Qui sont les nouveaux arrivants en agriculture ?

Les personnes choisissant l'agriculture comme occupation sont issues d'une grande variété de milieux, apportant des points de vue et des expertises diverses. Qu’elles reprennent une ferme familiale ou qu’elles viennent de l’extérieur de l’agriculture, ces personnes font face à plusieurs défis de taille comme le manque d'accès au capital, à la terre et au logement. En Europe, comme en Amérique du Nord, les nouveaux agriculteurs bénéficient de soutiens publics ciblés, censés les aider dans leur phase de démarrage. Ces aides atteignent-elles leurs objectifs ? Pour bien répondre à cette question, la première étape est de définir qui sont ces nouveaux arrivants. Pour ce faire, les autrices de l'étude ont envoyé, en 2021, un questionnaire en ligne à de nouveaux agriculteurs issus de neuf pays européens ainsi qu'à des intervenants les accompagnant (conseillers, journalistes, chercheurs, etc.).

Pour 62 % des répondants, la définition de ce qu’est un nouvel entrant devrait inclure l'absence d'expérience agricole ou d'enfance passée dans un milieu agricole. Ce choix exclurait donc les enfants d'agriculteurs établis comme étant de nouveaux arrivants en agriculture. Pour 39 % des répondants, ce critère de nouveauté dans le secteur était même le seul mentionné. Ceci s’expliquerait par le fait que la relève non-apparentée ne bénéficie pas des ressources financières et matérielles ou encore des habiletés sociales et culturelles associées à l'appartenance à une famille agricole. Ce résultat est à mettre en contraste avec le fait que la majorité de l'aide aux nouveaux arrivants en agriculture en Europe est accordée à de la relève familiale. Un second critère est apparu dans 15 % des réponses comme un élément de définition des nouveaux entrants : leur caractère innovateur et leur capacité à apporter de nouvelles idées dans l’agriculture. De façon surprenante, très peu de répondants (7 %) ont identifié l'âge comme un critère déterminant, alors que ce critère est utilisé dans de nombreux pays pour spécifier qui sont les agriculteurs et agricultrices pouvant bénéficier des soutiens publics à l’établissement en agriculture. Enfin, encore moins de répondants (6 %) ont fait le lien entre les nouveaux arrivants en agriculture et le respect de l'environnement ou la durabilité, pourtant souvent associés à la relève agricole.

Les enseignements 

Alors que dans de nombreux pays, dont le Québec, on définit les nouveaux entrants par leur âge (40 ans maximum), les autrices soutiennent que les soutiens publics aux nouveaux arrivants en agriculture pourraient être adéquatement ciblés en fonction à la fois des objectifs gouvernementaux (justice sociale, innovation ou durabilité) et de la diversité des profils de ces nouveaux entrants. Cette variété des nouveaux entrants a aussi été constatée dans une enquête canadienne. Ce débat concerne directement le développement de l’agriculture de proximité, puisqu’il est de plus en plus établi qu’une part importante de ces nouveaux entrants s’oriente vers l’agriculture de proximité et la commercialisation en circuits courts. 

pdf N°27, fiche n°3 – juin – juillet 2023

Fiche n°3, Bulletin n°27 –  juin – juillet 2023
Rédaction : Marilou Ethier, Pascal Genest-Richard, Patrick Mundler

Cette veille bibliographique vous est offerte par le groupe de recherche Agriculture, territoires et développement de l’Université Laval avec le soutien du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec.