Les principes éthiques

La permaculture est une philosophie appliquée au moyen d'une méthodologie de design qui repose sur trois principes éthiques :

  1. Prendre soin de la terre
  2. Prendre soin de l’humain
  3. Partager équitablement

Ces principes sont représentés comme par 3 cercles qui s'imbriquent.

Nous désignons par le terme permaculture sociale la fusion des deux derniers principes qui sont souvent peu détaillés dans la littérature. Au premier abord, on pourrait penser qu'il s'agit simplement de prendre soin des êtres humains et de partager les récoltes, ce qui est effectivement le cas, mais ces principes nous incitent à aller bien au-delà.

Pour commencer, il existe une distinction importante entre les termes «équitable» et «égal». Telle que l'explique le Interaction Institute for Social Change 

La notion d'équité revêt une importance fondamentale. Elle repose sur les besoins plutôt que sur les stratégies. En fin de compte, que partage-t-on finalement? «Tout» : les intelligences, les idées, les prises de décisions, les rôles, la vision, la gouvernance, la gestion des ressources, les récoltes, les difficultés, les célébrations, et bien plus encore.

L’équité des principes éthiques

Ces trois principes éthiques agissent comme des boussoles orientant les projets relevant de la permaculture. Il n'existe pas de méthode unique pour mettre en pratique chacun de ces principes.

En observant de nombreux projets qui s'inspirent de la permaculture, il est courant de les considérer, au niveau théorique, comme étant d'égale importance. Cependant, lorsque l'on examine la diversité des thèmes abordés dans les projets relevant de la permaculture, il devient important de réfléchir à la manière d'adapter l'importance accordée à certains principes en fonction des besoins spécifiques de chaque projet, et ce, de manière équitable. Par exemple, pour un projet global de création d'une forêt nourricière au sein d'une communauté nourricière, il est essentiel de prendre en compte les trois principes en leur attribuant un niveau d'importance équivalent. 

Par exemple, dans le cas d'un projet de création d'une forêt nourricière visant à assurer notre propre autonomie alimentaire personnelle, il est évident que l'accent sera principalement mis sur les principes de prendre soin de la terre et de prendre soin de soi (qui est une composante de prendre soin de l'humain). Les principes de partager équitablement et de prendre soin des autres êtres humains peuvent sembler être en retrait. Cela ne signifie pas pour autant qu'ils doivent être négligés ou ignorés, mais leur mise en œuvre peut être moins pertinente dans un projet à caractère personnel. Par conséquent, la focalisation peut davantage se porter sur les techniques agricoles, les essais, le plaisir personnel et le bien-être, comme par exemple le partage de récoltes de pleurotes et d'amélanches de la forêt nourricière avec nos voisin·es.

Les principes d’attitude et de conception

Les principes d'attitude et de conception nous encouragent à adopter une posture active envers le monde et à utiliser une perspective spécifique pour concevoir nos projets permaculturels. Chacun de ces principes peut influencer notre comportement ou notre manière de percevoir le monde, en fonction de nos objectifs : améliorer notre attitude ou notre compréhension du monde.

Ces douze principes de David Holmgren, auxquels nous ajoutons un 13ème, sont interdépendants, formant un ensemble holistique. Ils encouragent un changement de comportement par la réflexion et l'interaction avec la nature, malgré notre incapacité à contrôler les éléments climatiques et les besoins des êtres vivants. Accepter la nature, ses saisons et son rythme fait partie de cette approche permaculturelle.

  1. Observer et intégrer
  2. Capter et stocker l'énergie
  3. Obtenir une production : rendement et efficience
  4. Appliquer l'autorégulation et accepter la rétroaction
  5. Utiliser et valoriser les ressources et les services renouvelables
  6. Ne produire aucun déchet : boucle vertueuse
  7. Conceptualiser de l'ensemble au détail
  8. Intégrer au lieu de séparer : le problème est la solution
  9. Utiliser des solutions lentes à petite échelle
  10. Se servir de la diversité et la valoriser
  11. Utiliser les bordures et valoriser la marge
  12. Face au changement, être inventif
  13. Avoir du FUN

Les zones de 0 à 5 en permaculture

Les zones présentent le découpage imaginaire d’un lieu afin de créer des zonages qui mettent en lumière un indicateur distance/temps d’intervention. Elles sont numérotées de 0 à 5. Ce concept de zonage permet d'éviter des dépenses inutiles d’énergie en minimisant les déplacements inutiles. Certains endroits nécessitent des visites fréquentes, voire quotidiennes, tandis que d'autres demandent moins d'attention. Évidemment c’est un découpage symbolique qui doit être adapté à chaque réalité.

  • Zone 0 - Elle représente l'endroit où l'on passe le plus de temps, comme la maison.
  • Zone 1 - Usage quotidien : c’est la zone cultivée qui demande du temps et des ressources. Elle offre une bonne production, comprenant le potager, la serre, le compost, les sources d'eau, etc. À mesure que l'on s'éloigne de cette zone, les besoins en temps et en ressources diminuent.
  • Zone 2 - Quelques visites hebdomadaires : cette zone englobe le poulailler et d'autres animaux, ainsi que le verger et la haie fruitière.
  • Zone 3 - Quelques visites par mois : cette zone comprend les cultures, les prairies destinées à la biomasse, les vergers et les haies. Les animaux de la ferme, tels que les vaches, les moutons, les chèvres, les chevaux, ainsi que l'étang, y trouvent leur place.
  • Zone 4 - Utilisation saisonnière : cette zone, semi-sauvage, demande peu de soins. Les animaux comme les vaches ou les cochons peuvent s'y nourrir de manière autonome.
  • Zone 5 - La dernière zone est réservée à la forêt sauvage, aux marais et aux tourbières, etc. Elle n’est pas touchée. Nous pouvons nous y promener, observer et apprendre.

Bien que les zones ne suivent pas nécessairement un ordre linéaire, il est essentiel de favoriser les échanges entre les milieux et les effets de bordures via des corridors écologiques.

En permaculture sociale, nous pouvons également attribuer des zones en lien avec le niveau de participation et de responsabilité des personnes. Par exemple, dans un projet collectif, les porteuse·urs de projets sont identifié·es comme faisant partie de la zone 0 ou 1 du projet. Les partenaires ou client·es de deuxième plan peuvent être associé·es aux zones 2 à 4 en fonction de leur niveau d’implication (que ce soit financière, physique, matérielle, temporelle, etc.). Pour finir, la zone 5, dite « sauvage », peut être associée aux personnes du territoire qui ne contribuent pas mais qui côtoient le projet (exemple des voisin·es d’une ruelle verte).

Nota Bene : Le lexique est limité. Aussi, le terme « zone » est employé dans d'autres contextes en lien avec le territoire. Par exemple, il fait référence aux zones de végétation (arctique, boréale, tempérée, etc.), qui sont des découpages géographiques à l'échelle du Québec, ainsi que aux zones humides ou autres, qui définissent des emplacements spécifiques ou des types d'écosystèmes. De plus, tout cela ne doit pas être confondu avec les zones de rusticité (5a, 3b, etc…).

Les zones en permaculture sont systématiquement distinguées par un numéro allant de 0 à 5, ce qui facilite leur identification.

La forêt nourricière

Une forêt nourricière, puisant son inspiration dans la nature, représente la création intentionnelle d’un écosystème abritant une variété de plantes comestibles ou bénéfiques pour l'humain et les autres vivants. Son aménagement ingénieux vise à générer une abondance de nourriture via un équilibre dynamique inspiré des écosystèmes forestiers naturels. Dans une forêt nourricière, la biodiversité est un élément fondamental pour assurer un équilibre au sein de cet environnement. Cet équilibre contribue à la production de nourriture, non seulement pour les humains, mais aussi pour les autres êtres vivants, tout en fournissant un habitat et un espace de reproduction pour ces derniers.

L'objectif sous-jacent d'une forêt nourricière est de créer un écosystème complet. Cela implique l'introduction de diverses espèces végétales, animales (dont la microfaune), bactériennes et fongiques, dans le but d'atteindre un équilibre autonome. Toutefois, lorsque des récoltes sont effectuées, comme la cueillette de pommes ou de poires, cela entraîne une exportation de ressources, nécessitant des apports extérieurs pour maintenir l'équilibre. Par exemple, l'introduction de poules à des moments spécifiques peut contribuer à enrichir le sol en fournissant des éléments nutritifs par leurs déjections. La clé de la fertilité dans une forêt nourricière réside dans la diversité et la complémentarité des stratégies, comprenant l'utilisation de plantes fixatrices d'azote, de plantes à croissance rapide produisant de la biomasse ainsi que l’implantation d'espèces spécifiques, qui favorisent un recyclage efficace ou une accumulation dynamique des nutriments. Cette approche engendre un système similaire à celui d'une forêt naturelle.

Les 8 strates d’une forêt nourricière

Lorsque nous parlons de forêts nourricières boréales, nous abordons la notion de strates végétales similaires à celles que l'on trouve dans une forêt naturelle. Il existe différentes classifications de ces strates selon la région du monde, mais ici nous proposons d'en distinguer huit. Bien entendu, ces strates peuvent être regroupées différemment, mais l'objectif est de parvenir à un consensus sur les termes utilisés dans ce livre.

  • Strate 1 : elle correspond aux grands arbres matures, tels que le noyer, ou des arbres typiques de la forêt comme l'érable, l’épinette ou le bouleau.
  • Strate 2 : elle est constituée d'arbres de plus petites tailles incluant de nombreux fruitiers grandeur standard et mi-nain, tels des pommiers, des poiriers, des aulnes, des noisetiers, etc.
  • Strate 3 : elle englobe les plantes grimpantes, parmi lesquelles on trouve au Québec des kiwis arctiques, des vignes, du houblon, la vesce, ainsi que des courges, des mûriers, et même les chayotes, qui peuvent grimper et dont les feuilles sont comestibles, bien qu'elles ne soient pas des plantes vivaces.
  • Strate 4 : elle se compose de grands arbustes atteignant généralement la hauteur d'un être humain, tel que l’argousier et le sureau.
  • Strate 5 : située plus bas, elle correspond à des plantes telles que les camerisiers et les cassis.
  • Strate 6 : elle regroupe les herbacées, notamment de nombreuses espèces de la famille des Lamiacées, les calendules, les tournesols ainsi que des tales d'orties, de verges d’or du canada, etc.
  • Strate 7 : elle concerne les herbacées très basses, telles que le trèfle blanc nain, le thym serpolet, ainsi que divers champignons.
  • Strate 8 : c’est celle du sol, englobant les tubercules de pommes de terre ou de topinambour, les racines de carottes, le mycélium des champignons, ainsi que les microorganismes du sol qui nourrissent l'ensemble de l'écosystème.

De surcroît, une forêt nourricière est principalement composée de plantes vivaces, bien que d'autres éléments soient tout aussi importants.

De plus, il ne faut pas négliger notre source de BRF (Bois Raméal Fragmenté) et de copeaux de bois de tout type. Pour une forêt nourricière de taille moyenne, il est envisageable de l’intégrer parmi les végétaux du design en implantant par exemple des saules, des noisetiers ou des aulnes qui seront dédiés à cela. Le BRF offre diverses applications, et en raison de sa grande valeur, nous le préconisons principalement pour servir de paillis ou d'amendement au pied des arbres dans le but de créer un humus riche existant naturellement dans les forêts. En ce qui concerne les copeaux de bois, leur utilisation dépend de l'espèce ; ils peuvent être disposés entre les rangées de plantations pour protéger le sol, ajoutés au compost ou même utilisés comme litière pour les animaux.

Cette définition est extraite des livres

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22 février 2024 16:16

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22 février 2024 16:17

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« [La permaculture est un mode] d'agriculture fondé sur les principes du développement durable, se voulant respectueux de la biodiversité et de l'humain et consistant à imiter le fonctionnement des écosystèmes naturels. (Elle est économe en énergie et en travail.) »

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Auteur·trice(s) de note

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8 juin 2023 14:08

Modification

9 juin 2023 10:22

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