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Que vient faire la santé publique dans l'acceptabilité sociale?

"L'acceptabilité sociale, c'est l'affaire des industries, qu'est-ce que la santé a à voir avec ça?"

Vous entendrez peut-être ce type de commentaires quand il est question de gros (ou même petits) projets qui ont le potentiel de modifier la réalité d'une communauté. Les éoliennes, ça change le paysage, ça se voit! Et un site de prévention des surdoses, ça peut inquiéter le voisinage. Mais que vient faire la santé publique dans ça? Eh bien, elle vient entre autres s'assurer de faire participer la collectivité dans un souci de promouvoir sa santé et son bien-être. Essayons de mieux comprendre ce que ça veut dire.

Un exemple de participation citoyenne accompagnée par la santé publique

Dans le livre de Lessard et Dufour (2023)¹ , l'histoire d'un site d'injection supervisé qui a vu le jour suite à des démarches faites par la santé publique en 2010 et 2011 est analysée.

L'existence d'un tel site donne une «réponse médicale et de santé publique à la maladie qu'est la toxicomanie».

Source: Lessard.R. et Massicotte, C. (2011)

La santé et la vie des personnes faisant partie d'une tranche plus vulnérable de la communauté étaient compromises. Ces personnes pouvaient subir des inégalités sociales et de santé en n'ayant pas accès à des services qui pourraient améliorer leur bien-être, diminuer les risques pour leur santé et préserver leur vie. Les acteurs de la santé publique ont eu l'idée de favoriser l'ouverture d'un centre d'injection supervisée pour diminuer les risques pour cette population, ce qui se reproduit d'ailleurs un peu partout au Québec.

C'est dans ce contexte que les acteurs de santé publique ont fait une démarche de participation citoyenne, par la consultation et l'implication de divers membres de la communauté concernée.

Mais si ce site avait été implanté sans prendre en compte les personnes qui habitaient près de celui-ci, il y aurait eu un manque de considération pour d'autres éléments sociaux et de santé d'une autre partie de la collectivité, car des inquiétudes étaient présentes. Il n'y aurait pas eu d'acceptabilité sociale.

Des définitions pour mieux comprendre

Tout d'abord, la santé? C'est de ne pas être malade direz-vous! En fait c'est bien plus que ça. Pour faire une histoire courte (sachez qu'elle pourrait être beaucoup plus longue), l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) décrit la santé comme étant:

« un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité»²

Et la santé publique elle? C'est que le public soit en état de bien-être complet direz-vous?

Au Québec entre autres, on y apporte plus de précision. Selon l'Institut national de santé publique (INSPQ), le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS) se base davantage sur une définition plus précise.

Le régime de services de santé et de services sociaux institué par la présente loi a pour but le maintien et l’amélioration de la capacité physique, psychique et sociale des personnes d’agir dans leur milieu et d’accomplir les rôles qu’elles entendent assumer d’une manière acceptable pour elles-mêmes et pour les groupes dont elles font partie.

Source: Légis Québec

Mais encore, quel lien avec l'acceptabilité sociale?

Revenons au projet qui peut chambouler l'environnement d'une communauté. Encore selon le MSSS, la santé publique a plusieurs fonctions. Sa fonction de promotion de la santé consiste à:

«Influencer de façon positive les déterminants de la santé de la population par l’amélioration de leurs conditions et de leurs modes de vie.»

Autrement dit, s'il arrive un projet dans un quartier, peut-être que les citoyens vivront des impacts sur les plans:

physique (ex: un changement dans la qualité de l'air qui affectera la santé respiratoire);
mental (ex: des inquiétudes) ;
ou social (ex: modification du tissu social par l'arrivée de nouveaux travailleurs).

Dans l'anticipation de perturbations en lien avec l'arrivée de ces projets, la santé publique recherchera un équilibre entre les individus et leur environnement, en vue de favoriser le plus possible le bien-être de tous.

Et pour atteindre cet équilibre, quoi de mieux que de demander l'avis des premières personnes qui seront concernées par le changement. C'est ici qu'entre en jeu la participation citoyenne.

Comme dans l'exemple du site d'injection supervisée à Montréal en 2011, la santé publique est parfois porteuse de certains projets. Sa responsabilité d'informer, de consulter, de faire participer est d'autant plus importante.

Mais dans le contexte où l'industrie privée est l'initiatrice de projets qui dérangent, comme dans l'arrivée d'éoliennes dans le paysage, la santé publique vise alors à accompagner les communautés. Les différents acteurs, engagés par les instances de la santé publique au Québec ou partenaires soucieux de la santé, cherchent alors à faire participer les citoyens pour que leur santé soit préservée le plus possible. Ils visent aussi, lorsque c'est possible, à l'améliorer en jouant d'influence pour que certaines mesures d'atténuation soient considérées.

👉 C'est donc en faisant équipe avec la participation citoyenne que la santé publique côtoie l'acceptabilité sociale.

^{1. Dufour, R. et Lessard, R. (2023). La santé publique. Stratégies d'inflluence et acceptabilité sociale. Les Presses de l'Université de Montréal.}

^{2. Organisation mondiale de la Santé. Actes officiels de l’Organisation mondiale de la Santé – Préambule à la Constitution de l’Organisation mondiale de la Santé. Communication présentée à la Conférence internationale sur la Santé, New York: OMS; 19-22 juin 1946; (2) : 100.}

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Intégré par Martine Labrecque, le 25 janvier 2024 13:41

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25 janvier 2024

Modification

12 mai 2024 16:30

Historique des modifications

Le 25 janvier 2024 13:41 par Martine Labrecque

Note - Ajout de « Santé publique ».

Le 31 janvier 2024 14:55 par Martine Labrecque