Contexte et bases communes - Vers les Chantiers nationaux en développement des communautés

Faits saillants des États généraux en développement des communautés. Du Tour d'Horizon au Rendez-vous national: en route vers les Chantiers.

Nous y revoilà enfin !
Après plus de six mois du Rendez-vous national, nous voici en route vers le lancement des chantiers nationaux du développement des communautés.

Par Opération veille et soutien stratégique
et le Collectif des partenaires en développement des communautés

Le contexte

Depuis leur lancement à l’automne 2021, les États généraux sont au service des communautés pour qu’elles puissent se mobiliser et se réfléchir dans une perspective territoriale, surtout au sortir des mesures sanitaires mises en place dans le contexte de la pandémie qui sont venues bouleverser nos manières de vivre, de travailler (ou pas) et de se concerter pendant deux ans. Ceci a également créé un contexte d'anticipation de perturbations majeures à venir en raison des dérèglements climatiques. Le but de cette grande démarche nationale est de partir des territoires et de ce que leurs communautés disent au sujet de leurs besoins, leurs enjeux, leurs aspirations et leurs défis, de récolter et analyser leurs propos puis de les mettre au jeu dans une grande conversation collective sur ce qu’il nous apparaît essentiel pour l’avenir du développement des communautés au Québec. Jusqu'à maintenant, cette grande démarche est composée de trois grandes étapes: le Tour d'horizon, le Rendez-vous national puis, nous assistons présentement au lancement des Chantiers nationaux du développement des communautés.

Pendant le Tour d’horizon, le Collectif des partenaires en développement des communautés (Collectif) est allé à la rencontre des territoires en leur disant : « allons marcher ensemble, là où tu marches déjà, si ça te tente, et raconte-moi le développement des communautés chez toi. Racontez-moi ensemble votre histoire collective, et je vous partagerai des outils adaptés pour le faire. ».

Cette stratégie de recherche et d’animation a permis d’élaborer des outils adaptés aux contextes et besoins des territoires rencontrés, ce qui s’est avéré utile et structurant pour la concertation même des démarches. Voici des exemples de retombées observées lors de l'évaluation de la démarche: solidifier des initiatives collectives en cours, renforcer et élargir des partenariats, permettre à des collectifs locaux de se positionner et de se doter d’une vision plus large. Ceci est venu structurer et solidifier les démarches de concertation intersectorielle et territoriale en raison de sa posture de recherche, d’apprentissage et d’accompagnement qui a pris comme point de départ les enjeux spécifiques, les langages, les contextes et les besoins des milieux, - bref, ce qui existe déjà - et en considérant les milieux comme les premiers experts du DC. Ainsi, leur motivation première à prendre part au Tour d'horizon a été de le faire pour profiter du soutien du Collectif, plutôt que de le faire simplement pour répondre aux questions de recherche de la démarche des États généraux.

En colligeant les constats de tous ces parcours, le Tour d’horizon a permis une grande mise en commun des défis, des enjeux, des forces et des pistes de solutions issus des territoires, des acteurs collectifs et des secteurs d’activités (culture, économie, social, politique) du développement des communautés, généralement isolés les uns des autres. De cette mise en commun et structuration de l’écosystème du DC, il s’est dit pendant le Rendez-vous national qu’il serait le temps de se réfléchir ensemble, pour se donner encore plus les moyens d’agir collectivement.

Ce Rendez-vous national a eu lieu il y a six mois déjà et il en est ressorti une grande impulsion de travailler ensemble au nom des enjeux communs qui nous touchent dans nos communautés, à travers nos populations, nos secteurs d’activités, tout palier territorial confondu. Aujourd’hui, six mois plus tard, ce sont cinq chantiers identifiés ensemble lors du Rendez-vous national, qui sont lancés:

• Bases communes
• Équité territoriale
• Ancrages financiers et institutionnels
• Transition socioécologique
• Pérennisation des ressources humaines et renforcement des pratiques

Un regard sur le développement des communautés au Québec

Nous pensons qu’il est temps de poser un regard actuel et collectif sur l’évolution des structures et des pratiques de concertation, marquée par l’arrivée de nouveaux modes de financement et la complexité de plus en plus grande des enjeux transversaux et populationnels jugés centraux au développement des communautés. Nous nous intéressons également aux façons d’imaginer de nouveaux possibles en fonction de cette diversité des configurations de la capacité d’agir des communautés, de la diversité des populations aussi, dans un souci d’équité territoriale et dans un contexte de profonds bouleversements liés aux crises socio-environnementales en cours et à venir. La réponse à la pandémie a prouvé la résilience que les communautés concertées offrent dans un contexte de crises.

Conversation et intelligence collectives au menu du Rendez-vous national

Pour arriver à cette conversation collective et y verser la richesse de notre intelligence partagée afin d’aller un peu plus loin dans nos réflexions, nous vous invitons à une posture d’ouverture à la diversité, à l’inclusion et au bien commun, les valeurs centrales de l’événement national et des chantiers subséquents.

Mettons nos idées et expertises en commun au-delà de nos clivages et différents découlant de la multiplication de nos appellations, regroupements et réseaux de développement social, développement collectif, développement communautaire, développement territorial, développement des communautés, développement durable, organisation communautaire, transition socioécologique, innovation sociale, économie sociale et tous les autres qui auraient leur place dans cette liste. D’ailleurs, y aurait-il une nomenclature parapluie qui dépasse les particularités de chaque secteur dans laquelle tout le monde se sentirait à la maison? Ou est-ce qu’on assoit nos bases communes sur une panoplie d’appellations différentes, toutes aussi équivalentes les unes aux autres?

Dans tous les cas, l’objectif ultime de cette démarche est de développer une vision et une force plus grande que la somme de chacun.e d’entre nous afin de réfléchir ensemble aux conditions nécessaires pour amener les changements que l’on juge nécessaires dans chacune de nos communautés.

Les fiches

À partir des propos recueillis dans plus de 40 territoires locaux surtout, mais aussi supralocaux et régionaux, l’Opération veille et soutien stratégique (OVSS) a produit une première version de ces fiches thématiques en coconstruction avec le Collectif en octobre 2022. Elles ont eu comme premier but de présenter, au Rendez-vous national, les faits saillants du Tour d’horizon découlant des réflexions des participant.es aux démarches territoriales et des personnes qui ont accompagné la démarche.

Ces fiches thématiques ne sont pas une description exhaustive de ce qui se passe au Québec, mais plutôt un reflet des grands constats de ce qui s’est dit et réfléchi dans le cadre de la démarche du Tour d’Horizon qui s’est déroulée de septembre 2021 à juin 2022. Puis elles ont été rééditées en juin 2023 pour inclure les constats des ateliers de réflexion et de discussions menées durant le Rendez-vous national à la suite de la lecture et de l’analyse de la première version des fiches, à la lumière des expertises et connaissances que chacun.e des participant.e.s amenait autour de la table.

Ainsi, la version actualisée des fiches amène un deuxième tour de roue à de grandes discussions collectives dans le but d’augmenter nos capacités de réaliser le développement des communautés dans un monde de transformations rapides et imprévisibles, à des fins de bien commun, de justice sociale et de justice environnementale. Ces fiches se recoupent tout comme les thématiques qu'elles traitent.

L’implication et la mobilisation des personnes et des territoires dans cette grande démarche sont à l’image de l’écosystème du développement des communautés au Québec : multipartite et intersectoriel au-delà des clivages habituels, ancré dans un territoire, concerté et orienté vers une vision plus grande soucieuse du bien-être collectif des communautés et de leurs populations. Voici donc les thématiques couvertes par ces fiches :

• Dynamiques territoriales
• Équité territoriale
• Les différents paliers : local, régional, national
• Convergence et travail intersectoriel
• Gouvernance, leadership et leviers — 1 et 2
• Transition socioécologique
• Participation citoyenne
• Imaginaire des possibles
• Conditions de travail et roulement de personnel

Quelques définitions

Dans la première version des fiches, nous avions pris le temps de poser des définitions de base que sont : le développement des communautés (DC), acteur collectif et palier. Ces définitions sont tirées d’une production de l’OVSS sur les rôles et les paliers de l’action concertée [1]. Nous vous invitons à vous référer à ce document de l’OVSS ou à la première version de la fiche actuelle pour rafraîchir ces définitions.

Bases communes

Dans la version actualisée de cette fiche, il sera plutôt question des énoncés formulés durant le Rendez-vous national sur les besoins de se doter de bases communes essentielles pour arriver à asseoir discussions et actions collectives. Et d’y arriver sans nécessairement devoir taire ou faire fi des différences, des missions et des particularités sectorielles, territoriales, politiques, populationnelles et des acteurs collectifs impliqués. L’idée serait plutôt de tenter de trouver des dénominateurs communs - certains disent les plus petits, d’autres le plus grand - ou des multiplicateurs communs sur lesquels tout le monde pourrait s’entendre tant dans la définition de l’écosystème du DC que pour avancer dans l’action collective afin de venir répondre aux enjeux centraux du développement des communautés. Des bases communes au sein desquelles tous les acteurs collectifs du DC pourraient cohabiter dans la confiance, peu importe leur provenance, et ce, sans tomber dans des enjeux corporatistes.

Il y a un besoin de prendre le temps de faire cet exercice de définition commune, mais de le faire chemin faisant, sans attendre que tout le monde soit prêt et de se permettre d’avancer dans l’action même si une définition précise n’est pas arrêtée. Ceci permettrait de respecter les rythmes de chacun des acteurs collectifs, de s’adapter aux contextes sociétaux en constante mouvance, tout en évitant de tomber dans l’immobilisme. Il serait plutôt question de trouver des bases communes qui soient flexibles, inclusives et évolutives, et qui ne soient pas prescriptives, mais plutôt inspirantes, éclairantes (orienter) et mobilisatrices. Elles devraient également laisser la place au flou, à la diversité, à l’imprécision ainsi qu’aux tensions, à l’inconfort et aux divergences, et ce, afin de créer de l’espace pour la mouvance de nos territoires, des acteurs engagés, leurs réseaux et nomenclatures et de nos projets de sociétés.

Concrètement, à quoi ça ressemblerait si on se penchait ensemble sur des bases communes qui dépassent les appellations de développement des communautés, développement social, développement territorial, économie sociale, innovation sociale, etc. Est-ce qu’on définirait ces bases communes en fonction de nos valeurs communes, des injustices ou inégalités vécues au sein des territoires et des populations, des besoins fondamentaux, de nos désirs d’actions collectives ou de projets de société? Est-ce qu’on se définirait par nos actions collectives et leurs conséquences plutôt que par nos réseaux d’appartenance et de membrariat, nos sources de financement ou nos contacts? Ou plutôt en fonction d’une mise en commun de ce que les territoires locaux ont à dire sur eux-mêmes (bottom-up) afin d’en porter le message au palier national?

Il y a eu un grand appel à la considération de la diversité des perspectives et des manières de comprendre le monde et la vie. Par exemple, il y a de grandes différences entre les conceptions allochtone et autochtone du territoire (voir la fiche sur la transition socioécologique pour plus de détails sur le sujet). Il y a aussi eu une invitation à percevoir la culture comme manière d’habiter un territoire et de faire communauté, et donc que c’est la culture qui permet le développement des milieux, plutôt que la culture soit perçue comme comme quelque chose à développer au sein des milieux. La notion même de développement peut venir créer des clivages entre les acteurs collectifs d’un territoire en ne venant pas rapatrier à première vue ceux impliqués dans des visées de militance, d’action collective engagée, de transition socioécologique ou de changements systémiques.

Il a été dit au Rendez-vous national qu’au-delà de l’objectif de se définir ensemble, les bases communes devraient surtout avoir des répercussions concrètes. Les participant.e.s au Rendez-vous national ont posé le DC comme une forme d’action collective qui vise une population cible (ex.: les jeunes et un projet de maison des jeunes), une concertation intersectorielle (une table en réussite scolaire) et de l’action collective territoriale (une table de concertation qui réunit l’ensemble des acteurs collectifs d’un territoire ou d’une communauté impliqués de près ou de loin dans l’amélioration des conditions de vie des personnes de 0-17 ans).

Ainsi, une fois qu’on connait ce qui nous unit au-delà de nos différences et divergences, de bases communes nous permettraient-elles d’agir ensemble? Par exemple, de telles bases communes permettraient-elles de parler d’une seule voix aux élu.e.s et aux gouvernements locaux, régionaux ou national ? Est-ce que cela permettrait de simplifier les messages portés par le DC quand vient le temps de parler aux populations et aux multiples autres acteurs des territoires ? D’avancer de manière structurante et concertée dans de grands enjeux de société tels que l’équité territoriale ou la transition socioécologique? Ainsi, il serait important de garder en tête un équilibre à maintenir entre le besoin de se définir (et être reconnu) et le besoin d’avancer et de passer à l’action collective pour faire changer les choses de manière systémique, dans un contexte unique propre au Québec, et ce, sans laisser personne derrière.

Puis découlant de tout cela, se demander ensemble quels sont les rôles du Collectif des partenaires en développement des communautés au service de l’écosystème plus large du développement des communautés.

Fiche thématique produite en octobre 2022 par l’OVSS et le Collectif à la suite du Tour d’horizon des États généraux en développement des communautés, puis mise à jour en juin 2023 afin d’inclure les analyses et les discussions issues du Rendez-vous national des États généraux. Fiche produite par Maria Anastasaki et Pierre-Élie Hupé, avec l’aide de Yasmina Britel, Nadia Cardin et Gabrielle Simard. SOURCE