L’Estrie fait son premier bilan social de la crise

La région estrienne a récemment fait son premier bilan de la crise lors d'un événement en ligne intitulé " Le Talk chaud ".

Un événement organisé par les Corporations de développement communautaire (CDC) qui ont interrogé les différents secteurs de la vie sociale régionale histoire de faire le point sur le moral des troupes, les actions menées ces derniers mois et les défis à venir.

Retrouvez l'intégralité de la rencontre dans cette vidéo.

Y sont abordés : les secteurs du communautaire, de l'économie sociale, de l'environnement, de la culture et du sport et loisir.

Principaux points de la rencontre:

  • Beaucoup de fatigue chez le personnel des organismes communautaires autonomes qui étaient en services essentiels et qui ont réussi à se reinventer dans l'urgence. Les actions se sont maintenues, mais les aides qui arrivaient de toutes parts avec des exigences, des façons de faire ministérielles et des redditions de compte différentes ont aussi contribué à cet épuisement.  Dans plusieurs cas, il s'est ajouté une perte de sens du travail effectué.  De grosses pertes dans le financement autonome (levées de fonds, revenus de location d'espaces et ventes de services) des manques à gagner évalués à 150M$ pour le Québec. Le plus dur reste à venir avec des prévisions de mises à pieds et des pertes de service, sans oublier les besoins en santé mentale qui émergent dans la population.
  • L'impact a été très inégal pour les entreprises d'économie sociale puisqu'un tiers oeuvre dans les services essentiels.  Certes ces dernières ont du revoir rapdement leur façon d'opérer, mais elles ont vu, en général, leurs revenus augmenter.  Celles qui oeuvraient dans le tourisme, les évènements et la culture ont évidemment vécu la situation inverse. Il faut noter que certaines entreprises se sont revirer sur un "dix cents" en révisant complètement leur modèle d'affaires.
  • Plusieurs projets de sensibilisation à l'environnement ont du être annulé. S'il apparaît que l'environnement sort gagnant de cette crise avec une réduction nette des GES, plusieurs autres actions protectrices de l'environnement ont reculé.  C'est notamment les cas du retour massif des "jetables" et des sacs de plastiques en épicerie ainsi que de la baisse du vrac et de l'économie de partage.
  • Les artistes régionaux et québécois sont très souvent obligés de se produire à l'extérieu r de leur région et du Québec pour avoir des revenus décents.  La crise a évidemment eu un grand impact sur leurs revenus.  À part la PCU, ils n'ont pas d'autres aides disponibles. Les aides au secteur de la culture ont été orientées vers les grandes organisations culturelles.  Le niveau de collaboration entre organismes culturels n'a pas été aussi fort que celui pratiqué dans le secteur communautaire et c'est ce qu'il faudrait faire évoluer dans l'après. Le pôle culturel estrien (physique et virtuel) est dans ce sens une piste de solution pour mieux connaître et faire reconnaître les artistes de ce secteur. Une autre piste serait la pratique récurrente de levée de fonds culturels régionaux. Ce secteur va "en arracher" dans les prochains mois.
  • Le tiers des camps de jour ne seront pas ouverts en Estrie .  Les aides gouvernementales ne soutiennent pas les camps de petite taille. Les guides diffusés par le gouvernement pour adapter les camps de jour aux mesures sanitaires sont sujets à interprétation et les gestionnaires sont le plus souvent confus avec ces directives.  C'est par contre inégal selon les activités, les mesures de distanciation sont plus faciles à mettre en place dans les camps de plein air.  C'est dans les camps des petites municpalités que ça devient problématique puisque les activités, notamment de sport collectif, ne permettront pas la distanciation.  De plus, les jeunes animateurs et les bénévoles qui encadrent les camps n'ont pas toujours les bons réflexes pour appliquer les nouvelles mesures. Les nouveaux ratios ont été une bonne nouvelle, mais aussi un casse-tête pour faire des choix parmi les enfants déjà inscrits depuis février. Des annonces ont été faites pour aider les petites municipalités, mais rien de concret à 2 semaines de l'ouverture. Des inquiétudes pour les finances de nombreux organismes de sport qui généraient des levées de fonds par des évènements qui n'ont pas pu être réalisés avant la saison.  De plus, il y avait pas mal d'épuisement auprès des bénévoles, on ne sait pas si cette crise va amplifier ce défi.
  • La relance va passer par la collaboration et l'innovation du secteur social.
  • Ça prendra autant d'effort pour relancer comme avant que pour repartir avec de nouvelles orientations alors pourquoi ne pas revoir nos façons de faire?

La synthèse de ces interventions (fichier joint) est faite par l'Observatoire estrien du développement des communautés (OEDC) qui co-coordonne, par ailleurs, une étude participative sur le niveau de résilience des communautés estriennes pendant la crise.

Les premiers résultats de cette étude devraient apparaître d'ici l'automne.  La méthodologie pourra être fournie à d'autres régions afin de croiser les regards sur le niveau de résilience des communautés québécoises.

Levez la main si vous êtes intéressé-e-s par la réalisation d'une telle étude dans votre région.

Pour les difficultés à venir des organismes communautaires, cet article français en dresse un portrait .

Dans le même sens, l'INSPQ , dont l'une des auteurs fera partie de l'équipe de recherche pour l'étude participative sur la résilience, propose des actions pour favoriser la santé et le bien-être des communautés .

synthese_visuelle_talk_chaud.pptx


Commentaire importé

Jerry Espada - 18 juin 2020 à 11:28 :
De son côté, l'OVSS fait un bilan de l'action collective au Québec durant la crise.
https://passerelles.quebec/publication/2020/publication-de-lovss-develop...
1- Les organisations n’ont pas toutes la même capacité de participation à des concertations en ce moment. La situation est telle que plusieurs craignent l’apparition d’une concertation « à deux vitesses », où ceux qui le peuvent continuent à se concerter alors que les organisations débordées ou fragilisées sont peu à peu mises de côté.
2- Des cellules de crises locales (peu régionales) ont été mises en place. Ces cellules se caractérisent par de nombreuses rencontres, une mise en action rapide, axée sur une réponse concrète aux besoins urgents
des populations. Les organes de concertations et les organisations de développement des communautés y sont parfois présents, parfois
non.
3- Les rôles des concertations durant la crise ont été principalement : a) Assurer le repérage des besoins de la population en général et des groupes vulnérables et assurer une réponse à ces besoins. b) Le soutien aux organismes communautaires. c) Assurer la circulation et l’accès à
l’information par différents moyens. d) Offrir un soutien à leurs
membres, notamment pour apprendre à connaître les mesures, les directives, les programmes et les fonds d’urgence, fournir des espaces d’échanges sur les pratiques et partager les exemples positifs d’initiatives inspirantes. e) Mettre en place une veille de l’évolution
de la situation sur les territoires et, dans le cas des concertations locales, s’assurer de rester connectées sur les besoins et la situation des populations. f) Dans certaines concertations (en particulier
celles moins mobilisées dans l’action directe en ce moment), on réfléchit déjà à l’après-crise et aux mesures à mettre en place pour assurer la conservation d’acquis en développement des communautés et l’évolution vers des modèles de développement plus justes et durables. g) Certains concertations sont le lieu central de déploiement des cellules de crise.
4- Plusieurs organisations anticipent qu’il faudra un effort particulier pour raviver la participation citoyenne. Notons néanmoins que
la forme de participation qu’est le bénévolat a, quant à elle, connu une explosion. Cet apport de bénévoles n’a pas été simple à gérer pour tous les organismes (qui sont souvent en manque de ressources qualifiées), particulièrement dans un contexte où certaines personnes abordaient le bénévolat plutôt comme une façon de rompre l’isolement, se trouvant donc elles-mêmes en situation de vulnérabilité.
5- L'action collective se poursuit sous diverses formes, même si ce sont de nouvelles formes. Par exemples, a) développement de nouveaux
partenariats entre institutions, organismes communautaires et secteur économique. b) Les rencontres des concertations deviennent plus centrées sur l'action et souvent sur une rapidité de l'action. c) Les partenariats entre quelques organisations, sans structure
de concertation nécessaire, prennent une grande place.
L'OVSS poursuivra ce bilan de l'action collective durant la crise autour d'autres questions comme l'équité entre territoire et les orientations philanthropiques.
Ces bilans aboutiront a une autre question : quelle vision et quelle place de l’action collective dans l’après-COVID ?

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Publication

13 juin 2020

Modification

5 mai 2023 12:13

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