7 décembre 2023, de 13h30 à 15h30

Cette conférence s'inscrit dans la série d'ateliers sur la transition socioécologique organisés par les ASP de novembre 2022 à avril 2024.

Conférenciers

• Olivier Brière, coordonnateur de la Corporation de développement socioéconomique de Saint-Camille
• Claude Lepage, Agent de développement culturel, MRC de Bellechasse
• Robert Savoie, maire de Saint-Valérien

Texte préparatoire (2 pages): Bailly, Émeline (2022). «Ménagement», dans D. Marchand, Psychologie environnementale : 100 notions clés. Dunod, pp. 150-151.

pdf Ménagement Émiline Bailly 2022

Enregistrement

Déroulement du webinaire

00:20:00 - Mot de bienvenue

00:01:45 - Présentation de l’ordre du jour

00:03:00 - Retour sur l’Atelier #6 sur l’identification des verrouillages par l’analyse systémique 

00:05:00 - Aujourd’hui on désire s’attarder aux éléments de climat, d’atmosphère et d’ambiance.

00:05:45 La notion de ménagement implique : 

00:09:15 - Présentation du projet de transformation d’Église de Saint-Camille par Olivier Brière

• Présentation de l’historique du village de Saint-Camille
• Très petit village: 551 habitant·es qui a lutté très très fort contre la dévitalisation du village
• Comment protéger nos services de proximité, attirer de nouvelles familles?
• La reconversion patrimoniale a été utilisée comme moyen d’action

Création du mythique P’tit Bonheur de Saint-Camille

• Le bâtiment sera sauvegardé grâce au Groupe du coin
• Permet de déverrouiller un élément important: la gestion du risque en ayant accès au temps et à de l’argent.
• Création d’un lieu de rencontre informelle pour la communauté qui deviendra le point focal pour différentes activités alimentaires, culturelles.
• Permet de développer un discours commun, une identité, une vision et une confiance.
• Les gens apprennent à travailler ensemble, à vivre des expériences et des succès.

Rachat du Presbytère et création d’une coopérative d’habitation

• Encore une fois le Groupe du coin donne le temps à la communauté de créer une coopérative d’habitation pour personnes aînées.

Création du projet du Rang 13

• Verrouillage : Gestion du risque (financier)
• Anciennement un des rangs les plus populeux de Saint-Camille, mais qui s’est complètement vidé.
• Un des propriétaires est approché pour évaluer l’ouverture à accueillir de nouvelles familles.
• Besoin de gérer les risques : créer les routes, amener l’électricité, l’internet, etc.
• Une coopérative est constituée avec les futur·es résident·es pour co-construire les habitations.
• Le propriétaire terrien a été patient.

Acquisition et transformation de l’Église de Saint-Camille

• Verrouillage : Risque porté par l’ensemble de la collectivité
• Autofinancement avec la vente des bancs d’école.
• Montage financier par la municipalité à travers différents fonds (pour les aînées, pour la culture, etc. ) en ayant des usages multifonctionnels de l’espace de l’Église.

Les ingrédients de succès

• Moyens pour avoir accès à du temps et des capitaux
• Des projets ancrés dans la culture locale
• Un leadership partagé
• Des médiateurs communautaires pour un développement harmonieux.

00:23:00 - Présentation des projets de requalification des églises de La Durantaye et de Saint-Vallier, par Claude Lepage

Projet de requalification de l’église de La Durantaye 2005-2010

• Entente entre la municipalité et la fabrique pour répondre au besoin d’un centre communautaire et au besoin de trouver un nouveau propriétaire.
• Verrouillage : Peut-on appuyer financièrement et moralement un projet sans savoir une idée de sa destination esthétique finale ? Sans savoir si ça va être “beau” ?
  • la crainte de la population était de défigurer le patrimoine, ils avaient besoin de savoir à quoi ça allait ressembler.
• Solution : Production de rendus architecturaux (modélisation)
  • a été réalisé par un groupe d’étudiant·es
  • ça a permis de rassurer la population et les financeurs

**Considérer la capacité individuelle des gens à se projeter, à visualiser des projets (considérer l’analphabétisme fonctionnel dans une certaine frange de la population). Varier les méthodes de communication.

• Verrouillage :
• la désinformation sur le projet qui démobilise une frange de la population
• le projet se jasait au bureau de poste et beaucoup de fausses informations circulaient
• Solutions : 
• Présence accrue du maire au bureau de poste
• Diffusion d’articles mensuels présentant l’état d’avancement du projet (rédigé par le maire)

Projet de requalification de l’église de Saint-Vallier

• Verrouillages : 
  • Désinformation organisée par crainte d’un impact financier pour les citoyen·nes.
  • Des groupes contre le projet se plaisaient à colporter de la désinformation
  • Ces verrouillages ont beaucoup ralenti le projet
• Solutions : 
  • Communiquer et informer
  • Création d’un feuillet distribué à la communauté pour expliquer le projet, les coûts, le financement, l’impact réel sur les citoyen·nes
  • Création d’un site internet où étaient diffusés tous les documents : ils ont joué la carte de la transparence.

Facteurs clés de succès

• • Consulter, mobiliser, impliquer
  • Informer, communiquer
  • Leaders qui savent partager leur pouvoir (donner la place à des allié·es)

00:32:30 - Période de questions

Question pour Olivier : Les médiateurs communautaires: qui sont-ils, quelle est leur mission, comment ils travaillaient ?

• dans le projet du Rang 13, il agissait comme médiateur entre les citoyen·nes, la municipalité, les promoteurs.
• le médiateur sert de tampon entre les différents groupes, qui peut expliquer la position de chaque groupe.
• dans le projet de transformation de l’église,
• le médiateur a créé un tampon entre les résident·es de souche et les nouveaux arrivants.

Avez-vous eu des problèmes de confiance ou de légitimité pour cette personne médiatrice?

• les positions étaient claires. On connaissait la position favorable au projet du médiateur.
• Il y avait une approche empathique pour comprendre la position de chacun des groupes.

Question pour Claude : est-ce que le clivage autour de l’église est toujours présent à Saint-Vallier, même suite à la réalisation du projet ?

• Il y a eu une appropriation collective en partie. Une fois le projet réalisé les gens voient le bien-fondé du projet.

Question pour Claude : est-ce pour les projets subséquents réalisés à Saint-Vallier ont vécu moins de verrouillage?

• Il n’y a pas eu d’autre projet aussi grand, mais on sent que la communauté a gagné confiance dans sa capacité à réaliser de grandes choses

00:37:45 - Présentation du projet de transformation de l’église de Saint-Valérien, par Robert Savoie

• En 2012, l’adoption d’un plan de développement durable a servi de base pour la réalisation du projet de transformation de l’Église.
• En 2010, le village fait face à des enjeux démographiques de vieillissement de la population. Aucun local communautaire invitant.

Contraintes majeures – du point de vue des citoyen·nes :

• Maintien du culte
• Crainte de taxation municipale
• Beaucoup de besoins exprimés
• Suivi des plans techniques par les citoyen·nes

Axes d’intervention :

• Désacralisation
• 80% des coûts du projet ont été financés par différents programmes
• Répondre à la presque totalité des demandes citoyennes
• Mise en place d’un comité technique pour la médiation inter-groupe

Contraintes majeures – au sein du conseil municipal :

• Type d’acquisition et modèle de gestion
• Source de financement et endettement

Axes d’intervention :

• la municipalité devient propriétaire grâce à une donation
• Taxe municipale

Leviers : 

• Créer un lieu attractif, aller au-delà des attentes initiales
• Créer des espaces favorisant la rencontre et l’innovation communautaire

• Tiers lieu : bibliothèque scolaire et municipale
• Espace multigénérationnel
• Salle de conditionnement physique
• Local des jeunes
• Cuisine aux normes du MAPAQ
• Etc. 

• Mise en place d’une nouvelle dynamique communautaire : les ++ organismes ont créé une nouvelle OBNL. 

• À permis que l’agente communautaire travaille pour l’OBNL et donc pour l’ensemble des organismes communautaires.
• À permis de cesser de travailler en silo

Après 12 ans : 

• Beaucoup de retombées sociales collatérales qui n’avaient pas été prévues

50:44 - Période de questions

Question pour Robert : est-ce que l’installation du chauffage à la biomasse a livré ses promesses ?

• Choix d’aller vers un chauffage aux granules
  • Les économies annuelles étaient de 25K par année
  • Ne nécessite pas plus de main-d’œuvre
  • Si j’étais toujours au mazout, ça m’aurait coûté 34k$ par année, alors qu'actuellement mes coûts sont de 12k$ par année, incluant la main-d'œuvre.
  • Des granules sont produits dans leur région, ce qui réduit
  • 32 tonnes de GES sauvés par année

56:38 - Combien de temps ont duré vos transformations ? Comment vous faites pour tenir le coup aussi longtemps ?

• St-Valérien: le processus a débuté en 2012, les travaux 2017, la mise en place de l’OBNL en 2018, aujourd’hui on a un recul de 4-5 ans sur le fonctionnement actuel.
  • il y a un noyau assez solide de personnes impliquées qui s’est maintenu au fil des années

• La Durantaye et Saint-Vallier : ça prend de la patience, de l’entêtement, un leader qui fonce et qui n’abandonne pas

• Saint-Camille : on a vécu les mêmes étapes que les autres villages, il y a eu beaucoup de continuité dans la vision malgré la succession des maires.
  • Le maire actuel a utilisé le projet comme promesse d’élection
  • il ne faut pas voir le projet comme ayant un début et une fin, se sont plutôt des phases (1-2-3…) qui se succèdent.
  • On améliore le projet de phase en phase

1:00:40 Pour St-Valérien : j’aimerais avoir plus de détails sur le fonctionnement de la biomasse.

• C’est un système au granule.
• Tous les calorifères initiaux ont été nettoyés et améliorés avec une valve électronique pour contrôler le débit des calorifères à partir du panneau de contrôle.
• Un réservoir de moulée (de ferme), le camion-citerne remplit le réservoir.
• 4 tuyaux de sécheuses permettent aux granules de descendre par gravité.
• Tout a été pensé pour être automatisé et éviter d’avoir besoin d’un employé.
• Tout ça a été réalisé et financé dans l'ensemble du projet
  • On a évalué que ça a coûté 150K de plus qu’un système aux copeaux

Travail en sous-groupe - Les faits saillants

Stratégies de déverrouillage identifiées :

• Circulation ouverte de l’information
• Le leadership partagé - pour proposer des choses
• Préparer le terrain, en se donnant le temps et en ralliant les gens au projet
• Développer un plan stratégique : pour que les gens sachent où on s’en va
• Avoir un organisme qui peut relier les organismes, et créer des liens de confiance
• Le plan d’entreprise doit être viable
• Miser sur des pratiques exemplaires
• Varier les sources d’informations, au-delà de l’information écrite
• Créer un OBNL pour dépolitiser les projets et créer un contrepoids aux instances institutionnelles formelles et créer de la stabilité en cas de changement d’élu·es
• Le rôle important de la municipalité, à tout le moins en soutien
• L’importance du temps long
• Implication citoyenne, aller chercher tout le monde, tous les groupes de la population
• Bien évaluer les besoins du milieu pour y répondre
• Capital de proximité
• Construire la confiance – si on construit la confiance des citoyens en amont, ça facilite grandement les processus et la mise en œuvre
• Construire les projets avec la communauté
• La notion de plaisir est importante - le plaisir pousse à s'engager

Quelques remarques pour conclure la rencontre :

• Le projet n'est pas une fin en soi, c'est le début vers des choses qui n'avait peut-être même pas été anticipées, des effets collatéraux de l'action collective!
• Il faut donc laisser la place à "ce qui n'est pas là", ce qui n'existe pas encore. Lien de confiance est important, car lorsque le climat est propice, ça permet à de nouvelles idées d'émerger
• L'importance de communiquer l'information, de diverses façons. Certaines personnes ont besoin de voir (communication visuelle) et certaines personnes ont besoin de vivre le projet (il faut s'attendre à ce que certaines personnes ne se laissent convaincre qu'après le projet réalisé).