JDSO 2023 - Retour d'expérience : ruminations et divagations

Décroissance

Cette note est un témoignage de Jacob Yvon-Leroux réalisé suite à sa participation à la Journée des savoirs ouverts 2023. Pour voir l'ensemble des témoignages, accédez au carnet Témoignages des participant·es à la Journée des savoirs ouverts 2023.

J'arrive au Robin des bois du parc Lafontaine suffisamment tôt pour pouvoir me promener et explorer les installations. Je consulte et apprécie la programmation de chaque salle. Eh bien! Je serai dans la même salle toute la journée. Au fur et à mesure que les gens arrivent, je reconnais certains visages. Décidément, cet écosystème a beaucoup en commun avec celui de l'innovation et l'impact social. Ce n'est pas étonnant puisque le concept d'ouvrir les savoirs semble être un élément important des discours de transition socio-écologique ou d'EDI. On se doit d'ouvrir et de partager des savoirs pour espérer accélérer le changement. Pour ma part, c'est surtout le concept de savoirs dans "savoirs ouverts" qui m'intrigue. Bref, je suis en milieu connu, c'est confortable. Je peux anticiper l'allure des discours et des échanges qui auront lieu aujourd'hui : conceptuels, théoriques, idéologiques, prospectifs et plein d'espoir.

Les discussions du bloc 2 se sont terminées autour de, et je cite, "la fameuse question des récits". Voilà qu'un beau sentiment de FOMO venait de m'habiter : moi aussi, je veux connaître cette si fameuse question des récits! Je pars donc en mission lors de la pause entre les blocs 2 et 3 afin qu'on m'aiguille dans mon ignorance. Ce n'est que lors de la pause entre le bloc 3 et la surprise que je trouve quelqu'un qui connait quelqu'un qui pourrait m'informer. Je remercie la personne pour ce survol du concept. J'ai maintenant tout un terrier de lapin à explorer dont la ramification me mènera également au concept de littératie des futurs. À suivre... 

Il fait déjà noir. La brune précoce de novembre nous rappelle la saison avant même de mettre un pied dehors. J'ai le cœur léger et rieur. Cette surprise de clôture fut de mise après cette journée en haute voltige intellectuelle. À vélo sur le chemin du retour, je laisse mon esprit ruminer librement.  

L'idée de faire de la médiation des savoirs, comme les musées l'ont fait lorsqu'ils ont remis en question le fait de simplement posséder et exposer des œuvres d'art m'a marquée. Elle m'a fait l'effet de trouver une pièce de casse-tête qui n'était pas exactement celle que l'on cherchait, mais qui nous permettra de progresser. Elle est venue répondre à une incompréhension intuitive : est-ce que "ouverts" est le bon qualificatif pour bonifier les savoirs? Est-ce l'ouverture des savoirs qui est le catalyseur de changements? Les échanges autour de l'activation et la dynamisation du partage des savoirs m'ont beaucoup plus interpelé et l'analogie avec le cas des musées me suivra longtemps lorsque je ferai face à des enjeux de captation et diffusion des savoirs.

Comme certains panélistes l'ont dit, les étudiant.e.s universitaires ont un rôle à jouer sans le savoir. Iels constituent les véhicules les plus vivants des savoirs universitaires, on ne leur partage pas le savoir avec cette intention. Toute personne qui transite par l'université fait partie et fera toujours partie de la société. Tous les savoirs qu'elle y acquiert feront partie d'elle et elle les diffusera, intentionnellement ou non, dans son environnement. Le plaidoyer du panéliste d'agir auprès de cette population afin de l'outiller et lui enseigner des savoirs dans l'intention de les propager au sein de la population m'a semblé cohérent et approprié. Toutefois, je ne peux m'empêcher de questionner la temporalité. Ce mécanisme a-t-il le potentiel d'être accéléré et d'accélérer la propagation du savoir, ou va-t-il au rythme des générations comme ce fut le cas pour les habitudes de gestion des déchets domestiques? L'adoption des habitudes de gestion des déchets plus écologiques (recyclage et compost) dans les ménages est grandement passée par les jeunes qui étaient sensibilisés à l'école, mais ça a pris toute une génération pour que ce changement de comportement soit généralisé. Enfin, ce plaidoyer a mis en lumière un autre rôle qui m'était inconnu, soit celui de courtage de connaissances

La dernière pensée à occuper mon esprit avant mon arrivée en est celle du paradoxe de la langue commune pour des savoirs émergents. Chaque fois que de nouveaux savoirs émergent au sein d'une population, on tente de bâtir un nouveau langage pour en parler. Toutefois, l'effervescence de ces nouveaux savoirs impose à la langue commune d'évoluer tout aussi vite. Aussi, chaque sous-groupe de population va influencer l'évolution de sa langue commune à partir de ses propres référentiels, donc l'enjeu de communication s'amplifie entre les sous-groupes (par exemple, le milieu académique par rapport aux acteurs terrain par rapport à la population générale). Donc, même si le mot d'ordre de la Journée des Savoirs Ouverts 2023 s'est clos sur le besoin d'avoir une langue commune et appropriée pour toustes, les concepts (transition socio-écologique, décroissance et EDI pour ne nommer que ceux-là) ne sont pas près d'arrêter d'évoluer, donc le besoin persistera. 

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Intégré par Jacob Yvon-Leroux, le 11 décembre 2023 09:44

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Montréal, QC, Canada

Publication

11 décembre 2023

Modification

15 avril 2024 08:23

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