Les voix (in)visibilisées : La justice épistémique

Le 1er février 2024, j'ai partagé quelque-unes de mes réflexions sur le concept de justice épistémique dans le cadre des activités de la cohorte en édition de savoirs ouverts

Je ne prétends pas être une « experte » du concept théorique de justice épistémique. Je pars de mes connaissances académiques et personnelles qui proviennent de féministes noires, latinX et autochtones qui font référence aux voix et savoirs invisibles et non reconnus par la société et les institutions. 

 

Qu'est-ce que la justice épistémique ?

La première fois que j'ai entendu ce concept

La première fois que j'ai entendu ce concept, il y a plus de 5 ans, je ne comprenais pas sa nature et son sens. Donc, je n'ai pas creuser plus loin pour le comprendre. Cependant, j'étais imprégné par les écrits et les voix de bell hooks, du mouvement #NiUnaMenos à Abya Yala (Amérique du Sud) sur les féminicides et les violences sexuelles et des mouvements antiracistes. 

Le discours de Sojourney Thruth, femme noire esclave, en 1852, exprime sa colère lors de la Convention annuelle du mouvement pour les droits des femmes à Akron, Ohio, devant une foule de femmes et d'hommes blanc.he.s. 

Les femmes blanches n'étaient pas d'accord avec sa présence. Les femmes noires esclaves n'étaient pas considérée comme des personnes, mais des objets, des animaux. 

Elles crient : « Ne la laisser pas parler ! 

Un homme blanc prends la parole pour contester l'égalité des droits pour les femmes en nommant que celles-ci sont trop faible et sont inférieures aux hommes. 

Sojourney Truth lui coupe la parole pour nommer : 

Regardez-moi! Regardez mon bras! j'ai labouré, planté et rempli des granges, et aucun homme ne pouvait me devancer! Et ne suis-je pas une femme? Je pouvais travailler autant qu'un homme (lorsque je trouvais du travail) ainsi que supporter tout autant le fouet! Et ne suis-je pas une femme? J'ai mis au monde cinq enfants, et vu la plupart dentre eux être vendus comme esclaves, et quand j'ai pleuré avec ma douleur de mère, personne à part jésus ne m'écoutait! Et ne suis-je pas une femme ? (Truth dans hooks, 2015)

Sa place dans la société a était réduite et pas prise en considération. Être une femme, une noire et une esclave étaient, pour elles et toutes ces femmes, remplit de violences. J'ai y toute suite vu le lien avec le concept d'intersectionnalité de Kimberley Crenshaw. 

J'ai compris que les savoirs et les expériences des personnes concernées sont riches et puissantes dans la compréhension des oppressions du passé et du présent. J'étais en mesure de mettre un mot ou un concept à l'expérience de Sojourney truth, cependant, est-ce qu'on a besoin de conceptualiser et théoriser des expériences ? Est-ce qu'on créée une légitmité ou même une existence, à cette expérience, car on l'a théorisé ?  Se sont des questions que je me pose.

Cela ne m'empêche pas de ressentir son discours à travers les expériences et les traumas de mes ancêtres. 

Que signifie concrètement le concept de justice épistémique 

Selon Paroles d'excluEs, la justice épistémique consiste à accorder une importance primordiale aux connaissances des individus qui subissent des injustices, en se basant sur leur expérience pour élaborer des solutions qui répondent véritablement à leurs besoins. Donc elle permet de nommer le phénomène d’injustice pour ensuite légitimer des voix et des perspectives des personnes des communautés marginalisées. 

  • L'emprunt et l'apport du concept: féminisme marxiste, black feminism, standpoint, philosophie
  • Point de vigilance (Fricker, 2007): concept reconnu rapidement par le milieu académique. Cependant, c’est un concept qui est emprunté par les féministes marxistes et black feminist, donc une injustice épistémique. 

Quelques pistes de réflexions 

Quelques recommandations de livre

(de gauche à droite)

  • Empreinte de résistance d'Alexandra Pierre (2021) : C'est le récit de 9 femmes engagées qui racontent leurs histoires de résistance. Son format et sa forme permet une lecture accessible et boulerversante sur ces différentes réalités qui s'entrecroisent et s'amplifient dans le présent et le futur. Il y a le récit de Naïma Hamrouni, professeure de philosophie à l'UQTR, qui nous fait part de ses expériences personnelles et professionnelles qui l'ont mené à s'intéressée à l'injustice épistémique, les savoirs situés et les vulnérabilités. 
  • De la marge au centre. Théorie féministe de bell hooks (2017, éd. Cambourakis): Au fait tous ces livres sont pertinents pour comprendre la justice épistémique. La préface rédigé par Nassira Hedjerassi est pertinente pour comprendre l'essence de hooks dans son processus d'écriture et dans sa volonté de rendre accessible ses connaissances. Hedjerassi apporte une réflexion des écrits de hooks et sur la violence épistémique et marginalisation des sujets subalternes. 
  • La Boîte à outils décoloniale: Parcours éducatif du RÉSEAU de la communauté autochtone à Montréal, Mikana et UConcordia (2021): L'outil en soi c'est d'apprendre et comprendre les histoires des communautés autochtones par les personnes concernées (Les Autochtones). Dans l'outil, il y a une phrase qui me rappelle constamment de toujours prendre le temps d'écouter les personnes concernées lorsque le sujet les concernent:

L'histoire de Kanata a été écrite par le colonisateur. Les Autochtones, à travers leurs corps et leurs voix, ont été effacés de ce narratif. (Réseau, 2021)

  • Pleasure activism de adrienne maree brown (2019): Je conseille ce livre pour son format et sa forme. Un peu dans la même logique que hooks, maree brown est dans l'accessibilité et la justice épistémique. Son livre est collaboratif, elle fait appel à plusieurs expert.e.s sur le sujet dont des artistes, des doulas, des praticien.ne.s, etc. Elle prends le temps d'expliquer son processus d'écriture et de rendre hommage à sa lignée, les personnes qui l'ont inspirée dans ces réflexions. 
  • Community as Rebelion. A Syllabus for Surviving Academia as a Woman of Color de Lorgia García Peña (2022): Ce livre m'accompagne dans ma rédaction et ma guérison. C'est un manifeste qui met en lumière les violences structurelles que vivent les femmes LatinX dans le milieu académique. De la production des savoirs à la place des femmes LatinX dans le milieu académique, ce livre rappelle comment tout est politique et le dilemme est grandissant lorsqu'on réalise que les savoirs peuvent être instrumentalisés par les personnes blanches. 

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Tous les savoirs ancrés dans une perspectives féministes
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Intégré par Marie-Soleil L'Allier, le 20 février 2024 17:58
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Les réflexions de Sam
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Intégré par Samantha Lopez Uri, le 1 février 2024 15:03

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Publication

1 février 2024

Modification

1 février 2024 16:25

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