Rôles des acteurs locaux alternatifs et résilience des systèmes alimentaires du Royaume-Uni

Les systèmes alimentaires (SAs) font face à plusieurs risques et incertitudes qui ont le potentiel d’affecter l’offre et la distribution d’aliments. Les conflits mondiaux, les effets des changements climatiques et les crises sanitaires sont des exemples de chocs qui peuvent mettre à l’épreuve leur résilience. Plus particulièrement dans le contexte pandémique, il a été possible d’observer l’implication d’acteurs des SAs alternatifs (SAAs) pour pallier certaines ruptures dans la chaîne de distribution alimentaire traditionnelle. Des chercheurs du Royaume-Uni se sont intéressés aux représentations des acteurs traditionnels des SAs et des acteurs locaux alternatifs du Royaume-Uni quant aux rôles qu’occupent ces derniers et au niveau de résilience des SAs de ce pays dans un contexte de crise. Pour ce faire, ils ont procédé à une revue de la littérature ayant été publiée durant la COVID-19 et ont analysé les informations se retrouvant autant au niveau des publications faites par des acteurs traditionnels et gouvernementaux, que par des acteurs des SAAs.

Les acteurs oeuvrant dans les SAAs estiment que le SA dominant présente un faible niveau de résilience et qu’il serait nécessaire de multiplier les initiatives alternatives afin d’améliorer cette situation. Les causes de cette faible résilience résident dans la structure même du système conventionnel, qui s’appuie sur des économies d’échelle et l’abondance de l’offre d’aliments en tout temps. La littérature consultée par les chercheurs révèle que les acteurs locaux remplissent plusieurs rôles : fournir des emplois à la communauté, faciliter l’accès à des aliments sains, soutenir l’économie locale, etc. À l’opposé, les acteurs issus du système alimentaire conventionnel considèrent que celui-ci démontre une bonne résilience et que la période pandémique n’a pas causé de perturbation majeure. Plutôt que d’identifier les initiatives locales alternatives comme étant un moyen systémique d’améliorer le niveau de résilience des SAs, les acteurs traditionnels les perçoivent davantage comme un ajout intéressant, mais ayant des retombées spécifiques et limitées. Les représentations des deux groupes d’acteurs des SAs divergent donc en plusieurs points. La nécessité de réinstaurer des abattoirs de proximité et de mettre en place un système d’approvisionnement en aliments locaux pour les institutions publiques est cependant soulignée tant par les acteurs locaux que par les acteurs traditionnels.

Les enseignements

À l’instar du Royaume-Uni, le Québec a débattu de la résilience de son SA. Si la demande envers l’agriculture de proximité a considérablement - mais aussi temporairement - augmenté, plusieurs observateurs soulignent que le système de distribution traditionnel s’est toutefois montré résilient, malgré diverses frictions, notamment dans les lieux de transformation très centralisés et en flux tendu comme les abattoirs. Il est intéressant de constater qu’une crise comme celle de la COVID-19 a tendance au fond à renforcer les représentations des différents acteurs. L’accessibilité, la flexibilité et la diversification sont des caractéristiques favorisant la résilience d’un système. C’est en ce sens qu’il semble important de conserver un paysage agroalimentaire diversifié et de reconnaître l’apport des diverses initiatives alternatives.

pdf N°32, fiche n°3, avril - mai 2024

Rédaction : Marilou Ethier, Pascal Genest-Richard, Patrick Mundler

Ce bulletin vous est offert avec le soutien du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ).