3.1. Quels sont nos besoins techniques ?

Cette note fait partie du projet Normes de diffusion des arts médiatiques en ligne de l'Alliance des arts médiatiques indépendants (AAMI), un guide pratique pour soutenir la diffusion des arts médiatiques en ligne.

Ce document a été élaboré par la chercheuse Mariane Bourcheix-Laporte, en collaboration avec James King et un groupe de travail de neuf artistes médiatiques et employé·e·s du milieu culturel.

Équipement technique

La diffusion d’un événement en direct nécessitera certainement de vous fier à un logiciel, à du matériel informatique ou même une combinaison des deux.

Matériel informatique

Il s’agit de l’option la plus fiable, mais aussi la plus chère. Une solution matérielle pour la diffusion en direct d’un événement comprendra généralement plusieurs pièces d’équipement, ayant toutes un « rôle » dans la diffusion (ex. : audio, vidéo, etc.).

• N’oubliez pas que ce type d’équipement nécessite souvent d’être opéré par une main-d’œuvre qualifiée. Si cette option augmente la fiabilité de votre diffusion, elle en augmente aussi le coût total.
• Il est possible de louer de l’équipement, ce qui peut être une option intéressante lors de la phase de test afin de vérifier si c’est bien ce qu’il vous faut.

Logiciels

Il s’agit de l’option la plus flexible, autant au niveau du coût que des compétences initiales requises. Les solutions logicielles permettent généralement d’éviter les frais d’équipement et fournissent de nombreuses options créatives adaptées à la plupart des diffusions en ligne. Cela dit, le désavantage est que plus votre présentation sera complexe et dynamique, plus elle sera exigeante pour le système hébergeant le logiciel (c’est-à-dire votre ordinateur).

• Le matériel utilisé pour exécuter ces logiciels devrait être adapté aux besoins de la diffusion. Par exemple, une simple conversation Zoom avec un visuel superposé devrait être accessible à partir de la plupart des ordinateurs portables modernes.
• Cependant, une diffusion comprenant plusieurs personnes à distance, des clips vidéos, des entrées de caméras locales, etc., nécessiterait l’utilisation d’un ordinateur plus puissant.

Combinaison

La stratégie la plus efficace consiste généralement à combiner les logiciels et le matériel informatique. Cette solution offre plus de contrôle et permet de répartir la charge de traitement du système pour réduire le risque de panne. L’inclusion de plusieurs éléments logiciels et de matériel informatique peut augmenter la complexité de la diffusion (et renforcer le besoin d’un service technique professionnel), mais offrira en retour une plus grande gamme d’options lors de votre diffusion en direct.

Codec et formats de diffusion en continu

La méthode selon laquelle votre contenu doit être encodé pour la diffusion dépendra de ce que le logiciel ou le site d’hébergement prend en charge. La majorité des solutions logicielles ou matérielles de diffusion en continu prend en charge une variété d’options de codec, mais il est important de vérifier ce que votre plateforme peut prendre en charge avant de faire votre choix.

Actuellement, les options de codec pour la diffusion continue en vidéo sont les suivants :

Protocole RTMP

Il s’agit de l’option de codec de diffusion continue la plus vieille et la plus connue. Malgré que ce protocole n’ait pas initialement été conçu pour la diffusion vidéo, il a rapidement été utilisé à cet effet. Cette option est la plus commune, mais aussi la plus limitée (en termes d’options comme en termes de temps de latence) ; elle perd lentement en popularité.

Protocole TSL ou DASH

Il s’agit d’un codec de diffusion en continu moderne et adaptable. Il offre un moyen plus efficace de transfert de fichier vidéo, un temps de latence réduit et la possibilité d’intégrer plusieurs pistes audios (par exemple, en différentes langues) et/ou plusieurs options de sous-titres. C’est l’avenir des outils de compression vidéo.

Protocole SRT

L’option de type « Secure Reliable Transport » offre une liaison point à point utilisée par les diffuseurs pour intégrer la participation de personnes à distance ou pour transmettre des flux à d’autres locations pour la rediffusion. Cette méthode de transfert de fichier vidéo comporte un très faible temps de latence, mais le système peut s’avérer plus complexe à configurer ou à exécuter.

Lecteur/plateforme de diffusion en continu

Déterminez si vous avez besoin d’une plateforme « clé en main » pouvant offrir des services multiples comme la diffusion continue ou la billetterie, ou si un simple lecteur intégré à une page Internet répondrait à vos besoins.

Le « lecteur » sert de point d’atterrissage pour votre flux audiovisuel, qui peut être intégré à un site web par un·e webmestre. Bien que plusieurs aspects peuvent être personnalisés avec cette méthode (couleurs, éléments visuels, hyperliens, etc.), on n’y retrouve pas l’ensemble des options offertes par une plateforme typique. Cependant, il s’agit d’une avenue potentiellement moins coûteuse, puisqu’il existe des versions libres d’accès.

Formats de fichiers pour le mode sur demande ou la diffusion en direct

La compression est une étape cruciale du transfert de données en ligne. Ainsi, les formats de fichiers (codec) utilisés seront différents que ceux employés dans un environnement de projection en personne.

H.264

Le codec vidéo dominant est H.264. C’est le moyen le plus efficace de transférer des vidéos de qualité en ligne.

• Comme le débit binaire vidéo (le débit auquel les données sont transférées) pour la diffusion vidéo en continu se situe normalement entre 4000 et 8000 Kbit/s (pour la résolution HD), le débit de compression du fichier vidéo ne devrait pas excéder cette vitesse. Par exemple, un fichier Apple ProRes d’un débit de données de 145 Mbit/s (145 000 kbit/s) serait totalement inutile.
• Il est important de faire preuve de transparence avec les artistes quant aux enjeux et limites techniques des événements diffusés en direct. Les diffuseurs et les artistes devraient aborder l’impact de ces facteurs sur la diffusion de leur œuvre. Les fichiers sont diffusés à une certaine fréquence d’images par seconde qui doit être communiqué aux artistes concerné·e·s.
• Dans le cas d’une programmation comportant plusieurs éléments, il est recommandé d’utiliser un même type de compression vidéo afin d’assurer l’uniformité de la diffusion. Cela signifie que les fichiers devront probablement être convertis à l’avance. Les diffuseurs devraient aborder la conversion de fichiers avec les artistes concerné·e·s avant le moment de la projection.

Mise en place des mesures d’accessibilité/de géoblocage/de gestion des droits numériques (GDN)

Mise en place d’une plateforme unique et intégrée

Certaines plateformes ont des fonctions intégrées d’accessibilité, de géoblocage et/ou de gestion des droits numériques (GDN). L’interface utilisateur doit vous permettre de personnaliser, d’activer et de contrôler ces fonctionnalités. Cependant, assurez-vous que la plateforme que vous choisissez vous offre bien les options dont vous avez besoin !

Mise en place de mesures d’accessibilité par des tiers

Cette méthode est généralement déployée en redirigeant le flux vers un serveur tiers qui permet l’intégration de sous-titres en temps réel. Le système offre des sous-titres automatiques (ex. : apprentissage profond de Google) ou des sous-titres produits par des services professionnels. Pour plus d’informations, veuillez consulter la section sur l'accessibilité ci-haut.

Géoblocage par des tiers

Cette fonction est habituellement offerte par un lecteur ou une plateforme de diffusion (la plateforme via laquelle le contenu sera partagé avec le public). Notez qu’il existe des options d’hébergement avec des mesures de sécurités qui peuvent être appliquées en amont de la destination finale (comme les systèmes de diffusion continue Wowza). Le service choisi déterminera généralement la précision des restrictions géographiques pouvant être appliquées. Vous pouvez vous référer à la section sur le géoblocage et la gestion des droits numériques ci-dessus pour plus d’information.

Gestion des droits numériques (GDN) par des tiers

La méthode de gestion des droits numériques (GDN) utilisée est déterminée par le type d’utilisateur·trice ou l’appareil utilisé pour diffuser le contenu du côté du public. Par exemple, si le flux est diffusé sur un appareil Apple, il s’agit probablement d’un type de GDN différent de celui d’un appareil Android.

• Le déploiement du système de GDN peut se faire par redirection du flux, comme avec le sous-titrage, ou par l’intégration initiale d’un système de GDN à la plateforme ou au lecteur utilisé.
• La GDN nécessite normalement aussi le déploiement d’un système de billetterie. Cela peut être intégré à n’importe quel système d’accès choisi pour votre diffusion. Il est possible de déployer des mesures de protection en « accès libre » (c’est-à-dire une diffusion en direct gratuite avec système de GDN activé), mais le système est un peu plus compliqué à mettre en place.
• Bien qu’il existe des options de GDN plus universelles qui prennent en charge divers appareils, leur déploiement et leur intégration sont parfois complexes et/ou dispendieuses.

Mise en place de dispositifs d’accès du public (billetterie, laissez-passer, inscription, etc.)

Enfin, vous devez réfléchir à la manière dont vous allez gérer et assurer un suivi des personnes pouvant accéder à la diffusion. De nombreux services « clé en main » sont offerts via les plateformes de diffusion ou de manière indépendante. Veuillez également vous référer à la section 2.1.2.2. sur le public pour des renseignements pertinents qui vous guideront dans cette étape. Vous pouvez également garder à l’esprit les éléments suivants :

L’expérience des utilisateurs et utilisatrices

Est-ce facile de naviguer sur votre plateforme? Les membres de votre public connaissent-il·elle·s bien votre l’identité visuelle? Combien d’étapes doivent-il·elle·s compléter avant d’accéder au contenu ? Au moment de l’inscription à l’événement, recevront-il·elle·s une confirmation par courriel ? En cas de problème d’accès à la plateforme, quelles sont les services de soutien mis à leur disposition ?

Données

La tenue d’un événement est une belle occasion de mieux connaître votre public. Vous pouvez lui poser des questions directement dans le formulaire d’inscription ou utiliser les métadonnées recueillies pour analyser votre audience. Cependant, gardez à l’esprit que vous devrez protéger ces données personnelles !