depuis que nous ne pouvons plus nous rencontrer. Alors, que garderons-nous au sortir de la pandémie? J'espère bien le meilleur de l'avant et du maintenant!

Anne-Marie Legault - 16 décembre 2020 à 9:49 :
Avec un peu de retard, merci beaucoup Joël!

Joël Nadeau - 16 décembre 2020 à 10:40 :
Bien d'accord avec toi sur la nécessité de se visiter!

Jerry Espada - 17 décembre 2020 à 16:40 :
En complément, le dossier Passerelles sur le futur des régions éloignées.
https://passerelles.quebec/publication/2020/quel-futur-pour-les-regions-...