Présentation de Audréanne Dolbec, Centre d'innovation sociale en agriculture (CISA) | Philippe Franck-Imbeault, Centre d'innovation sociale en agriculture (CISA) de la visite à Saint-Camille - Fruits d'ici, nouveaux horizons.

Mise en contexte

Après la popularisation du maraîchage et du modèle d’agriculture soutenue par la communauté (ASC), le fruit québécois semble prendre du galon dans la province. Lançant en 2017 un programme spécialisé en production fruitière biologique, le Cégep de Victoriaville voit ses inscriptions augmenter chaque année, passant du simple au double en quatre ans. De même, on observe un engouement pour le développement de projets collectifs et communautaires relatifs au secteur fruitier: vergers, cidreries, distilleries, coopératives de mise en marché, incubateurs spécialisés, etc.

OBJECTIF 1 - Présenter les résultats préliminaires d'une étude portant sur ces nouvelles entreprises fruitières (1 à 10 ans d'existence).

OBJECTIF 2 - Qu'apprenons-nous de ces nouveaux parcours en agriculture?

Faits saillants

Mise en contexte

Recherche du CISA sur la trajectoire d’établissement de la relève agricole. Trois projets sont mis en avant, axés principalement sur de petites entreprises avec une spécialisation dans la production diversifiée de petits fruits.

Défis rencontrés

Ces projets rencontrent plusieurs défis :

• La pénibilité du travail
• Le manque de formation des employés
• Le manque de fiabilité des employés
• Les difficultés d'accès au logement pour la main-d'oeuvre
• La nécessité de flexibilité pour les étudiants employés

Défi de la saisonnalité

Par exemple, lors du pic de récolte, j'ai besoin de 29 personnes alors qu'un seul employé est nécessaire le reste de l'année.

Pistes de solutions :

• Mutualisation des employés
• Recrutement de jeunes cueilleurs
• Recours au travail bénévole (famille, réseau, etc.)
• La proximité des centres urbains facilite le recrutement

Défi lié à la forme organisationnelle

Un quart des répondants exprime le souhait de demeurer propriétaire, avec peu d'employés. Cette préférence est due à plusieurs raisons :

• Un inconfort lié à l'établissement de relations de pouvoir avec les employés.
• Des problématiques d'efficacité au travail.

Défis de la mise en marché : une dichotomie

• La mise en marché individuelle s'avère difficile en raison de la problématique de visibilité sur le marché ; les producteurs doivent faire preuve de créativité pour attirer la clientèle.
• Il est nécessaire de répondre à une demande élevée en fruits.
• L'absence de véhicules adaptés pour le transport des produits représente un obstacle supplémentaire.

Facteurs favorisant la mise en marché :

• L'obtention d'une certification biologique, qui valorise les produits auprès des consommateurs.
• L'attraction des consommateurs directement à la ferme, ce qui permet de créer une expérience unique et de fidéliser la clientèle.
• La participation à des associations de commercialisation, telles que "Les Fraîches du Québec" pour les fraises, qui peuvent améliorer la visibilité et la distribution des produits.
• La transformation des produits, une stratégie permettant de réduire les pertes et de diversifier l'offre.

Défis liés à l'emploi :

• La nécessité de concilier les responsabilités de la gestion de la ferme avec un emploi extérieur.

Subventions et soutien financier :

• Durant les cinq premières années d'activité, il est fréquent que les exploitants agricoles cumulent la gestion de leur ferme avec un emploi extérieur.
• Des programmes de soutien au travail autonome peuvent être disponibles pour les entrepreneurs agricoles.
• Diverses subventions, telles que les primes à l’établissement, sont proposées, bien qu’il soit nécessaire de clarifier les conditions d’octroi pour en faciliter l'accès.

Facteurs facilitants dans le cadre d'une reprise d'exploitation agricole existante  (à compléter...)

• Une reprise en contexte familial ou apparenté, qui permet de planter avant même la finalisation de l'achat.

Autres défis à considérer :

• L'accès à un logement adéquat pour les employés.
• La difficulté d'accéder à la terre agricole et la possibilité de s'y établir.
• La prise de décision peut s'avérer complexe pour celui ou celle qui gère seul(e) son exploitation.
• La recherche d'un partenaire d'affaires dont la vision et les objectifs sont en harmonie avec ceux de l'exploitant.
• La conciliation entre les exigences du travail agricole et la vie de famille.
• Les défis techniques tels que la gestion des ravageurs, les aléas climatiques, etc.
• La détermination d'un juste prix pour les produits, qui soit équitable pour le consommateur tout en assurant la viabilité de l'exploitation.
• L'accès à des savoirs experts pour améliorer les pratiques agricoles et la gestion de l'exploitation.

La coopération constitue un pilier essentiel pour l'épanouissement des entreprises spécialisées dans les petits fruits :

• Mutualisation de l'équipement et de la machinerie entre agriculteurs.
• Établissement de partenariats stratégiques pour la création de nouveaux produits.
• Soutien dans les travaux agricoles grâce à un réseau de solidarité.

Voici quelques pistes de solutions envisageables :

• Encourager le développement et le partage des connaissances techniques et agronomiques.
• Favoriser davantage de collaborations et de partenariats entre les acteurs du secteur.
• Adapter les solutions de financement pour soutenir efficacement les phases de démarrage des exploitations, puis de viabilité.
• Travailler à améliorer l’accès à la terre, en collaboration avec des instances comme la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ).

Quant aux conseils pour les repreneurs et les nouveaux exploitants :

• Prenez le temps de bien planifier et de réfléchir à votre projet.
• Investissez dans votre formation ou acquérez de l'expérience pratique avant de vous lancer.
• Faites preuve d'ingéniosité et de créativité pour résoudre les problèmes et innover.
• Avant une reprise, examinez minutieusement les documents financiers de l'exploitation.
• Développez des compétences en gestion, essentielles pour le bon fonctionnement de votre entreprise.
• Tissez un réseau solide pour vous entourer de partenaires et de conseillers fiables.
• Certaines personnes suggèrent de s'accommoder d'un mode de vie plus modeste - il est important de réfléchir si cela constitue une solution viable et souhaitable à long terme.

Période de questions

Partage de main-d'œuvre étrangère :

• Des producteurs font appel à des agences spécialisées pour permettre aux travailleurs étrangers de se répartir sur diverses productions, par exemple, trois semaines sur la cueillette des framboises suivies de trois semaines sur les pommes.
• Il existe des cas où les entreprises procèdent à un échange informel de main-d'œuvre. Bien que ces échanges ne soient pas formellement structurés, ils ouvrent la voie à d'éventuels développements et formalisations de ces pratiques.

Écoulement des stocks :

• La moitié des producteurs interrogés parviennent à vendre l'intégralité de leur production.

Quant à la relève agricole et son aspiration à devenir propriétaire :

• Seulement une entreprise parmi celles étudiées était en location, mais cela constituait pour elle un avantage stratégique.
• Si, il y a cinq ans, l'acquisition de terres était l'objectif principal, aujourd'hui, en raison de l'augmentation des coûts, la location est envisagée comme une option viable, y compris pour les cultures fruitières.
• Le concept de "motel agricole", qui propose des infrastructures et des terres en location pour les agriculteurs, émerge comme une solution potentielle.

Fiche réalisée à partir de la présentation de Audréanne Dolbec et de Philippe Franck-Imbeault, du Centre d'innovation sociale en agriculture (CISA)