Atelier #10 - L'autonomie durable et inclusive : une avenue pour repenser nos économies locales et régionales

28 mars 2024, de 13h30 à 15h30

Cette conférence s'inscrit dans la série d'ateliers sur la transition socioécologique organisés par les Ateliers des savoirs partagés de novembre 2022 à avril 2024.

Conférenciers.ères

  • Steve Joncoux, chercheur et chargé de projets au Laboratoire en innovation ouverte du Cégep de Rivière-du-Loup et coordonnateur de FabRégion BSL.
  • Marie-Hélène Lagueux-Tremblay, animatrice locale pour les ASP à Saint-Valérien, agricultrice et étudiante à la maîtrise en agroforesterie à l’Université Laval;
  • Maxim Tardif, codirecteur volet Innovation et transfert de technologie en produits forestiers non ligneux (PFNL) et agroforesterie chez Biopterre.

Déroulement du webinaire

00:30 Présentation de l’atelier

02:00 Présentation des intervenant·es

03:30 Présentation de la démarche FabRégion BSL, par Steve Joncoux

04:15 La vision de FabRégion

  • En 2054, 50% des besoins fondamentaux - se nourrir, se vêtir, se déplacer, se loger - toutes sont comblées de manière locale.
  • Principes directeurs de la démarches:
    • Mettre le respect de l’environnement aucoeur de toutes nos décisions
    • Favoriser l’égalité, la diversité etl’inclusion
    • Se réapproprier l’économie pour la mettreau service des communautés
    • Valoriser la culture de collaboration et deconcertation du Bas-Saint-Laurent
    • Partager des idées et informations à l’échelle internationale
    • Améliorer la capacité de résilience descommunautés territoriales

5:35 Présentation des participant·es, du fonctionnement, de la coordination et du financement.

06:23 Définition du concept d’autonomie

  • Une collectivité qui répond aux besoins essentiels de sa communauté, et ce, de manière autonome, durable, inclusive tout en respectant les limites environnementales globales et en ne compromettant pas l’autonomie d’autres collectivités.
  • Réduire notre dépendance à une économie mondialisée.
  • Politisation de la démarche qui vise à augmenter notre pouvoir d’agir, reprendre du contrôle sur nos vies.

8:15 Présentation des 8 dimensions de l’autonomie

Diapo5_8dimensions de l'autonomie_Steve_Joncoux
  • On ne vise pas une autarcie refermée sur soi-même. Pendant des années, les pays du Sud ont démantelé leurs moyens de production pour répondre aux besoins du Nord… Il faut donc réfléchir à un processus qui tienne compte de cette nouvelle réalité.
  • On ne fait pas une autonomie, pour les gens, mais avec les gens.

12:10 Comment repenser le système

  • Repenser le système économique en fonction de la consommation plutôt qu’en fonction de la production.
    • Le cœur du système repose ainsi sur la consommation régionale.
    • Aujourd’hui, nos besoins sont déconnectés de notre capacité de production locale. Il nous faut donc repenser comment on répond à nos besoins et trouver des alternatives soutenables localement.
  • besoin d’évaluer nos ressources disponibles localement.
    • repenser la production en fonction des matières premières disponibles localement.
    • produire ce qui répond à nos besoins essentiels.
    • besoin de mettre en place des circuits de distribution de proximité
  • besoin de recentrer nos exportations sur des produits qui ne peuvent pas être produits ailleurs (ex. le sirop d’érable)
  • besoin de recentrer les importations sur des produits essentiels qu’on ne peut pas produire localement. 
  • besoin de mieux gérer nos déchets : 4 R = refuser, réduire, réparer, réutiliser

19:00 L’exemple de la filière ovine, par Marie-Hélène Lagueux-Tremblay

  • Le Forum sur les abattoirs régionaux servira d’exemple pour illustrer le schéma de FabRégion (Repenser le système économique à partir des besoins de consommations dans une perspective de circularité).
Filière ovine du BSL à partir du schéma de FabRégion, réalisation Marie-Hélène Lagueux-Tremblay
  • Consommation régionale : 
    • Besoin d’un changement culturel
    • Besoin d’améliorer la mise en valeur de la viande locale
    • Besoin de favoriser le bien-être animal, de réduire le déplacement des bêtes.
    • 51% de la viande ovine consommée est produite au Québec.
    • On ne consomme que certaines pièces, au lieu de manger toute la bête. 
  • Ressources régionales
    • Territoire propice à l’agriculture fourragère (plantes pérennes qui peuvent stocker le CO2)
    • Besoin de renaturaliser les bergeries (permettre aux bêtes de retourner dans les pâturages).
  • Production
    • 14% des producteurs ovins sont au BSL, alors qu’on ne compte que 2.3% de la population.
    • Possibilité d’exporter dans d’autres régions.
    • Encan qui envoie des bêtes à Montréal pour l’abattage… pas optimal.
    • On exporte à l’international, alors qu’on ne comble pas notre consommation au Québec… Et qu’on doit combler avec d’autres importations internationales - non optimal.
    • Actuellement, aucun débouché pour la laine ou la peau d’agneau.
    • Une seule entreprise permet de revaloriser les viscères - non optimal.
  • Distribution
    • Découpe pourrait rester dans la région.

29:20  Déploiement des filières de culture innovantes au BSL, par Maxim Tardif, Biopterre

  • L’étincelle initiale vient du souhait de faire bénéficier le BSL des PFNL et de supporter la mise en place et le développement de ce secteur.
  • Biopterre a été mandaté pour faire un portrait diagnostique du secteur, plus précisément de la structuration et de la gouvernance des PFNL.
  • 2014: Tournée des MRC pour avoir un aperçu des acteurs des PFNL sur le territoire. Portrait diagnostique disponible - https://mycokamouraska.com/wp-content/uploads/2020/06/Diagnostic-Fili%C3%A8re-PFNL-du-BSL-2015.pdf 
  • 2015: Mise en place un comité pour rassembler les acteurs intéressé·es à développer ce secteur et représentant chacune des MRC.
    • a permis la création d’une vision inclusive par le comité.
  • 2016: Organisation d’une journée réflexion avec +100 personnes (élu, agent de dév., citoyen·nes, entreprises, …)
    • a permis d’expliquer la filière des PFNL
    • a permis de rassembler les gens au travers des projets communs à l’échelle du BSL tout en conservant une couleur régionale par MRC
    • a permis de lancer 10 projets de cultures
    • a permis d’identifier la noisette comme culture emblématique forte du BSL
    • a permis d’identifier une 2e culture, celle du genévrier, comme culture fort de la région.
  • 42:30 Les cultures innovantes ont nécessité de développer une recette pour mettre en place ces cultures
    • ce sont 8 projets qui ont été acceptés et 3 projets en attente d’approbation depuis 10 ans
    • très peu de leviers pour financer ce type de culture
    • La recherche et les projets de recherche représentent un levier important pour le CTTTT, et ce, notamment au travers le CRSNG.
    • ont eu besoin de démarrer rapidement le déploiement d’une stratégie technico-économique et commerciale pour assurer la création d’un marché de consommation pour rentabiliser de cette filière
    • Nous sommes ici face à une approche qui part de la production et de potentialité du territoire, plutôt que la consommation tel que présenté par FabRégion. 
  • 47:00 Le financement est le nerf de la guerre
    • Quand un projet de recherche est déposé, on demande aux acteurs qui s'intéressent à la recherche de contribuer financièrement (entreprise, SADC, MRC), en nature ou en argent, et ce, afin de réduire les risques.

Période de questions et de discussion

  • 51:28 Les mécanismes de collaboration et de travail collectif dans le BSL ?
    • Travail et concertation en amont. Ce sont des réseaux et des liens qui se tissent petit à petit, depuis les débuts de la démarche il y a quatre ans
    • Il y a diverses occasions (dont les ASP) de se parler et de faire des liens.
    • Le BSL est un grand territoire, mais avec peu de monde. Donc on se retrouve sur différentes tables et les réflexions à l’échelle régionale se mettent en place rapidement. Il est pour nous nécessaire de travailler par l'échelle de la région, et pas seulement par territoire de MRC souvent trop petit.
    • La question du temps es timportante. Le temps de faire les bonnes connexions, le temps que tout se place, ça prend du temps. Penser à la pérennité, prendre le temps de créer des liens durables.
  • 59:20 Avec FabRégion, comment ça change les modèles d’affaire
    • Le déploiement de la filière de la noisette et du genévrier a été réfléchi de façon un peu plus traditionnelle. En fonction de la structure du FARR. Réalisation d’une étude de marché. Identification des produits (pour la rentabilité). Chaîne de valeur, besoin en équipement. Aller s’inspirer ailleurs.
  • Est-ce que ça peut entrer en conflit avec les cadres de libres échanges?
    • Question du besoin de consommation. Penser à la consommation et penser à la distribution, avant de penser au besoin de consommation. On utilise une infime partie d’un animal comme le bœuf. Achat d’un animal au complet, besoin de production à la base serait beaucoup moins élevé.
    • Oui, ça peut entrer en conflit, car le libre échange génère bcp de contradictions. L'hyperspécialisation des territoires est le réel problème, car génère le besoin de libre échange, pour faire circuler les produits. Le limiter pour qu’il soit plus supportable.
    • Les prix ne reflètent pas les coûts de production d’une localité.
  • 1:06:00 La détresse des intervenant·es en agriculture on la ressent. Comment les agriculteurs peuvent-ils faire progresser leurs pratiques, tout en demeurant pris dans une économie de marché ?
  • 1:11:00 Le Grand dialogue est un beau véhicule au Saguenay. La façon dont on aborde les choses (également pour le fabRégion) est de comprendre et distinguer les réalités (politiques, par exemple) particulières d'une région Ex: Politique de l’autonomie parle aux élus dans le BSL. Parler d’autonomie durable, et petit à petit amener la notion de transition socioécologique. Il faut faire cheminer les idées et créer les liens.
    • Au niveau des projets filières. Partir du point de départ. pas d’attente. Travailler avec les gens qui avaient le goût de travailler. Y aller petit, y aller avec une vision progressive (on ne révolutionne pas le monde en peu de temps).
    • Point de vue agricole : tendance de s’associer entre producteurs pour s’associer pour défendre leurs points. Travailler en filière, un changement de mentalité pour travailler ensemble, réelle collaboration. 
  • 1:17:20 Quand on présente l’idée d’autonomie, est-ce que ça fait peur aux décideurs
    • ça créer des frictions. Rare que le schéma soit présenté. Il faut avoir un espace et du temps pour entendre les commentaires et les craintes des gens. Possible de les désamorcer la plupart du temps. On ne vise pas l’autonomie totale, ex. réduire la filière laitière est plus entendable. Le meilleur discours ?? 
  • 1:21:30 Comment appliquer ça dans une réalité où les producteurs sont propriétaires? convaincre les élus régionaux, mais aussi les producteurs (libre arbitre au niveau des producteurs)
    • Comment accompagner des secteurs dans la transition socioécologique, exemple en France chez les stations de Ski. leur réalité ne pourra pas durer pendant plusieurs années, donc il faut faire une transition.
  • 1:24:00 La notion de temps, il y a quand même urgence, mais il faut prendre le temps de bien faire. Comment on fait pour s’attaquer au narratif, au changement d’habitudes? Le lien avec les autres régions, comment on fait? tout ça s’inscrit dans un soutien monétaire traditionnel, avez-vous explorer des scénarios dans lesquels le financement s’arrête?
    • le temps : On doit prendre le temps, il ne voit pas comment on pourrait aller plus rapidement. Ce qu’on veut c’est durer, il faut prendre le temps de placer les choses.
    • financement: Objectif est de permettre au futur producteurs d’être stable financièrement le plus vite possible. Outils, accompagnement et désir d’innover pour y arriver.
    • La question du temps est un enjeu majeur. Toutes les tentatives d’accélération qui ont été faites par FabRégion ont échoué. La question du temps est reliée à la question des objectifs. Exemple, vision et objectifs pour 20 ans à attendre. Si l'ambition est grande, les petits pas permettent de s’y rendre.
    • L’urgence permet de se rassembler, d’innover. État de crise et de fragilité a un effet sur l’action collective. Avec une volonté politique, ça pourrait avancer plus vite.
  • 1:33:00 Présentation de Multitude
  • 1:34:00 Réflexion sur comment arrimer, mettre en commun. Les besoins sont tellement énormes. Notion d’inclusivité : vous êtes tous les bienvenus autour de la table. Ça fonctionne et ça se maintient.

L’importance de la recherche, est-elle bien comprise à l’échelle des élus. Est-ce qu’il y a une reconnaissance à ce niveau pour investir des montants plus importants? 

  • Intégrer le politique dans les réflexions, dans ce qui fait. communiquer les bonnes nouvelles, effet d'entraînement. il faut convaincre les élus, les sensibiliser et ils deviennent des alliés
  • reconnaissance et intérêt des milieux de la recherche pour les projets 
  • Les élus embarquent tant que ça ne remet pas en cause la vision actuelle du développement. 

Mettre de l'avant la voie des Communs!

Bel exemple d’une démarche de Commun avec la  ferme Cadet Roussel et la Bonté de la Vallée - Identification du montant nécessaire pour fonctionner, produire les légumes et payer les travailleurs - demande au milieu (entreprises, organismes, etc.) d’amasser cet argent. Les productions sont ensuite donner, distribuer aux gens qui en ont besoin pour se nourrir.

Le modèle actuel ne peut répondre aux enjeux, il faut en créer un intégrant les communs.

Comment travailler sur tous les fronts en même temps?

Pour en savoir plus

Biopterre (2024). Filière de la noisette au Bas-Saint-Laurent. En ligne.

FabRégion Bas-Saint-Laurent (2024). L’autonomie régionale, tel que vue par FabRégion Bas-Saint-Laurent, En ligne.

Boisvert, M. (1996). La production textile au Bas-Saint-Laurent. L’exemple Laurentien. Cahiers de géographie du Québec, 40(111), 421–437. Profil historique

IREC (communiqué) - Usine de défibrage au Bas-Saint-Laurent : le projet franchit une étape supplémentaire - 5 mai 2022 

IREC (rapport) (2023). Les filières de produits au coeur de l’autonomie alimentaire : analyse et propositions pour une politique bioalimentaire structurante

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Intégré par Marie-Ève Lavoie, le 28 mars 2024 13:26

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28 mars 2024

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10 avril 2024 13:12

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