Recommandations liées à la distribution des imprimés afin de réduire l'impact environnemental

Cette note a été produite dans le cadre d'un projet étudiant du CUFE de l'Université de Sherbrooke à l'automne 2023.

Ces recommandations ont été documentées lors d'un mandat ayant comme objectif d'approfondir les connaissances sur les impacts potentiels que le procédé d’impression lithographique peut avoir sur l’environnement et sur la santé, et ce, pour les quatre applications prépondérantes qui se retrouvent dans le bac de recyclage (lescirculaires, les magazines, les journaux et les papiers à usage unique).

La distribution des imprimés pour réduire l'impact environnemental

Dans une analyse du cycle de vie (ACV) qui s’est déroulée en 2013 pour des magazines imprimés en Espagne, la distribution des imprimés serait de l’éditeur jusqu’au magasin ou jusqu’à sa fin de vie. Il serait également possible pour certaines matières de retourner dans les intrants de la chaîne de production, comme le papier ou les encres intactes. La « distribution de produits a également une charge environnementale importante dans toutes les catégories d’impacts environnementaux ». (LIFE+ Greening Books Project, 2013) La distribution représenterait de 6,8 % à 23,2 % de l’impact environnemental selon la catégorie d’impact concernée dans l’ACV. La distribution serait responsable de 16,1 % de la déplétion des éléments abiotiques, de 15,3 % de l’acidification, de 17,2 % de l’eutrophisation, de 16,4 % des changements climatiques, de 26 % de la déplétion d’ozone, de 6,8 % de la toxicité humaine et de 23,2 % de la création d’ozone photochimique. Étant donné que ces données s’appliquent en Espagne en date de 2013 pour le transport par réseau routier, elles ne seront pas mises à jour pour le contexte recherché. De plus, le nombre de kilométrage pris en compte dans le calcul ainsi que le type de carburant et la consommation du carburant par kilomètres sont toutes des informations qui ne sont pas mentionnées quant à la distribution. (LIFE+ Greening Books Project, 2013) Au Québec, c’est aussi le transport routier qui domine le déplacement des marchandises (Statistique Canada, 2023). Donc, les données de cette ACV par rapport au transport peuvent se généraliser au contexte québécois quoiqu’elles ne soient pas à jour et qu’il manque d’informations.  

D'ailleurs, en tant que tel, chaque imprimé aura des impacts différents en ce qui concerne son transport. En effet, il faut tenir compte de son transport à partir de son lieu d’impression jusqu’au magasin puis jusqu’au client dans certains cas. Par exemple, un journal imprimé à Montréal et livré chez son éditeur à Sherbrooke, telle que La Tribune, aura un impact environnemental différent qu’un journal imprimé et livré à Montréal. (Visite TC Transcontinental, 15 septembre 2023) Dans ce cas, la distance parcourue donnera des données différentes quant aux impacts environnementaux dans l’ACV, ce qui pourra amener le transport à être une catégorie d’impact plus ou moins importante dans les ACV des imprimés. De plus, selon l’éditeur, les magazines peuvent être envoyées directement chez le client à partir de l’imprimeur tandis que les journaux seront envoyés chez l’éditeur (entrepôt). (Visite TC Transcontinental, 15 septembre 2023) 

En outre, en fonction des matériaux utilisés pour transporter les imprimés dans des contenants, il y aura un impact environnemental différent. En effet, les boîtes de carton peuvent être issues de matières recyclées ou non. Les boîtes de carton recyclées apportent des bénéfices sociaux, environnementaux et économiques. À titre d’exemple, à Naples, en Italie, cela pourrait représenter 16 millions d’euros en évitant l’émission de 11,4 millions de CO2 équivalent, de 207 millions de m2 d’espace (empreinte écologique), de 44 années de vie ainsi qu’une création de 30 postes dans le secteur de la gestion des matières résiduelles. (De Feo et al., 2021) Lorsqu’elles sont composées de matières recyclables, les boîtes de carton devraient indiquées la quantité de matières recyclées pour favoriser celles ayant un pourcentage de matières recyclées plus élevée.  

Lorsque des emballages avec pellicules sont utilisés, il s’agirait de la pellicule cellulosique « qui est un dérivé du papier (renouvelable), ou du plastique, qui est un dérivé du pétrole (non renouvelable) ». (LIFE+ Greening Books Project, 2013) En revanche, la pellicule cellulosique serait maintenant utilisée comme terme pour indiquer du plastique sans cellulose. Notamment, « [l]a cellophane est remplacé par du polypropylène (PP 5) et du polyéthylène basse densité [PEbd 4], qui est un dérivé du pétrole et doit être différencié de la cellophane fabriquée avec des fibres de cellulose (renouvelables). » (LIFE+ Greening Books Project, 2013) Ainsi, lorsque des pellicules cellulosiques sont utilisées, il serait pertinent de s’assurer qu’elles sont bien dérivées de papier issu. 

Une autre méthode pour transporter les imprimés serait d’utiliser des palettes de bois, de métaux ou de plastiques. Par rapport aux palettes de bois, il y aurait des normes au niveau mondial pour empêcher le transport de bactéries d’un pays à l’autre auprès de la plupart des pays. Un des agents utilisés dans l’Union européenne pour lutter contre les bactéries, le bromure de méthyle, serait interdit depuis 2010. (LIFE+ Greening Books Project, 2013) Au Canada, ce même produit est interdit depuis 2005, mais des exemptions sont possibles en faisant la demande au gouvernement. (Gouvernement du Canada, 2019a) Cependant, il serait possible de faire un traitement thermique pour régler la problématique de transporte de bactéries d’un pays à l’autre des palettes de bois. (LIFE+ Greening Books Project, 2013) Bref, les palettes sont une autre alternative permettant la distribution tout en pouvant les réutiliser aisément. 

Selon d’autres sources de données provenant d’Europe dans des ACV sur les imprimés, c’est 7 à 15 % des impacts environnementaux qui proviennent du transport. En outre, lorsque les imprimés sont envoyés aux clients, la contribution de la distribution dans l’ACV aura davantage d’impact. La livraison demande souvent des véhicules pouvant transporter une petite quantité d’imprimés à la fois, ce qui réduit l’efficacité du transport. (Konstansas et al., 2018) 

Références

De Feo, G., D’Argenio, F., Ferrara, C., & Grosso, A. (2021). A procedure to assess the environmental, social and economic benefits wasted in the paper and cardboard fraction of the unsorted residual waste. Journal of Cleaner Production, 296. 

Gouvernement du Canada. (2019a). Avis à toute personne qui utilise le bromure de méthyle : juillet 2019. https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/registre-environnemental-loi-canadienne-protection/avis-utilise-bromure-methyle-juillet-2019.html 

LIFE+ Greening books Project (2013). The handbook for good eco publishing: Good practices guidelines for eco-publishing and eco-design in the publishing sector (books and magazines). (Projet no. 09 ENV/ES/000457). https://www.anel.qc.ca/wp-content/uploads/2022/01/The-handbook-for-good-eco-publishing-Spain.pdf 

Konstantas, A., Kowalska, M. A., Donetallo, S. et Wolf, O. (2018). Revision of European Ecolabel Criteria for printed paper products (rapport préliminaire). https://susproc.jrc.ec.europa.eu/product-bureau/sites/default/files/contentype/product_group_documents/1581681202/Preliminary_report-Printed_paper_products.pdf 

Statistique Canada. (2023). Transport et entreposage : Profil sectoriel (SCIAN 48-49) et perspectives 2022-2024 au Québec. https://www.guichetemplois.gc.ca/analyse-tendances/rapports-marche-travail/quebec/transport