Dans les campagnes, « nous pouvons reproduire de petites sociétés autogérées »

Par Reporterre | "Elle dépeint les espoirs et les enjeux d’une société inspirée par l’écoféminisme où l’entraide mènerait à la subsistance et à l’ancrage local : Geneviève Pruvost est l’invitée des Grands entretiens de Reporterre."

  • Pourquoi la vie quotidienne est-elle politique ?
    • Le capitalisme structure fortement la façon dont on vit quotidiennement
      • " l’intégralité de notre quotidienneté qui nous semble tout à fait anodine, des gestes fondamentaux comme naître, mourir, manger, dormir, habiter vont devenir la proie d’un marché qui va nous vendre du « prêt à vivre » . On appelle cela de la « consommation dirigée » . Donc, le quotidien est pétri de structures."
    • Le capitalisme rend invisible et abstrait la façon dont les choses du quotidien sont fabriquées
      • "il y a des gens à l’autre bout du monde qui triment dans les champs et fabriquent la subsistance. Cette perte de visualisation du travail collectif qu’implique le moindre de nos gestes vitaux est un problème politique. Cela n’invite pas du tout à comprendre les conditions de travail dans lesquelles les choses qui nous sont nécessaires sont produites."
    • Le féminisme de la subsistance rappelle cette dure réalité du capitalisme
      • « La fabrique du monde est faite par des petites mains, des petites mains paysannes, domestiques, ouvrières, qui vont faire en sorte que la reproduction de la vie dans la société salariée de notre capitalisme soit possible. »
    • Le quotidien est un lieu d'expérimentation qui peut devenir révolutionnaire
      • "La quotidienneté est un moment d’essais et d’erreurs, on essaie des trucs, on discute. Cela ne devient pas routinier par miracle, c’est le produit de débats internes (...)  c’est un lieu où on peut aussi se lâcher un peu, enlever les masques, s’engueuler, et aussi sédimenter, réfléchir."
  • On ne peut pas qualifier les sociétés paysannes de sociétés archaïques
    • Présence de système de redistribution sophistiqué
      • "quand on parle de commun dans les sociétés paysannes, on y trouve un niveau de sophistication mais aussi de potentialités de redistribution à l’ensemble de la maisonnée qui est énorme. Ce n’est pas pareil de redistribuer à quatre personnes ou à cinquante personnes qui mangent collectivement et dont il faut organiser la vie."
    • Des systèmes de redistribution qui ont évolué sur 10 000 ans
      • « Vous nous parlez de vos communautés intentionnelles dans les années 70. Nous, cela fait 10 000 ans qu’on vit en communautés. La question de la subsistance commune est la base de notre mode de vie. Alors vous pouvez vous organiser et il faut aller dans cette direction. »
  • ​​ Besoin d'une vision nouvelle et émancipatrice de l’avenir
    • ​Besoin de faire des choix
      • ​" Qu’est-ce qu’on garde ? Qu’est-ce qu’on perd ? Comment on refait village avec la société moderne telle qu’elle existe ? Comment métisser des techniques ?"
    • Besoin de sortir de l'hégémonie et d'aller vers une d'une multitudes d'agencements
      • "Le capitalisme industriel est fondé sur l’hégémonie technique. Quand il y a une nouvelle technologie, elle doit détruire les autres. Ce que racontent les alternatives écologiques que j’ai pu observer, c’est justement une recomposition, un réaménagement des priorités techniques, de l’agenda, de la manière dont on va gagner de l’argent."
    • Besoin de réapprendre à faire société
      • ​Besoin de se réapproprier les savoir-faire
        • on ne va pas du jour au lendemain se refaire ses vêtements, refaire tous ses légumes et que des échanges se créent entre des choses qu’on peut faire, qu’on est en capacité de faire parce que tout cela implique du temps. "
      • ​Besoin de surmonter la difficulté d'accès à la terre (dû à la spéculation)
        • ​" on peut épauler les néoruraux et les néophytes en leur proposant l’hospitalité, pour poser un camion ou une yourte, et un stage ou un petit boulot parce qu’il y a du travail dans les champs. J’appelle cela l’entresubsistance ."
  • Mais n’est-ce pas une fuite, le renoncement à la transformation globale et à l’action politique ?
    • ​Non, car il nous faut éviter de se faire rattraper par la logique des systèmes dominants
      • ​" je vois une radicalité, c’est-à-dire plonger dans les racines de la structure et ne pas se laisser attraper par la structure [du système dominant]."
    • Non, car il nous faut s'enfouir pour réenclencher des cycles de subsistance locaux
      • "J’emploie le terme d’enfouissement plutôt que celui de fuite parce qu’il faut repeupler un monde dévasté. Il faut recréer des interrelations dans un écosystème où il n’y a plus que des gros agriculteurs et des maisons de campagne."
  • Pourquoi préférer le terme "subsistance" plutôt que "sobriété"?
    • Parce que l'approche de la subsistance en une de réappropriation
      • "La subsistance "c’est une limitation par rapport au milieu de vie qu’on connaît, une limitation en quelque sorte choisie, vécue, autonomisée. Alors que la sobriété dont on parle, c’est la sobriété dans le monde capitaliste du début du XXIᵉ siècle. On doit faire attention aux limites planétaires. Alors que dans l’approche de subsistance, il y a une sorte de réappropriation."
    • Parce que la subsistance peut être abondante
      • "Je veux dire que de l’eau de source, on en a plein. C’est juste qu’on ne sait plus vivre avec une source, au rythme d’une source. Moi j’estime être en pénurie d’eau de source dans ma ville. Mais je suis en abondance d’eau de source quand je sais capter une source. Enfin si elle est potable !"
    • Parce que je ne vis pas moins bien. Je vis différemment.
      • ​" Et cela me fait accéder à d’autres formes de vie qui s’avèrent extrêmement abondantes. C’est vrai qu’il y a un principe de limitation. Il y a des saisonnalités, des règles de fonctionnement du vivant, des cycles, le cycle du bois, le cycle de l’eau, le cycle des plantes. Les corps ont aussi leur cycle."
  • Besoin de renverser le mythe de la liberté
    • "si ma liberté se fait au prix de l’exploitation d’une paysanne dans un champ pour que je puisse partir en vacances, de quelle liberté parle-t-on ? Ma liberté ne peut pas être coupée de sa base matérielle."
  • Êtes-vous optimiste pour le monde ?
    • ​" Je suis optimiste parce que… déjà c’est une stratégie d’action. Et le féminisme me rend optimiste."
    • " il y a aussi des actions très discrètes au cœur des familles, entre groupes de copines. Qui ont permis d’installer des vraies transformations sociales — même si évidemment on n’est qu’au début de cette transformation. Il se joue là des métamorphoses. Et cela peut aller très vite. "

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Publication

22 juin 2022

Modification

7 août 2023 11:18

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