Dans le cadre d'une rencontre de la communauté de pratique en santé et mieux-être au travail de l'Outaouais, nous avons dédié une séance au thème du droit à la déconnexion. Cette question importante dans un monde où la technologie nous envahit, a été explorée par l'invité Guy Desrosiers, de Capsana. L'objectif était d'amener une réflexion collective sur les défis liés à l'hyperconnectivité, et sur les stratégies à adopter pour préserver la santé mentale et physique des travailleurs et travailleuses.
Une relation plus saine avec la technologie
Tout d’abord, il ne s’agit pas de diaboliser l’utilisation des technologies, mais bien de développer une relation plus saine avec elles. L'hyperconnectivité, que nous vivons tous, est devenue une norme sociale. Chaque notification, chaque alerte pousse à une attention constante, et cette surcharge d’information génère ce qu’on appelle la fatigue numérique. Pour éviter les risques associés à cette hyperconnectivité, il est crucial d’apprendre à équilibrer l'utilisation des technologies et de préserver un espace de déconnexion.
Les défis au travail : multitâches et surinformation
Dans un environnement où l'information est omniprésente, la concentration devient un défi majeur. Les travailleurs et travailleuses sont constamment sollicités. Le multitâches, loin d'être une solution, devient une source de contre-performance. L’impact de cette surcharge cognitive et de la pression de performance est souvent sous-estimé. Le cerveau humain a besoin de moments de détente, de rêverie, pour maintenir son efficacité.
Le droit à la déconnexion est donc un mécanisme essentiel pour éviter que le travail ne prenne trop de place dans la vie personnelle, notamment en contexte de télétravail où les frontières sont floues. La déconnexion est aussi un outil puissant pour réduire le stress et préserver un équilibre de vie sain.

Stratégies à adopter en milieu de travail
Pour instaurer une politique de déconnexion efficace, plusieurs pistes ont été proposées:
- Comprendre le phénomène de "prise en otage" : Il est primordial de briser l'effet du FOMO (fear of missing out), qui pousse à une disponibilité permanente, et d'éliminer les automatismes liés à la technologie, aussi bien dans la vie professionnelle que personnelle.
- S’outiller correctement : Mettre en place des outils et des formations pour que chacun-e puisse gérer de manière plus responsable son usage des technologies.
- Responsabilité partagée : La déconnexion n'est pas une responsabilité uniquement individuelle ou organisationnelle, mais doit être partagée entre tous.
On remarque également une pression sociale plus élevée lorsque les outils numériques sont utilisés à la fois dans la sphère professionnelle et privée, ce qui complique la gestion des temps de déconnexion. Il est essentiel que la direction communique de manière claire et cohérente sur le droit à la déconnexion, et puisse non seulement le permettre, mais aussi l’encourager.
Exemples de mise en pratique
Lors des discussions en groupe, deux exemples de milieux de travail ont été présentés :
- Milieu de travail 1 : Une organisation tente de créer une politique de déconnexion, mais rencontre des résistances. En particulier en raison des attentes de la clientèle qui pousse à répondre aux messages le soir. La politique entre aussi en conflit avec la culture de l'instantanéité présente dans l’organisation. Pourtant, des délais de 48 heures sont déjà acceptés. La culture du "tout de suite" reste un problème majeur.
- Milieu de travail 2 : Une autre organisation a opté pour une ligne directrice plutôt qu’une politique stricte. Cette approche plus souple permet de contrer la résistance, tout en encourageant un équilibre entre vie professionnelle et personnelle.
Sensibilisation et information : la clé du changement
Un des principaux obstacles à la mise en place d’une politique de déconnexion efficace est le manque de sensibilisation aux effets négatifs de la surcharge numérique. En effet, les conséquences de la fatigue numérique ne sont pas toujours visibles à court terme, mais peuvent affecter la productivité et la santé à long terme. Il est crucial d'informer les équipes sur les risques associés, comme la fatigue cognitive et les troubles musculosquelettiques, et sur les effets néfastes de la sédentarité.
Une des solutions proposées est d’amener ces données probantes dans l’organisation pour sensibiliser les travailleurs et travailleuses aux effets potentiels sur leur bien-être.
Réflexions sur la politique de déconnexion
L’élaboration d’une politique de déconnexion efficace demande de prendre en compte plusieurs éléments :
- Hiérarchie et obligations : Une réflexion est souvent nécessaire sur les priorités et la manière dont on peut continuer de répondre aux exigences du travail, souvent différente selon la hiérarchie, tout en favorisant la déconnexion. Il faut aussi définir les situations d’urgence où les outils numériques peuvent être nécessaires, choisir quels types d’outils sont à utiliser, de façon à limiter les canaux.
- Le contrôle du numérique : Le numérique, censé nous simplifier la vie, est devenu une source de dépendance. Il est crucial de reprendre le contrôle sur nos outils numériques pour éviter de devenir esclaves de la technologie. La souplesse doit être au cœur des stratégies mises en place.
Avoir un contrôle sur l'utilisation de la technologie, ça fait du bien! - Guy Desrosiers
Conseils pratiques pour réduire l’hyperconnectivité
Pour conclure, plusieurs stratégies personnelles ont été partagées pour aider à réduire l’addiction au cellulaire et à mieux gérer son temps d'écran :
- Ajouter des limites de temps d'écran
- Passer en mode "écran gris"
- Mettre les appareils en veille le soir
- Désactiver les notifications, bannières et pastilles d'alerte
Ces petites habitudes, lorsqu'elles sont intégrées au quotidien, peuvent contribuer à réduire le stress numérique lié au cellulaire.
Conclusion
Le droit à la déconnexion est bien plus qu’une simple tendance ; il devient une nécessité pour préserver la santé mentale et physique des travailleurs et travailleuses dans un monde toujours plus connecté. Pour que cette déconnexion soit effective, il est crucial que chaque organisation prenne conscience des enjeux et adopte des stratégies souples, adaptées aux réalités de chacun-e. Au final, reprendre le contrôle sur nos outils numériques, c’est reprendre le contrôle sur notre bien-être.
Ressources:
Présentation de Guy Desrosiers:
- Capsana en milieu de travail
- Pause ton écran
- Livre : le stress au travail VS le stress du travai
- Vivala – Laurie Michel : https://vivalaoffline.com
- Camille weber Lin : https://panserlentreprise.com/
- https://praxis.encommun.io/n/8CVW7oKAv7xfR6nLHcHd7qwzXo8/
- https://praxis.encommun.io/n/WmdRgqr2DpURMYu3UioG8L7XhGE
- Livre Game over