Les tensions autour du projet de quartier durable de la ville de Toronto

Le projet SideWalk Labs à Toronto (c) AFP

Note pour les lectrices et lecteurs: Le projet de Sidewalk Labs, filiale de Google, a été identifié comme un exemple de tensions et de difficultés en lien avec le concept de ville intelligente. La fiche ci-dessous est directement liée aux regards des chercheur.e.s Foster et Ianone. Elle n'a pas pour but de discréditer l'initiative mais bien de constituer un exemple inspirant de pratiques qui ont mené à une forme d'échec afin de susciter débat et réflexions.

Le contexte

En 2017, Sidewalk Labs, filiale de Google, avait été contractée par Waterfront Toronto – une entité publique qui réunit la municipalité de Toronto et les gouvernements de l’Ontario et du Canada – pour mener à bien un projet de réaménagement de Quayside, une friche industrielle de cinq hectares le long du lac Ontario, afin de le transformer en un quartier ultramoderne et durable, articulé autour des technologies et des données numériques.

L'échec d'un projet pourtant attractif sur le papier

L'échec récent du projet de quartier durable, technologiquement sophistiqué et à la pointe du progrès, créé par Sidewalk Labs, sur le front de mer de Toronto, illustre les contradictions et les écueils des plans les mieux conçus en matière de ville intelligente.

Le projet initial, fortement célébré, a finalement représenté un échec de la gouvernance urbaine. Comme  Ellen Goodman et Julia Powles (2019) l'affirment dans leur analyse approfondie de la fin du projet, son échec n'est pas imputable aux griefs du public à l'égard de la technologie ou de l'innovation en soi. Son échec est plutôt imputable au fait que l'autorité publique, partenaire du projet, a perdu la confiance du public dans la compatibilité de la vision du projet avec les processus démocratiques, la gouvernance publique durable ou l'intérêt public.

Le public a manifesté un profond scepticisme face à la " centralité et au pouvoir extrêmement asymétrique d'un groupe d'entreprises privées " exerçant une domination sur presque tous les aspects du futur quartier (Goodman et Powles 2019). On peut également souligné les consultations liminaires et décriées en 2019 par les populations autochtones.

Il est possible, comme l'ont proposé Duncan McLaren et Julian Agyeman (2015), de réorienter les villes intelligentes en "mettant la technologie intelligente au service d'un programme de partage et de solidarité, plutôt que de concurrence, d'enfermement et de division".

Faire avancer votre réflexion

  • Que vous inspire l'expérience de Toronto en matière de ville intelligente?
  • Quelles auraient pû être les autres alternatives pour porter les process de co-gouvernance et de démocratie participative dans ce cas précis?
  • Quels mécanismes pourriez-vous mettre en place pour éviter le scénario décrit ci-dessus?

Pour aller plus loin

Foster, S. R., & Iaione, C. (2022). Co-Cities: Innovative Transitions toward Just and Self-Sustaining Communities. The MIT Press (en particulier I. Introduction).

Kitchin, R., Coletta, C., Evans, L. and Heaphy, L. (2018) Creating smart cities: Introduction. In Coletta, C., Evans, L., Heaphy, L. and Kitchin, R. (eds) Creating Smart Cities. Routledge, London. pp. 1-18.

Article de presse : La Presse (31 octobre 2019), Toronto: un quartier futuriste lié à Google franchit une nouvelle étape.

Article de presse : Radio-Canada (7 mai 2020), Sidewalk Labs annule son projet de quartier intelligent à Toronto

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Intégré par Anaïs Del Bono, le 9 août 2023 19:13
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Exemples inspirants (cas, initiatives), Outil / politique numérique

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Publication

9 août 2023

Modification

22 septembre 2023 16:08

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