Offrir le fruit québécois grâce à la mise en marché collective

Présentation de David Thériault, Coop ATAB et Alexandre Lemire, brasseur à la Coop À la fût dans le cadre de la visite à Saint-Camille - Fruits d'ici, nouveaux horizons.

Mise en contexte

En janvier 2022, on recensait 296 permis de brasseurs et quelque 60 distilleries actives au Québec. Le secteur des microbrasseries québécoises utilise 1 800 tonnes d'intrants intermédiaires, tels que les fruits et aromates nécessitant une première ou deuxième transformation.

Avec les événements climatiques extrêmes et la crise de la COVID-19, les transformateurs agroalimentaires ont fait face à de sévères difficultés d’approvisionnement de fruits provenant des marchés internationaux. La valeur des fruits sur les marchés étant en forte hausse, les intrants locaux sont plus compétitifs et plus prévisibles aux yeux des acheteurs, tout en bénéficiant d'un préjugé favorable de la part des consommateurs (achat local, nouvelles saveurs) et de politiques publiques avantageuses. Mais ce n'est pas simple d'offrir le fruit québécois!

OBJECTIF - Présenter le cas d'un projet de mutualisation où la Coopérative ATAB s'est associée avec la coopérative Cultur'Innov et 4 microbrasseries coopératives afin de rassembler les expertises et les volumes nécessaires pour approvisionner ce secteur en pleine effervescence! 

Coop ATAB

Fondée en 2016, cette coopérative se spécialise dans l'achat, le stockage et la distribution de 18 variétés de fruits en vrac à destination des microbrasseries et des distilleries, générant des bénéfices directs pour les producteurs. Elle propose également des services de transformation primaire tels que le pressage en jus, la purée, la pasteurisation et la congélation.

Initialement, la coopérative percevait un excédent de fruits sur le marché et anticipait des défis en matière de commercialisation. Elle a débuté en se consacrant exclusivement à la congélation des fruits avant d'élargir son offre avec des équipements plus élaborés, augmentant ainsi sa capacité de transformation.

La politique d'achat de la coopérative est fondée sur l'équité : elle sollicite des producteurs un prix juste pour leurs fruits, contribuant à stabiliser les prix du marché et à protéger les producteurs des fluctuations des acheteurs. En ajoutant une marge bénéficiaire de 30% pour ses services, la coopérative assure une valeur ajoutée constante aux fruits tout au long de l'année.

Les microbrasseries et distilleries, principaux acheteurs, n'utilisant pas toujours les fruits dans leur forme entière, bénéficient ainsi d'un accès facilité à différentes transformations du produit. Cela justifie pleinement l'embauche d'un employé dédié et ouvre de nouveaux débouchés pour toutes les parties du fruit, ce qui est avantageux pour tous : les producteurs, les acheteurs et la coopérative elle-même.

L'existence de cet intermédiaire est bénéfique : elle permet aux producteurs de se focaliser sur ce qu'ils font de mieux, la production, tout en profitant d'une expertise spécialisée dans la commercialisation et la transformation de leurs produits.

Coop À la fût

La microbrasserie en question se heurte à d'importants obstacles liés à la production de sa gamme de bières fruitées, qui représente 20% de son volume annuel de 400 000 litres. La fabrication de ces bières exige à peu près 18 tonnes de fruits chaque année, un défi logistique non négligeable en termes de sourcing, d'équipement et de main-d'œuvre. Cependant, grâce à une collaboration fructueuse de deux à trois ans avec la Coopérative ATAB, la microbrasserie a réussi à augmenter la part de fruits locaux dans sa production. Cette année marque un tournant, puisque pour la première fois, l'intégralité des bières fruitées seront brassées avec des fruits 100% québécois tels que la framboise, la camerise, la fraise et la rhubarbe.

La Coopérative ATAB se distingue par sa capacité à fournir des fruits prêts à l'emploi, un atout considérable qui offre aux acheteurs la flexibilité d'utiliser les fruits au moment opportun, selon leurs besoins de production. David, responsable des achats et des ventes chez ATAB, coordonne également les efforts de mutualisation avec Cultur’Innov, qui gère un verger expérimental. ATAB s'engage à acheter jusqu'à 10 tonnes de fruits de Cultur’Innov, qui produit actuellement 5 tonnes avec des prévisions de croissance. Cultur’Innov se spécialise dans les fruits issus de cultures émergentes, distinctes de celles du Bas-Saint-Laurent, offrant ainsi une complémentarité géographique et une diversité de produits.

Cette synergie entre les deux organisations étend leur portée, avec ATAB desservant l'Est du Québec et Cultur’Innov positionné au centre, envisageant également une expansion vers l'ouest avec le soutien de CRÉDÉTAO. Cette configuration pourrait également améliorer la logistique de transport des fruits.

Cependant, le marché québécois fait face à une pénurie, particulièrement pour les framboises et les cerises griottes. La récolte de rhubarbe de cette année a été affectée, mais ATAB a réussi à sécuriser 800 kg de prunes via le projet Fruits Partagés. Avec une distribution de 18 variétés de fruits, divers aromates et une clientèle d'une cinquantaine, ATAB adapte ses services aux besoins spécifiques de ses clients, offrant différentes formes de fruits, que ce soit en jus ou entiers, et la possibilité de réserver pour des saisons futures.

L'objectif principal est de soutenir les producteurs et de collaborer étroitement pour étendre ces services à travers le Québec. L'offre s'enrichit notamment avec l'apport de fruits biologiques et variés provenant du verger de Cultur’Innov. Enfin, ces échanges entre acteurs du domaine agricole favorisent l'émergence de nouvelles idées et renforcent l'écosystème agricole québécois.

Comment a fonctionné le projet de mutualisation ?

Dans la première année du projet de mutualisation, ATAB a réussi à commercialiser les fruits de Cultur’Innov, ce qui a mené à une courbe d'apprentissage administrative significative, notamment en termes de stockage, de transport, de respect des consignes et de gestion des opérations logistiques, comme la sélection des conteneurs et l’étiquetage des produits.

Un défi immédiat à relever est l'élaboration d'un système d’inventaire dynamique et mis à jour en continu. La gestion des expéditions à longue distance présente également ses complexités, comme en témoigne notre collaboration avec Cultur’Innov qui se situe hors de la région du Bas-Saint-Laurent.

Pour l'avenir, l'objectif est de consolider notre infrastructure, d'approfondir la collaboration et d'étendre les activités de mutualisation, dans le but d'accroître significativement la présence des fruits québécois au sein du réseau de distribution collectif. De plus, nous sommes à la recherche de solutions innovantes pour valoriser les déchets générés par notre activité, tels que les résidus de pressage de divers fruits. Nous nous interrogeons sur les possibilités de transformation de ces tonnes de résidus, qu'il s'agisse de les sécher, d’en faire des jus non alcoolisés ou d'autres produits dérivés.

Période de questions

Comment fonctionne la logistique du transport (pour respecter les normes MAPAQ) ?

La logistique du transport pour notre activité repose sur une entreprise de transport régionale située à l'est du Québec, récemment acquise par une autre société, ce qui nous permet de desservir presque toute la province à l'exception de l'Abitibi-Témiscamingue et du Saguenay–Lac-Saint-Jean.

Nous sommes confrontés à un défi de taille : l'irrégularité des services de transport et un volume souvent insuffisant pour garantir une fréquence constante. Bien que nous disposions d'un camion pour le transport, celui-ci n'est pas équipé de système de réfrigération, limitant ainsi son utilisation aux saisons plus fraîches comme l'automne et l'hiver et nous empêchant de l'utiliser durant l'été.

Ce camion permet cependant le transport de fruits jusqu'à Québec, jouant ainsi un rôle d'intermédiaire pour des destinations plus éloignées comme le Saguenay–Lac-Saint-Jean. Si l'offre globale de transport au Québec est relativement bien fournie, l'option de transport réfrigéré reste moins accessible. Par ailleurs, nous avons été affectés par une augmentation significative des tarifs de transport au cours de la dernière année.

Dans quel état arrivent les fruits à ATAB ?

La qualité des fruits à leur arrivée chez ATAB varie, mais une fois traités, ils quittent tous l'entreprise dans un état uniforme et standardisé. Certains peuvent arriver avec une qualité de catégorie B, destinés uniquement à la production de purée ou de jus.

Consultez également la présentation de la Coop ATAB et À la Fût.

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8 novembre - Colloque Fruits d'ici, nouveaux horizons!
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Intégré par Olivier Brière, le 6 décembre 2023 14:02
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Visite à Saint-Camille - Novembre 2023
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Intégré par Marie-Soleil L'Allier, le 6 novembre 2023 17:48

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Publication

6 novembre 2023

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18 janvier 2024 19:20

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