note Note générale

Le service social et la pauvreté : de la redistribution des ressources à leur contrôle ?

Introduction

« C’est rendu qu’à chaque entrevue, je demande le côté matériel : “arrives-tu, as-tu de la bouffe?” C’est aussi direct que ça, dès la première entrevue. » (Fortin et al., 1992: 37). Cet aveu récent d’une intervenante de CLSC met en évidence de façon éloquente le défi actuel du service social face à la nouvelle conjoncture d’appauvrissement. Que l’intervention s’adapte à la conjoncture, on peut s’y attendre, car il s’agit là d’un trait distinctif du service social (Mattaini, 1995: 10). Cependant, que l’intervenante soit préoccupée dès la première entrevue, et pour chaque entrevue, d’un besoin aussi primaire que l’alimentation, il s’agit plutôt d’un contexte dramatique qui vient rajouter à une intervention déjà fort complexe une dimension de survie de l’individu ainsi qu’une urgence d’agir sur sa situation.

De quelle façon, en fait, le service social aborde-t-il la pauvreté? Voilà l’interrogation qui constitue le thème central de cet essai de synthèse. Partant d’un bref regard sur la complexité du phénomène de la pauvreté qui sévit présentement, ce travail examine, dans un premier temps, l’action du service social en lien avec l’appauvrissement en ciblant certains enjeux capitaux pour le service social comme discipline et comme profession. Ensuite, l’organisation communautaire (comme méthode du service social) est scrutée afin d’établir sa contribution particulière en lien avec la pauvreté. Enfin, la dernière partie de ce travail traite d’une nouvelle stratégie, le développement économique communautaire, afin de mieux cerner sa place actuelle et potentielle dans le renouvellement des pratiques du service social imposé par la situation socio- économique catastrophique de cette fin de siècle.