note Note générale

Les services de santé de première ligne : les grands enjeux et pistes de solutions pour les améliorer

C’est de notoriété publique que les urgences de tout le Québec débordent, une des principales causes de cet engorgement réside dans le manque de médecins de famille. Le développement et la consolidation d’une première ligne forte sont centraux dans une organisation efficace (Plourde 2023). Effectivement, en mars 2023, on dénombrait 600 000 patients orphelins, et ce malgré les actions déployées par le ministère de la Santé et des Services sociaux qui planche présentement sur une refonte en profondeur du système de santé.

Les refontes du système de santé :bref historique

En 1971, le ministre de la Santé créait les CLSC qui offraient des services sociaux et de santé de première ligne à la population locale d’un quartier. Les médecins devaient intégrer le service, mais ils ont refusé de devenir employés de l’état, préférant conserver leur cabinet privé. En 2000, le gouvernement mettait en place les groupes de médecine familiale (GMF) amorçant ainsi le glissement des services offerts en CLSC vers les GMF. De sorte que la population a de moins en moins accès à des services médicaux de première ligne.

Pour favoriser le développement des GMF, en 2007, les médecins ont obtenu le droit d’exercer la médecine dans le cadre d’une société par actions, obtenant ainsi de nombreux avantages fiscaux et privant ainsi l’État de revenus importants. La réforme du ministre Dubé poursuit cette lancée d’une pratique médicale néo-libérale.

La prémisse de la refonte du système de santé est : vers une plus grande efficacité du système. Pour y arriver, une agence qui gèrera les opérations sera mise en place. La création d’agences vise à éviter la lourdeur de l’administration publique en important les méthodes de gestion propre au secteur privé dans l’administration publique. Est-ce que cette refonte remplira ses objectifs ? Est-ce qu’une plus grande efficacité améliorera les services de première ligne ? En attendant que le gouvernement apporte des solutions, la société civile et certains CIUSSS s’organisent.

Initiatives et innovation sociale en santé

CIUSSS du Centre-Ouest de l’île de Montréal

Le CIUSSS du Centre-Ouest de l’île de Montréal a mis sur pied une clinique de dépistage pour les patients orphelins. L’objectif de la clinique est d’offrir des services de première ligne afin de prévenir les maladies chroniques ou graves. La clinique est basée sur la collaboration entre les différents professionnels de la santé. Ils ont fait une demande pour avoir des ordonnances collectives pour dépister les cancers les plus communs, le diabète, l’hypertension, et les MTS. Une infirmière clinicienne fait un premier examen et transfert à une IPS si nécessaire. Au besoin les patients peuvent aussi être transférés à un service de physiothérapie.

CIUSSS Capitale-Nationale

Le CIUSSSCN pour sa part, travaille sur la santé préventive et la santé durable, le Centre de recherche en santé durable du CIUSSS de la Capitale-Nationale affilié à l’Université Laval vient d’ailleurs de recevoir une aide financière de 500 000 $ par année sur trois ans. « Un des objectifs de la Chaire est de contribuer à la refondation du système de santé et de services sociaux en incorporant des approches de prévention et de promotion de la santé ciblant les saines habitudes de vie dans l’offre de services de santé de proximité. Par exemple, la programmation scientifique prévoit la création d’un tableau de bord complet qui permettrait de bonifier le dossier santé de la population en y incluant des données sur ses habitudes de vie et ses conditions de santé. »

Les coopératives de santé

Les coopératives de santé demandent à Québec de les reconnaître et de leur octroyer du financement.

Coopérative de santé Eastman

La coop de santé Eastman a ouvert en 2013 et comptait 300 membres, 10 ans plus tard, elle en compte 3000. Les coops de santé apportent beaucoup au réseau, environ 280 000 patients sont suivis par celles-ci.

SABSA

La clinique SABSA est une coopérative de santé de première pour les personnes marginalisées. «... SABSA offre des soins infirmiers et psychosociaux à des clientèles vulnérables, principalement atteintes de l’hépatite C, du VIH, de problèmes de toxicomanie et de santé mentale. Elle offre aussi une clinique de soins infirmiers de proximité pour les personnes des quartiers centraux de la ville de Québec, sans médecin de famille ou ayant difficilement accès à leur médecin de famille.»

En marge du système de santé, la population et les CIUSSS réussissent à trouver un peu de pouvoir d’agir afin d’offrir de meilleurs services de santé à l’ensemble de la population.