Recommandations pour créer une symbiose durable - Municipalité

Cette note a été produite dans le cadre d'un projet étudiant du CUFE de l'Université de Sherbrooke à l'automne 2023.

Ces recommandations ont été documentées dans le cadre de l'accompagnement d'une municipalité dans la mise en œuvre d’un modèle d’économie circulaire basé sur la symbiose industrielle.

En s’appuyant sur les facteurs clés de succès d’une symbiose industrielle, il est possible de proposer des recommandations aux municipalités pour créer une symbiose durable.

Recommandation 1 : mandater ou recruter une personne-ressource en économie circulaire

Parce que le développement de la symbiose industrielle qui, comme l’indiquent les 12 stratégies de l’économie circulaire, requiert de réfléchir à d’autres opportunités (e.g. écoconception) au-delà de la gestion des matières résiduelles seule, le recrutement ou l’assignation d’une personne-ressource, experte en économie circulaire, est essentielle à la mise en œuvre de la symbiose industrielle.

Grâce à cette personne experte, dédiée à son lancement et à sa pérennité, le porteur de la symbiose sera en mesure de mettre en œuvre les recommandations qui suivent. Elle pourra également servir de liaison et de point de contact principal auprès d’organismes accompagnateurs comme Synergie Québec, avec un niveau de connaissances équivalent dans le domaine, facilitant la collaboration.

Recommandation 2 : développer un plan stratégique et un plan d’action

Parce que la mise en œuvre d’une symbiose industrielle doit s’appuyer sur la participation et la collaboration, il est important de fournir de la visibilité et de promouvoir une vision pour l’encourager. Pour ce faire, il est recommandé aux municipalités de :

  • élaborer, en collaboration avec les parties prenantes stratégiques du territoire visé, un plan stratégique et un plan d’action de développement de la symbiose. En effet, il est primordial pour le territoire et ses parties prenantes d’établir une vision et des objectifs communs, ainsi que des mesures et réglementations, comme le tri à la source des industries, commerces et institutions (ICI), en phase avec la réalité du territoire, et des requis pour établir et pérenniser la symbiose. Les municipalités peuvent s’appuyer sur la trousse pour une feuille de route régionale en économie circulaire de RECYC-QUÉBEC et sur le Plan de gestion des matières résiduelles (PGMR) de la Municipalité régionale de comté (MRC) afin de développer ses propres actions, à court, moyen et long terme, en lien avec les orientations de ce dernier. Il est également recommandé d’inclure le développement d’écoparcs et autres infrastructures dans le cadre de ces plans afin d’y privilégier l’écoconception, de la mutualisation et des synergies;
  • diffuser ces deux éléments fondateurs pour arrimer et mobiliser l’ensemble des parties prenantes et ouvrir la porte à de nouvelles opportunités de synergies en vue de pérenniser la symbiose.

En entreprenant une telle démarche, les municipalités peuvent formaliser leur engagement et s’assurer que leur démarche est réaliste, mesurable, pertinente et durable.

Recommandation 3 : collaborer avec les acteurs de l’économie circulaire pour soutenir la mise en œuvre de premières synergies

L’accompagnement est essentiel pour la création d’une symbiose durable, et ce, même si une personne-ressource experte en économie circulaire est mandatée au sein-même des municipalités. En effet, la mise en œuvre de synergies est une tâche qui requiert du temps, des outils adéquats et un partage de connaissances. Il est donc recommandé de :

  • se faire accompagner par un organisme comme Synergie Québec ou son antenne locale afin de bénéficier d’un animateur supplémentaire sur le terrain, également expert en économie circulaire. Son rôle vise à soutenir l’expert en économie circulaire afin de réaliser des audits, comme des analyses de coûts des flux de matières (ACFM), et des ateliers, identifier des synergies et accompagner les entreprises dans la concrétisation de leurs projets (Beaulieu et Pinna, 2019). De plus, ce type de service permet d’avoir accès à des outils de gestion numérisés afin d’améliorer l’efficience de l’animateur, la communication et la collaboration entre les entreprises et la ville, la connaissance du territoire et de ses besoins en synergies. Par exemple, Brome-Missisquoi utilise la plateforme Toucan, initialement conçue pour échanger des denrées alimentaires, afin d’y répertorier l’annuaire des entreprises participantes (offre et demande de matières résiduelles) et les maillages réalisés, d’extraire des rapports personnalisés, et de diffuser des sondages, des communications, etc. (Québec Circulaire, 2022);
  • rejoindre le réseau des Villes et régions circulaires à l’instar des Villes de Montréal et Sherbrooke. Ce dernier offre notamment un partage de connaissances en matière d’approches, d’opportunités et de défis par les pairs, et donne accès à des experts, des webinaires et des ateliers en économie circulaire (Projet villes et régions circulaires, 2023).

Recommandation 4 : effectuer une étude de caractérisation des matières résiduelles

Selon le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTÉI), la caractérisation des matières résiduelles est un exercice incontournable pour évaluer les ressources et les matières premières utilisées, ainsi que le système de gestion des matières résiduelles (SGMR). Il s’agit d’une étude quantitative et qualitative qui permet d’obtenir des échantillons, de trier et de peser les résidus d’une organisation sur une période déterminée afin d’analyser le résultat pour effectuer des recommandations et, ainsi, bonifier le plan stratégique et le plan d’action de la ville.

Ainsi, il est recommandé d’effectuer une étude de caractérisation à l’échelle de l’ensemble des parcs industriels sur un territoire visé afin d’obtenir une visibilité élargie et précisément documentée sur les matières résiduelles générées par les entreprises. Avec cette étude, toute municipalité est outillée pour identifier les besoins des entreprises sur son territoire et proposer des synergies de mutualisation et de substitution. Les données recueillies permettent également de prendre en considération l’ensemble de son écosystème et d’anticiper les besoins des entreprises qui s’installeront sur le territoire dans le futur.

Recommandation 5 : mesurer la performance des synergies

Comme dans tout projet, les indicateurs de performance permettent d’évaluer le succès et l’avancement des mesures entreprises de façon harmonisée afin de poser des actions correctives ou de favoriser de nouvelles opportunités. Par conséquent, il est recommandé de :

  • développer des mesures quantitatives propres aux municipalités, avec l’accompagnement de son animateur et en collaboration avec les entreprises impliquées afin de refléter la réalité terrain, et ce, pour évaluer la performance de la symbiose. Les municipalités peuvent s’appuyer sur les indicateurs de performance du CTTÉI comme modèles. Les mesures développées doivent considérer plus particulièrement la collecte de données sociales, économiques et environnementales au moyen d’un outil numérique pour la faciliter;
  • inclure des mesures qualitatives qui permettent notamment de documenter les ajustements apportés au cours de la mise en œuvre des synergies à des fins d’amélioration continue et de recueillir les commentaires des parties prenantes quant à leur satisfaction, leur confiance, les retombées, etc., au moyen de sondages (CTTÉI, 2013; Arguin, 2014)

Des indicateurs de performance adéquats offrent davantage de visibilité sur les gains et la productivité générés par la symbiose, ce qui peut permettre d’identifier de nouvelles orientations et opportunités.

Recommandation 6 : divulguer les résultats des premières synergies pour en promouvoir la valeur et encourager de nouvelles opportunités

La divulgation est un élément primordial dans la création d’une symbiose pérenne. Elle est étroitement liée aux résultats obtenus au moyen des indicateurs de performance, mais elle dépend aussi de la communication régulière faite sur les plateformes numériques des organismes accompagnateurs, des municipalités, des entreprises, lors de rencontres et colloques sur l’économie circulaire, au sein de la Chambre de commerce et d’industrie et plus encore. Pour favoriser la divulgation des résultats, il faut :

  • établir une stratégie de communication spécifique à la communauté des ICI pour les garder informés en tout temps de nouvelles mesures, de formations, bonnes pratiques, ateliers de maillage et réalisations dans le cadre de la symbiose, de les accompagner et de maintenir une certaine dynamique et un rapport de confiance (CTTÉI, 2013; RECYC-QUÉBEC, 2023);
  • encourager et appuyer les entreprises dans la mise en œuvre d’une stratégie de communication interne qui permet de soutenir les employés dans leur participation à la symbiose et leur sentiment d’appartenance et de fierté à sa réalisation et pérennité;
  • établir une stratégie de communication externe qui vise les citoyens de la municipalité, les clients, les partenaires, les fournisseurs et la MRC afin de promouvoir les résultats, diffuser des témoignages, identifier et solliciter de nouvelles opportunités, et élargir le périmètre de la symbiose (CTTÉI, 2013).

La communication et la divulgation des résultats par l’entremise d’indicateurs, de témoignages et de retours d’expérience sont des éléments clés qui doivent être faits en continu.

Recommandation 7 : encourager l’utilisation et la création d’incitatifs financiers

L’aspect économique revient souvent dans la littérature comme étant un facteur décisif dans l’implantation et la continuité d’une symbiose industrielle. En fait, l’accès au financement est crucial pour que les entreprises puissent surmonter les obstacles économiques rattachés à la mise en œuvre d’une synergie. (Henriques et al., 2021) Il est aussi important que le financement public soit renforcé et élargi grâce au soutien du secteur privé afin que la création des symbioses s’accélère et perdure. En effet, les subventions sont souvent accordées au démarrage de projets, mais elles ne sont généralement pas renouvelées pour pérenniser les synergies (Réseau de recherche en économie circulaire du Québec, 2023). Pour cette raison, les municipalités sont encouragées à :

  • promouvoir des incitatifs financiers en informant les entreprises au sujet des différents programmes et subventions existants en lien avec l’économie circulaire. Pour ce faire, elles peuvent mettre en place une veille informationnelle afin de rester à l’affût des nouveautés et de renseigner les entreprises pour leur en faire bénéficier. Des exemples de financement incluent, entre autres, le Fonds Écoleader, qui aide les entreprises à adopter des pratiques d’affaires écoresponsables et de technologies propres, et InnovÉÉ (Innovation en énergie électrique), qui soutient la réalisation d’études de faisabilité de projets innovants en économie circulaire;
  • développer des incitatifs financiers ou élargir leur portée en impliquant des partenaires publics à l’instar de la MRC du Haut-Richelieu, ou privés comme la Cité de l’innovation circulaire durable de Victoriaville, qui a reçu un appui financier de 1,25 M$ du Fonds du Grand Mouvement Desjardins pour son projet d’innovation circulaire et de révolution industrielle verte.

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Intégré par Vincent Chapdelaine, le 12 janvier 2024 16:50
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Intégré par Murielle Di Placido Rogane, le 17 décembre 2023 21:56
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Automne 2023

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Publication

18 décembre 2023

Modification

30 avril 2024 14:18

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