La Contrée en montagnes dans Bellechasse - Les défis de la mobilisation et de la pérennisation

Présentation de Diane Chabot, conseillère en développement chez Développement économique Bellechasse et Daniel Pouliot, maire de la municipalité de Saint-Philémon. Atelier tenu dans le cadre de la Visite de Bellachasse - octobre 2023.

Mise en contexte et historique :

La Contrée en montagnes c’est un projet collectif porté par les élus et les citoyens de quatre municipalités frappées par la décroissance démographique et une perte des services de proximité:

  • Saint-Léon-De-Standon (1 127 hab.),
  • Notre-Dame-Auxiliatrice-De-Buckland (768 hab.),
  • Saint-Nazaire-De-Dorchester (363 hab.)
  • Saint-Philémon (714 hab.).

Germe du projet : une mission spéciale de Solidarité rurale en France avec des agents de développement rural fait naître chez Guy Boudreau l’idée d’une mutualisation de villages qui partage des services sans fusion. À son retour, il en parle aux élu.e.s sans suites immédiates.

L’occasion des Pactes ruraux (2002-2007) conduit au dépôt de 4 projets qui sont refusés, mais la réflexion commune amène une mobilisation et déverrouille la situation malgré l’absence de fonds.

Septembre 2009, les quatre maires mettent sur pied un comité de gouvernance accompagné par une équipe technique et un comité-conseil.

Juillet 2012, La Contrée en montagne de Bellechasse est constituée en organisme à but non lucratif (OBNL) afin de se donner les moyens de coordonner la mise en œuvre des priorités de développement de ces communautés et d’effectuer l’accompagnement ou la gestion de certains projets.

Différents projets attribuables à la planification stratégique de La Contrée voient le jour : camp de jour unifié pour les jeunes (été 2011), la Coopérative de solidarité Brasserie de la Contrée (janvier 2013), ouverture du Pub de la Contrée à Notre-Dame-Auxiliatrice-de-Buckland, de même que la coopérative de solidarité en permaculture les Choux gras.

Peu à peu la mobilisation s’effrite occasionnée par une baisse du temps d’accompagnement des OC, une rotation des maires et des agents de développement local, puis le départ à la retraite de l’agent de développement rural. Le projet a permis différents acquis dont le développement d’un langage commun et la capacité à cibler les enjeux communs et à mener des actions concertées.

Mise en contexte inspirée de la monographie Les Ateliers des savoirs partagés 2.0 dans Bellechasse

La Contrée en montagnes vue de l'intérieur

De l'intérieur, la Contrée en montagnes dans Bellechasse, c’était pour les maires participants à son démarrage en 2011, un laboratoire de formation; une occasion d'apprendre sur ce qui se faisait à l'étranger et de connaître les autres élus. Ça a développé une vision différente qui créait de l’enthousiasme entre les acteurs. Les maires ont appris à collaborer, à réfléchir collectivement. Pour le maire Daniel Pouliot, c’est un état d’esprit et de travail.

Pour Diane Chabot, arrivée en poste en 2022 comme conseillère en développement, la Contrée est une occasion de développer une stratégie d’attractivité territoriale et d'insuffler une nouvelle vision. Elle sent un essoufflement de la mobilisation autour du projet et se questionne sur la structure actuelle pour attirer les acteurs clés autour de la table.

Le défi de la mobilisation :

Daniel Pouliot identifie 4 principaux facteurs pour une mobilisation pérenne:

  1. Le caractère politique de la Contrée et le cycle des mandats des maires de 4 ans nécessite un suivi administratif au sein de chaque communauté pour assurer la continuité.
  2. Le projet nécessite un engagement et une adhésion au communautaire de la part des permanents en développement. Au-delà d'un mécanisme, il faut comprendre la recette, la magie, croire au potentiel du communautaire.
  3. La population doit voir et reconnaitre les retombées directes et indirectes du projet pour encourager la mobilisation citoyenne. Par exemple le poste de pompier ou le service de garde intermunicipale sont des résultats indirects de la contrée.
  4. Le projet doit prendre en compte l’évolution des besoins et du contexte.

Pour Diane Chabot, la clé est peut-être l’accompagnement pour passer à l’action, aider à la réflexion collective et faire circuler ce qui se fait dans les différentes communautés.

Une évolution du contexte et des besoins : un virage vers les besoins des jeunes familles

La situation a changé depuis le démarrage du projet. En 2009, il y avait de gros problèmes, les maisons ne se vendaient pas, pas de services, alors que maintenant, il n’y a plus une maison à vendre et il y a l’arrivée de plusieurs jeunes familles. Le portrait a changé, ce ne sont plus les mêmes défis.

La question qui se pose est maintenant comment ajuster le véhicule de concertation actuel pour répondre aux nouveaux enjeux. Cet ajustement passe-t-il par une remobilisation des acteurs municipaux, l’adoption de budgets dédiés, un élargissement de la Contrée à d’autres municipalités, une modification de sa forme juridique, l’instauration de nouvelles règles à la gouvernance partagée pour sortir des jeux d’influence, voire par l’idée d’un regroupement municipal?

Malgré tout, la Contrée continue à réfléchir à d’autres mutualisation dont le partage de certains services administratifs pour permettre d’avoir du personnel spécialisé (un comptable, une réceptionniste, etc.) plutôt que plusieurs généralistes.

Période de questions :

Quelles sont les retombées du regroupement de services ?

On avait fait des scénarios et c’est différent. La première retombée, c’est qu’on perd moins de temps pour trouver les bonnes ressources et résoudre les problèmes, notre personnel est plus compétent. Il faut que les citoyens approuvent ces changements, ça demande de l’agilité et de la souplesse; on expérimente.

Comment maintenir la mobilisation ?

Il faut garder la mission et travailler ensemble même si ça ralentit. Aussi, il faut être ouvert et ne pas rester en vase clos.

Comment transformer la gouvernance?

Avant, la Contrée fonctionnait par consensus, aujourd’hui cela demande plus de travail.  On avance avec une initiative même si une municipalité se retire, puis on la rattrape avec un autre projet.

Le message de Daniel Pouliot

Avec les défis que l’on doit relever pour maintenir les services dans nos municipalités, une démarche et un organisme comme la Contrée est une façon innovante d’avancer dans la situation actuelle.

À retenir:

- La Contrée ce n’est pas une démarche parfaite et les défis de mobilisation sont grands, mais c’est beaucoup mieux que l’immobilisme;

- Il ne faut pas figer l’organisme dans un temps, il faut le remettre en question selon l’évolution de l’environnement de la municipalité;

- Une permanence est indispensable, l’action se fait toujours sur quelques années et souvent au-delà de nos mandats en tant qu’élu;

- Un organisme comme la Contrée doit concerter dans un premier temps les décideurs par la suite l’action citoyenne se greffer selon les besoins.

En savoir plus

Cette fiche a été réalisée à partir de la présentation de Daniel Pouliot et Diane Chabot.

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Intégré par Caroline Dufresne, le 4 octobre 2023 14:45

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Publication

4 octobre 2023

Modification

6 novembre 2023 15:41

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Pour citer cette note

Christine Champagne, Caroline Dufresne, Marie-Ève Lavoie. (2023). La Contrée en montagnes dans Bellechasse - Les défis de la mobilisation et de la pérennisation. Praxis (consulté le 3 juillet 2024), https://praxis.encommun.io/n/FKiixtFUQnMMwL8f3wXKGsDnYGc/.

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