Les savoirs autochtones pour décoloniser la transition

Sommes-nous connectés à la nature ou en sommes-nous indépendants? La vision autochtone entretient une relation d'interdépendace à la nature. La vision allochtone / colonialiste entretient une relation transactionnelle et dominatrice.

Le bulletin numérique trimestriel Raccords de la Maison de l'innovation sociale a rencontré deux représentantes de la Fondation David Suzuki : Melissa Mollen Dupuis, militante, réalisatrice et chroniqueuse innue et responsable de la « campagne forêts » au Québec, ainsi que Rachel Plotkin, responsable de la campagne boréale).

Entrevue intégrale : Et si nous réinventions nos liens?

Extraits

"La vision colonialiste de la nature est (...) axée sur la notion de propriété. Elle présuppose que les humains ont le droit de posséder et d’utiliser les ressources de la nature à volonté (...). Nous avons perdu notre sens des responsabilités à l’égard des écosystèmes naturels qui nous soutiennent, et c’est à travers cette optique de propriété et de supériorité que nous en sommes venus à saccager la planète et à continuer de la saccager" (Rachel).

"Le récit eurocentriste affirme que Dieu a créé la Terre et l’a donnée à l’homme pour qu’il puisse prospérer, tandis que les récits autochtones disent que les êtres vivants appartiennent à la terre. (...) Les récits ont une incidence sur tout, y compris sur la façon dont nous gérons les changements climatiques. J’ai le sentiment que le colonialisme a entravé les interconnexions, car il est en concurrence avec d’autres récits et formes de connaissances. Il pose la question : « Qui a les meilleures valeurs ? Qui a les meilleures recherches ? Le meilleur texte ? Qui a raison ? » Il s’agit plus d’une question de pouvoir que d’interconnexions et d’ouverture." (Mélissa).

En complément , le 1er balado de Raccords (en anglais) : comment construire des ponts entre les savoirs autochtones et la science pour faire face aux changements climatiques et accélérer la transition sociale et écologique? Avec :

  • Deborah McGregor , professeure associée et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en justice environnementale autochtone à l’Université York
  • Jayce Chiblow , coordinatrice du projet de Justice environnementale autochtone et responsable de l’engagement de la communauté pour Indigenous Climate Action.

https://www.mis.quebec/raccords-7/2021/02/12/et-si-nous-reinventions-nos-liens/


Commentaires importés 

Jerry Espada - 24 février 2021 à 13:13 :
Si l’Homme occidental moderne se réalise par la consommation et que consommer rime avec consumer, comment l’humanité va-t-elle pouvoir vivre dans ses territoires en dépassant les dix milliards de membres?
Pour le philosophe Dominique Bourg, qui vient de sortir "Écologie des territoires", il va falloir apprendre à rediriger notre énergie.
https://reporterre.net/Quand-l-ecologie-entre-en-territoire-spirituel?ut...
À travers quelques exemples démontrant l'incongruité de la culture occidentale, on retrouve dans cet article, les notions de récit (chaque société est en quête d’un récit qui renseigne sur sa relation à l’environnement, au monde qui l’entoure) et de spiritualité (favoriser la réalisation de chacun).
Le philosophe conclut : «Nous devrions produire beaucoup moins d’objets et consacrer une grande partie de notre énergie à restaurer la Terre».
Il rappelle que les textes de la Bible se contredisent. Dans l’un, Dieu dit aux hommes : « Comme vous me ressemblez, vous êtes appelés à dominer tout ce qui vit sur Terre. » Mais deux autres passages mettent sur un même plan l’Homme (créé à partir d’une boule de glaise) et la nature. Aucun ne domine l’autre. Il n’y a pas de supériorité intrinsèque.

Jerry Espada - 26 février 2021 à 16:04 :
Puisque l'Homme occidental s'est attaché au droit et à la propriété pour justifier ses actions, le mouvement de transition ne devrait-il pas donner des droits à la Nature comme c'est déjà le cas depuis 2008 en Équateur? Ces droits sont inscrits dans la Constitution du pays. D'autres pays ont suivi comme la Nouvelle-Zélande qui a accordé des droits à des écosystèmes, la Bolivie et l'Ouganda.
https://reporterre.net/Lacs-rivieres-montagnes-Comment-accorder-des-droi...
Au Québec, la rivière Magpie (Côte-Nord) vient de se faire reconnaître (23 février 2021), la personnalité juridique grâce à deux résolutions adoptées par le Conseil des Innus d’Ekuanitshit et la MRC de Minganie.
https://www.lapresse.ca/actualites/environnement/2021-02-23/cote-nord/un...
La reconnaissance de la « personnalité juridique » est l’aptitude à être titulaire de droits et devoirs. Cela veut dire que des montagnes, des rivières et des lacs ne sont plus considérés comme des objets, mais comme des sujets de droit à part entière. Ils obtiennent alors juridiquement le droit d’exister, le droit au respect et à la régénération de leur biocapacité. Si l’empreinte écologique d’une zone est supérieure à sa biocapacité, alors cette zone n’est pas utilisée de manière durable... Puisqu’ils ne peuvent pas défendre leurs droits eux-mêmes, des « gardiens » de ces écosystèmes sont alors nommés.
La question des devoirs de la Nature s'impose. Mais, comme certains humains (mineurs ou mis sous tutelle), la Nature pourrait avoir des droits tout en étant exonérée de responsabilités. C’est un statut juridique qui nous connaissons et que nous appliquons déjà.

Jerry Espada - 8 mars 2021 à 9:18 :
"On va être obligé de changer et de repenser toute la civilisation" Boris Cyrulnik.
https://www.franceinter.fr/idees/boris-cyrulnik-on-va-etre-oblige-de-cha...
Le neuropsychiatre - qui nous parlait de résilience au début de la crise - https://passerelles.quebec/publication/2020/entretien-avec-boris-cyrulni... - souligne les paradoxes de notre civilisation. Rien de moins.
Extraits
"Pour la quête du bien-être et (...) du bonheur (...) notre culture nous a fait croire qu'on était au dessus de la nature et que l'homme devait dominer la nature. Ça rendait déjà très malheureux et, surtout, cela nous a conduit à la catastrophe actuelle. On se rend compte qu'on ne peut pas impunément écraser les autres et qu'il faut respecter un ensemble pour que, nous-mêmes, on soit bien heureux dans cet ensemble.

Jerry Espada - 15 avril 2021 à 10:49 :
Dans « La croissance verte contre la nature », l’économiste Hélène Tordjman montre comment, sous couvert de « transition écologique », le capitalisme financiarisé poursuit sa destruction de la planète.
https://www.editionsladecouverte.fr/la_croissance_verte_contre_la_nature...
"Une forêt n’est plus perçue comme une population d’arbres aux essences variées et caractérisées par de subtiles interactions, mais comme un stock de biomasse et/ou un puits de carbone".
Une vision basée sur « l’augmentation des performances » et la « recherche du profit maximum » ne peut être que désastreuse. « Les nouvelles techniques vont à leur tour créer de nouveaux problèmes, qui nécessiteront l’invention de nouveaux moyens, et cela dans un processus sans fin. »
Hélène Tordjman avoue humblement qu'elle n'a pas de plan B.
Pour tout dire, je crois que notre plus grand problème pour faire une véritable transition sociale et écologique est dans cette recherche de faire autrement sans changer l'état d'esprit : celui de conquérir et d'avoir plutôt que de respecter et d'être (voir le commentaire précédent).
L'article complet de Reporterre sur le livre d'Hélène Tordjman : "La croissance verte sauvegarde le modèle industriel, pas la nature". https://reporterre.net/La-croissance-verte-sauvegarde-le-modele-industri...

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18 février 2021

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28 avril 2023 11:06

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