note Note générale

Récolte lors de l'activité «La mise en œuvre d'une université populaire et pluriépistémique: un pari utopique?»

Cette note collige les savoirs qui ont été récoltés lors de l'activité La mise en œuvre d'une université populaire et pluriépistémique: un pari utopique?, qui s'est déroulée lors de la Journée des savoirs ouverts 2023.

L'activité «La mise en œuvre d'une université populaire et pluriépistémique: un pari utopique?», qui s'est déroulée lors de la Journée des savoirs ouverts 2023. Présentation de Gustavo Gonçalves.

Mise en contexte

Cette présentation par Gustavo Gonçalves se focalisait sur la mise en œuvre du plan directeur novateur de l'Université Fédérale du Sud de Bahia, dans le cadre de l'expansion de l'enseignement supérieur public au Brésil au cours des années 2010. Dans le contexte territorial du sud de l'État de Bahia, marqué par une riche biodiversité, sociodiversité, et d'importantes luttes sociales, cette université vise à instaurer des dispositifs d'inclusion en ouvrant ses portes aux savoirs populaires et en adoptant des innovations institutionnelles pour devenir une université «populaire et pluriépistémique». Les tensions issues de ces expérimentations ont également été examinées.

Idées clefs

Les universités sont un champ de bataille pour la démocratisation des savoirs.
La démocratisation des savoirs a un rapport avec l'ouverture des universités à de nouveaux publics et à la mise en œuvre de politiques d'inclusion efficaces.
Les tensions institutionnelles sont considérables lorsqu'on aborde le système de distribution légitime des places dans la hiérarchie sociale, fondée sur le diplôme et l'idée de méritocratie.

Une expérience institutionnelle

Cette expérience, menée dans le contexte de l'expansion de l'enseignement supérieur public au Brésil, visait à constituer une réponse au colonialisme intellectuel. Son objectif était de démocratiser l'accès aux connaissances et de reconnaître la valeur de divers types de savoirs, qu'ils soient oraux, locaux, autochtones ou traditionnels.
Cette volonté de rendre l'accès aux savoirs de manière plus équitable s'articulait également autour de l'ouverture de l'université aux populations noires ainsi qu'aux communautés traditionnelles ou autochtones, prédominantes dans les territoires du Sud du Brésil.
Ce projet reposait sur la nécessité d'établir des lieux d’éducation dans des régions caractérisées par une diversité culturelle significative et une riche biodiversité, mais également par des inégalités sociales marquées et de multiples menaces pesant sur cette biodiversité.
Il cherchait aussi à devenir un espace de convergence des savoirs et de rencontres avec les sages de ces communautés locales.
Enfin, ce projet en était un de pédagogie active, avec moins de cours magistraux, intégrant davantage des projets de rencontres des savoirs à travers par exemple un exercice de cartographie permettant de reconnaître et légitimer les savoirs notamment autochtones.

De populaire à traditionnelle

Ce projet a été confronté à plusieurs tensions et contradictions, dues notamment aux dynamiques persistantes d'un système reproduisant la hiérarchie sociale dominante, ainsi qu'aux perspectives divergentes sur la valeur de l'éducation, les objectifs individuels et les attentes de la société.
Parmi les défis rencontrés, on a observé des phénomènes tels que des étudiant·es qui prolongent significativement leur temps passé à l'université sans finaliser ou obtenir leur diplôme, des étudiant·es qui, au contraire, cherchent à diplomer rapidement pour des considérations d'emploi et de statut social, la ghettoïsation de certains groupes, le modèle pédagogique parfois délaissé par les professeur·es.
Maintenant, l’Université populaire ressemble davantage à une université traditionnelle (moins qu'au Canada, il est important de le mentionner), mais a tout de même réussi à établir une pédagogie dans la pratique.
Il existe encore un programme structuré d’échange donnant accès aux étudiant·es à des résidences avec des sages du territoire (sensibilisation aux savoirs locaux et autochtones comme l'usage des plantes et au mouvement des sans-terre)
Un des constats : l'institutionnalisation est-elle un piège ? Explorer le potentiel d'augmenter l'offre des cours libres et ouverts afin d'offrir aux apprenant·es l'accès à une variété de sujets sans les contraintes traditionnelles des programmes d'études.