Pluraliser les façons de savoir

Crédit: Isadora Ayesha

Cette note est un témoignage de Yann Pezzini réalisé suite à sa participation à la Journée des savoirs ouverts 2024. Pour voir l'ensemble des témoignages, accédez au carnet Témoignages des participant·es à la Journée des savoirs ouverts 2024.

À mon arrivée au Conseil des Arts de Montréal, la salle est déjà vibrante de connexions humaines, de retrouvailles, de premières rencontres. Je me trouve bien chanceux de pouvoir libérer ma journée pour être ici et me nourrir de tout cela : les ateliers, oui, mais aussi l'effeverscence collective. Le discours d'ouverture met l'accent sur un point qui m'habite régulièrement : nous évoluons dans une société qui sur-produit et sur-consomme du savoir, toujours plus, et pourtant notre soif collective de savoir est toujours intact. Oui, cela en dit beaucoup sur la fameuse "économie de la connaissance", les savoirs étant devenus des avantages compétitifs, on se doit de tout connaitre. Mais peut-être cela revèle-t-il aussi que nous cherchons frénétiquement, dans les savoirs, les réponses aux "problèmes" qui nous habitent personnellement, aux crises complexes dans lesquels nous sommes plongés collectivement ? Et si, parfois, les réponses ne se trouvaient pas du côté des savoirs ? Et si nos situations complexes n'appelaient pas à des savoirs complexes mais à une prise de recul ? À une reconquête du sens et du sensé ? À des pratiques éthiques, sociales, relationnelles ? À des gestes qui portent en eux la trace de nos convictions, de nos vérités ? Des gestes qui savent. 

Qu'est-ce qui se passe quand on renonce à chercher la réponse, le savoir qui éclaire ? Peut-être entendons-nous davantage notre voix : nos doutes et contradictions, mais aussi nos convictions, nos élans et notre éthique personnelle. Finalement, serions-nous plus lucides ? 

À ce sujet, Jonathan Lapalme nous invitait à appréhender les limites de notre connaissance, nos zones d'ignorance, pour gagner en sensibilité et en sagesse collective.

L'atelier de Daphné Le Templier nous permettait, à travers l'art du fanzine, de développer un rapport plus sensible à nos productions/publications, et d'oser exprimer nos savoirs d'une façon non conventionnelle. 

Dans l'atelier que j'ai animé avec Adèle Renon, nous invitions les participant.e.s à questionner (et se défendre contre) l'emprise du langage managérial dans nos gouvernements, nos organisations et nos vies personnelles ; pour pouvoir retrouver des mots plus sentis, plus sensés, plus vivants. 

Une journée qui fait du bien pour mon petit cerveau, qui justement veut toujours combler les déficits de connaissances, chercher des réponses irréfutables dans les livres, chercher des citations d'expert.e.s pour appuyer mes propos, à adopter les bons codes qui rendent mes savoirs plus légitimes que les autres, etc... 

L'idée n'est pas de réfuter cela au complet (on a besoin de critères pour légitimer les savoirs), mais de pluraliser les systèmes de connaissances, comme nous y invitait Ceyda Yolgormez et Robert Marinov dans leur atelier. 

Merci à Projet Collectif pour cette journée nourrissante!

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Intégré par Yann Pezzini, le 27 octobre 2024 22:52

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Publication

28 octobre 2024

Modification

7 novembre 2024 08:38

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Pour citer cette note

Yann Pezzini. (2024). Pluraliser les façons de savoir. Praxis (consulté le 13 juillet 2025), https://praxis.encommun.io/n/ywm_vMMqMHLjgvBRyHslpKQbKL8/.

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