Cette note a été produite dans le cadre d'un projet étudiant du CUFE de l'Université de Sherbrooke à l'automne 2023.
Cette analyse FFOM a été réalisée dans le cadre de l'accompagnement d'une municipalité dans la mise en œuvre d’un modèle d’économie circulaire basé sur la symbiose industrielle.
1. Méthodologie pour compléter une analyse FFOM de l'implantation d'une symbiose industrielle
La méthodologie a été conçue à partir d’une revue de littérature d’analyses FFOM dans un contexte de symbiose industrielle, d’économie circulaire et d’écologie industrielle. Bien que la plupart des études répertoriées dans les bases de données soient principalement réalisées en Europe ou dans des pays émergents, certaines d’entre elles ont guidé la réflexion pour développer la méthodologie de l’analyse FFOM dans un contexte de municipalités québécoises ayant des parcs industriels sur leur territoire.
La recherche de littérature a permis de constater les différentes approches utilisées pour bâtir une analyse FFOM. Parmi les études consultées, certaines analyses FFOM sont complétées à partir des informations obtenues dans des questionnaires adressés aux parties prenantes, ainsi que des observations réalisées par les intervenants impliqués dans les projets. D’autres sont faites à partir de la documentation pertinente à la problématique étudiée. (Freitas et Magrini, 2017 ; Jąderko-Skubis et al., 2022) Enfin, certaines sont couplées au modèle PESTEL (Tröger et al., 2023). Ce dernier tient compte des facteurs politiques, économiques, sociaux, technologiques, environnementaux et légaux. Il s’agit d’un outil de diagnostic largement utilisé dans la planification stratégique des affaires qui permet d’identifier les variables externes pouvant influencer la mise en œuvre d’une stratégie. (Asana, 2023)
Une étude publiée en 2021, portant sur le potentiel d’implantation d’une symbiose industrielle, a complété l’analyse FFOM en considérant les domaines de la gestion, de l’économie, de la logistique, de la technologie, des ressources humaines et de l’environnement. L’argument de cette approche vise à démontrer que ces domaines sont associés aux plus grandes barrières qui peuvent émerger lors de l’implantation d’une symbiose industrielle. Cette même étude affirme que même si de nombreuses analyses de type FFOM pour des entreprises sont répertoriées dans la littérature, elles ciblent rarement les symbioses industrielles. (Azevedo et al., 2021)
2. Analyse FFOM de l’implantation d’une symbiose industrielle dans une municipalité de la couronne nord de Montréal
Pour identifier les forces et les faiblesses des entreprises, il a été question de considérer les informations collectées dans le cadre d’une étude de circularité menée auprès de 58 entreprises situées dans une municipalité de la couronne nord de Montréal, ainsi que des échanges et réponses obtenues lors d’entrevues semi-dirigées tenues avec 6 de ces entreprises.
En ce qui a trait aux opportunités et aux menaces de l’environnement externe, il a été question de considérer les différentes parties prenantes qui peuvent influencer l’implantation d’une symbiose industrielle. Ensuite, l’analyse a tenu compte des facteurs politiques, économiques, sociaux, technologiques, environnementaux et légaux selon le modèle PESTEL expliqué un peu plus haut, ainsi que les domaines de la gestion et des ressources humaines. Enfin, une revue de littérature sur les cas de symbioses industrielles déjà établies au Québec a permis de compléter la recherche. De cette approche découlent les principales forces, faiblesses, opportunités et menaces identifiées lors de l’éventuelle mise en œuvre d’une symbiose industrielle. Voir tableau FFOM dans le fichier ci-dessous.
Les forces internes identifiées lors de l’analyse FFOM découlent principalement des domaines économique et de la gestion. Par exemple, le leadership et la motivation pour obtenir des gains économiques à travers une symbiose industrielle transparaissent rapidement comme des forces lors des échanges tenus avec les entreprises. Ces observations viennent corroborer les conclusions de plusieurs études qui suggèrent que les entreprises sont principalement encouragées par les avantages économiques et par l’augmentation de la rentabilité, ou du moins elles s’inscrivent parmi les premières raisons pour lesquelles une entreprise entamerait une symbiose industrielle. (Vladimirova et al., 2018; Henriques et al., 2021)
Les faiblesses internes identifiées proviennent de différents domaines, dont le domaine économique, de la gestion, de la logistique et des ressources humaines. Il convient de mentionner que l’absence d’informations précises et étoffées sur l’état des matières résiduelles, comme celles qui peuvent être obtenues à travers une caractérisation ou une analyse de coûts des flux de matières (ACFM) est une faiblesse importante. Par exemple, une ACFM permet aux gestionnaires de connaître les coûts directs et indirects associés aux matières résiduelles et de repérer des opportunités d’amélioration et de réduction des coûts. (CTTÉI et Université Laval, 2022) Ce type d’information s’avère crucial pour les chefs d’entreprise qui sont particulièrement motivés par les gains économiques (coûts et retours sur investissement).
Les opportunités identifiées dans l’analyse FFOM proviennent des domaines économique, environnemental, social, politique et technologique. De neuf opportunités énoncées dans le tableau, cinq ont un lien avec le domaine social. Sans vouloir enlever de l’importance aux autres domaines, il convient de mentionner le rôle primordial des facteurs sociaux dans le développement de symbioses industrielles. En fait, certains auteurs soutiennent que l’aspect social peut influencer positivement la portée des échanges symbiotiques. Par exemple, quand les relations existantes entre les différentes entreprises participantes et le porteur de la symbiose reposent sur la confiance, il est possible de créer des liens solides. Ceci peut faciliter, entre autres, le partage de certaines informations confidentielles requises pour développer une synergie. (Vladimirova et al., 2018; Henriques et al., 2021)
Les menaces identifiées découlent des domaines économique, législatif, logistique, politique, social, ainsi que de la gestion et des ressources humaines. Parmi neuf menaces identifiées, quatre sont en lien avec le domaine économique. Concernant ce dernier, si dès le début une entreprise ne peut pas identifier quels sont les gains économiques qui peuvent résulter de la participation à une symbiose, les probabilités qu’elle y adhère sont plutôt minces. (Lybæk et al., 2021) Bien que seulement une menace sur neuf soit en lien avec le domaine législatif, ce dernier est abordé ici en raison de l’ampleur de sa portée sur la gestion des matières résiduelles des industries, commerces et institutions (ICI). Par exemple, même si le gouvernement provincial a établi des objectifs ambitieux dans la Politique québécoise de gestion des matières résiduelles, comme l’interdiction d’éliminer le bois au plus tard en 2014, cette matière continue d’être enfouie en l’absence d’une législation contraignante.
En résumé, l’analyse FFOM présentée ci-dessus démontre que l’implantation d’une symbiose industrielle peut être influencée par plusieurs facteurs, dont la plupart découle du domaine économique, avec 11 facteurs sur 29 (voir tableau FFOM dans le fichier joint plus haut). S’ensuivent les facteurs sociaux (six), techniques (cinq), de gestion (cinq), politiques (trois), logistiques (deux), environnementaux (deux), des ressources humaines (deux) et législatifs (un).