2.1. Quel type d’événement et quel type d’œuvre diffusons-nous ?

Cette note fait partie du projet Normes de diffusion des arts médiatiques en ligne de l'Alliance des arts médiatiques indépendants (AAMI), un guide pratique pour soutenir la diffusion des arts médiatiques en ligne.

Ce document a été élaboré par la chercheuse Mariane Bourcheix-Laporte, en collaboration avec James King et un groupe de travail de neuf artistes médiatiques et employé·e·s du milieu culturel.

Limites et risques des types de diffusion

La diffusion d’un événement peut prendre la forme de système de contenu sur demande (comme la vidéo sur demande, VSD) ou d’une diffusion en direct. Il s’agit, dans ce cas, d’évaluer la valeur d’une expérience de visionnage ou d'écoute communautaire (c’est-à-dire « en direct ») par rapport à un expérience vécu au moment choisi par le participant ou la participante (sur demande). Ceci est essentiel à prendre en compte dès le début de votre planification.

Diffusion en direct

Le risque inhérent à la diffusion en direct se trouve dans la possibilité d’un problème technique, soit au niveau de qualité de la transmission ou de la réception. Ce type de problème peut inclure des enjeux de bande passante du réseau, une panne technique, des problèmes de connectivité du côté de la transmission ou de la réception, une erreur de l’opérateur ou l’opératrice, etc. La décision de passer « en direct » comporte les mêmes préoccupations et risques qu’une télédiffusion en direct. Cependant, le plaisir d’un visionnage ou d'une écoute communautaire en ligne peut rendre l’expérience plus interactive (donc plus similaire à un événement en personne).

Contenu sur demande

Les systèmes de contenu sur demande permettent d’augmenter considérablement le contrôle et la fiabilité de la diffusion. Cependant, cela se fait au détriment de l’expérience de visionnage ou d'écoute communautaire. Puisque les interactions du public ne sont pas possibles en mode sur demande, il est important de de se demander si cet aspect est nécessaire à l’expérience de diffusion d’une œuvre donnée. Bien que la stabilité du réseau reste un problème potentiel avec cette méthode, le risque est considérablement réduit. La formule sur demande a donc pour conséquence de troquer l’effet d’expérience en « temps réel » contre une projection plus fidèle au matériel présenté.

Qualité de diffusion

Malheureusement, avec la diffusion en ligne, il est impossible de faire un contrôle de qualité à l’étape du visionnement, par exemple, à partir du domicile des membres du public. Cela étant dit, le mode sur demande offre généralement plus d’options (meilleure résolution, flux audio supplémentaires, etc.) et exige moins de soutien technique que la diffusion en direct. Plus l’équipement, la bande passante et les options logicielles seront puissants, moins vous devrez vous en préoccuper. Bien sûr, la qualité est un facteur important lors de tout événement ; cela dit, dans le cas de la diffusion en direct, la priorité devrait être l’uniformité de la diffusion, afin que les membres du public aient une expérience ininterrompue. Il est important de garder en tête que le mode sur demande constitue généralement une option plus fiable.

Le choix des bons outils et des meilleures solutions de diffusion

Fonctionnalités/degré de personnalisation

Selon la plateforme choisie, la page d’accueil et le lecteur peuvent être personnalisés. Cela doit être pris en compte lors du choix de la plateforme, de l’équipement ou du logiciel utilisé pour gérer la diffusion en direct.

Voici quelques points de repère :

• Comment votre public devrait-il interagir avec le matériel ?
• Esthétiquement parlant, comment souhaitez-vous présenter votre matériel ?
• Si vous travaillez avec des films ou des performances préenregistrées, vous voudrez sûrement éviter d’inclure trop d’éléments visuels distrayants afin que votre public puisse interagir directement avec l’œuvre.
• En revanche, si vous organisez une période de questions ou une conférence de ce type, vous pourriez inclure des éléments visuels ou d’autres détails personnalisés qui représenteront mieux votre organisme. Cela impliquera alors des enjeux de matériel informatique et/ou de logiciels.

Le public

Réfléchissez à la manière dont votre public accèdera à la diffusion et à son degré d’interactivité. Le public doit-il être passif ou actif ?

Si vous avez besoin d’une interaction avec le public, vous pouvez envisager ce qui suit :

• Quel type d’interaction cherchez-vous (ex. : une option de clavardage, un outil de sondage, etc.) ?
• À quel moment de la diffusion activerez-vous ces fonctionnalités ?
• Qui sera responsable d’interagir avec le public ? Cet aspect est particulièrement important si des problèmes techniques surviennent ou si des commentaires inappropriés sont publiés. Peut-être voudrez-vous partager quelques directives pour mieux encadrer les interactions dès le début de l’événement.
• De quelle manière les commentaires du public seront-ils relayés aux panélistes, le cas échéant ?

Accessibilité

Pour plus d’information à ce sujet, nous vous recommandons de consulter le document Vers des modèles de diffusion en ligne accessibles : Introduction et ressources pour la communauté des arts médiatiques.

Les fonctionnalités d’accessibilité telles que les sous-titres, la vidéodescription ou les flux vidéos ASL doivent être réfléchies à l’étape de planification.

• Les sous-titres peuvent être superposés (c’est-à-dire sélectionnables et semi-transparents, affichés par-dessus la vidéo principale) ou « incrustés ». Bien que les deux options répondent aux besoins d’accessibilité, l’option d’incrustation s’effectue au moment de la production ou de l’encodage, ce qui réduit les coûts et les besoins de configuration technique.
• Certaines plateformes offrent l’option de sous-titres automatiques superposés (ex. : YouTube) ; cependant, il faut tenir compte du contenu de l’événement et déterminer si un système automatisé sera suffisant, ou s’il sera nécessaire d’embaucher un service de sous-titrage professionnel. Pour les sujets sensibles ou complexes (en particulier ceux comportant des noms peu courants ou des termes spécialisés), un système automatisé pourrait causer la confusion en produisant des sous-titres sémantiquement incorrects.
• En travaillant avec un service de sous-titrage professionnel, il sera possible d’aborder les éléments sensibles à l’avance, de manière à vous assurer que le contenu soit correctement traité.
• Bien qu’encore à leurs balbutiements, plusieurs options de technologie de flux audio sont disponibles dans les environnements de diffusion en direct, notamment des options audios descriptives. Dans le cas d’une présentation cinématographique, par exemple, un flux audio pour la vidéodescription pourrait être inclus en tant qu’option sélectionnable pour les membres du public. Veuillez noter, cependant, que la plupart des plateformes n’offrent pas cette option pour le moment. Il est donc important de bien réfléchir à vos besoins au moment de choisir une plateforme.

Inscriptions et paiement

Déterminez si votre événement en ligne nécessitera que les participant·e·s s’inscrivent via un système de billetterie (c’est-à-dire un système de péage informatique) ou d’autres formats. La plupart des plateformes en ligne de type « clé en main » offrent une certaine forme d’intégration de diffusion en direct ou de formule sur demande. Dans ce cas, la diffusion ne serait disponible que via le système de billetterie de votre plateforme.

Géoblocage et GDN (gestion des droits numériques)

Des mesures de contrôle telles que le géoblocage et la gestion des droits numériques (GND) peuvent être appliquées autant à un environnement en direct qu’en mode sur demande ; cependant, il est généralement plus facile à utiliser avec la formule sur demande.

Voici quelques éléments à prendre en compte au sujet de la GDN :

• La GDN comporte de nombreuses options pour déterminer le niveau de restriction des mesures antipiratages qui seront employées. Elles dépendent quelque peu des appareils utilisés pour visualiser le flux (ex. : Apple utilise un système de GDN différent d’Android/Windows), ainsi que par le degré d’invisibilité souhaité lors de son utilisation (ex : un filigrane numérique apparent ou l’utilisation de métadonnées [Forensic Watermarking en anglais]).
• Avec la GND, tenez compte de votre public potentiel et des mesures qui semblent raisonnables, car l’addition de mesures restrictives peut considérablement augmenter les coûts. La majorité des plateformes offrent une version de GDN qui s’avère suffisante dans la plupart des cas.
• Notez toutefois que les fonctionnalités de GDN ne sont jamais infaillibles. Lorsque du contenu est disponible en ligne, il existe toujours un moyen d’en contourner les restrictions d’accès. Les outils de GND servent à dissuader les pirates, et non pas à éliminer le piratage.

Voici quelques éléments à prendre en compte concernant le géoblocage :

• Le géoblocage est aujourd’hui une option populaire sur la plupart des plateformes d’hébergement en ligne, mais n’est pas nécessairement disponible chez les grands joueurs tels que YouTube, Facebook, etc.
• Déterminez le niveau de précision dont vous aurez besoin en termes de géoblocage. Rappelez-vous que la plupart se limitent à la restriction du pays de provenance, bien que certains outils peuvent être plus précis (ex. : blocage par province). Cependant, plus les besoins seront spécifiques, plus la facture sera élevée.
• Il faut aussi savoir que le géoblocage n’arrive pas toujours à bloquer les utilisateurs et utilisatrices de VPN (réseau virtuel privé), puisque ces derniers camouflent leurs adresses IP pour leur donner l’apparence de provenir d’une région ou d’un pays différent.