bookmark Terme
Extractivisme
L’extractivisme est un système économique soutenu par des politiques étatiques qui repose sur l’exploitation massive de biens naturels souvent non transformés, tels que les hydrocarbures, les minerais, le bois, les plantes, l’eau, mais aussi des produits provenant de l’agriculture, de la pêche et de l’élevage. Il s’agit d’un mode d’accumulation qui va au-delà des besoins d’extraction vitaux des êtres humains et qui sert principalement les intérêts des élites locales et transnationales. Les biens naturels qui sont extraits sont pour la plupart non renouvelables et sont principalement destinés à l’exportation. L’extractivisme est considéré comme un mode de développement fondé sur l’appropriation et l’exploitation violentes et illimitées de la nature sans qu’il ne soit question d’une quelconque obligation de protéger celle-ci. On en retrouve les premières manifestations en Amérique latine, en Afrique, en Asie et dans le Pacifique depuis l’époque de la colonisation. Cela dit, l’extractivisme se pratique désormais partout dans le monde, notamment au Québec et au Canada. L’extractivisme a souvent été prôné comme un moyen de permettre l’insertion des économies les plus faibles dans le système capitaliste globalisé. Des lois et des politiques ont d’ailleurs été mises en place pour faciliter et protéger les entreprises qui font de l’extractivisme. On parle de « néo-extractivisme » pour qualifier un modèle plus contemporain d’exploitation massive des biens naturels qui est parfois utilisé par des entreprises nationales afin de financer des réformes sociales. Le néo-extractivisme a surtout été mis en œuvre par certains gouvernements latinoaméricains progressistes au début du 21e siècle. Bien que la logique derrière le néo-extractivisme semble de prime abord moins prédatrice que celle de l’extractivisme, les pratiques qui en découlent sont tout aussi destructrices sur les plans environnemental et social.
Dans la pratique
Bien que certain-e-s avancent que l’extractivisme a permis l’essor économique de certains États, on associe souvent ce modèle à des pratiques coloniales et néocoloniales de pillage, d’exploitation et de dépossession des terres. La plupart des entreprises extractivistes sont des entités étrangères et leurs activités ne génèrent qu’un bénéfice très limité à l’échelle nationale. D’ailleurs, parmi les plus grandes entreprises extractivistes se trouvent un grand nombre d’entreprises canadiennes exerçant des activités au Canada et dans le Sud global notamment. Les pratiques extractivistes contribuent à maintenir de nombreux pays dans une situation de dépendance envers ceux qui transforment industriellement les matières premières extraites pour en faire des biens manufacturés et les revendre à grand profit. De plus, les pratiques extractivistes entraînent une destruction massive et irréversible de l’environnement et se font aux dépens des populations qui habitent ces territoires. Dès lors, l’extractivisme est à l’origine de nombreux conflits sociaux et de violations importantes des droits humains. Celles et ceux qui luttent activement contre les pratiques extractivistes sont fortement réprimé-e-s et criminalisé-e-s.
Source
(Gudynas, 2013; Acosta, 2015; Tremblay-Pepin et Hébert, 2013) cité dans le Lexique de la solidarité internationale de l'AQOCI
Auteur·trice(s) de note
Création
24 janvier 2024 15:40
Modification
24 janvier 2024 15:40
Licence
Attention : une partie ou l’ensemble de ce contenu pourrait ne pas être la propriété de la, du ou des auteur·trices de la note. Au besoin, informez-vous sur les conditions de réutilisation.
« L’extractivisme désigne un mode spécifique d’accumulation de richesses, reposant sur des « activités qui extraient d’importantes quantités de ressources naturelles qui ne sont pas transformées (ou qui le sont seulement dans une faible mesure) principalement destinées à l’export. L’extractivisme ne se limite pas seulement aux minerais ou au pétrole, il est également présent en agriculture, en sylviculture, ainsi que dans le secteur de la pêche ». (Acosta, 2013). Cette mise en ressource intensive peut alors se traduire spatialement par des logiques de front pionnier, qui déplacent les limites entre espaces « productifs » et espaces « improductifs » (Svampa, 2011). Ce concept mobilisé surtout en études critiques du développement et en approches critiques de l’environnement (Svampa, 2011 ; Bednik, 2015) désigne des logiques économiques prédatrices et a principalement été adopté pour l’analyse des situations socio-économiques en Amérique du Sud et plus secondairement, en Afrique.»
Source
Auteur·trice(s) de note
Création
6 août 2023 17:37
Modification
6 août 2023 17:37
Licence
Attention : une partie ou l’ensemble de ce contenu pourrait ne pas être la propriété de la, du ou des auteur·trices de la note. Au besoin, informez-vous sur les conditions de réutilisation.
note Note(s) liée(s)
Film à voir : L’ampleur de toutes choses de Jennifer Abbott
18 août 2023Au Chili, une école de l'eau pour revitaliser les savoirs autochtones
30 août 2022Riccardo Petrella | Défis de l’ERE et de la mobilisation citoyenne
1 août 2022La redirection écologique : à quoi faut-il renoncer?
20 juin 2022Les droits des peuples autochtones sont un contre-pouvoir à la...
17 novembre 2021Carnet(s) relié(s)