note Note générale

Le tissu social en histoire: Yvonne et Marie-France

Prenez-en, n’hésitez-pas!

Yvonne

Une petite femme élégante est assise un peu plus loin et, le regard brillant, se ravit de la confidence de Laurence. Je vais à sa rencontre. Yvonne est une grand-mère originaire du Liban mais installée à Montréal depuis de nombreuses décennies. Elle vient depuis quelques étés au coin des voisins des mercredi picnic. “ Moi j’apporte toujours le zaatar, des tomates, ça avec le pain, c’est bon! ” Elle apporte souvent nourriture et toujours sa bonne humeur. D’ailleurs, ajoute-t-elle, elle participeras à la confection d’un taboulé géante à l’occasion de la Foire des Possibles de Ahuntsic, le 9 septembre 2023. Elle me parle avec fierté de ses enfants et petits enfants mais me confie aussi sa peur de la solitude. En effet, depuis le mariage de son plus jeune et la mort de son Mari, elle habite seule dans le quartier.

Je n’aime pas rester seule. Parfois avec mes enfants, mes petits enfants. Je passe du temps avec mes amies et… et ici avec les voisins.

Elle s’interrompt à l’arrivée d’une autre voisine.“ Bonjour! “ Entends-t-on lancé à la ronde alors qu’une femme et une petite fille se joint à l’assemblée.

Marie-France

À côté d’Yvonne, Marie-France s’illumine. “ Meriem bonjour! Oh, et bonjour, quel est ton nom?” La fillette s’exclame “ Sara!”. “ J’ai quelque chose pour toi Sara!” Marie-France avait apporté un livre pour enfant qu’elle voulait ajouter dans la boîte à livre du parc, mais l’offre plutôt à la petite Sara “Je l’ai acheté en voyage en me disant: tiens, ça va être bien dans la boîte à livre! Mais je te le donne!”. Meriem, sort de son sac un manuel de grammaire qu’elle vient de trouver dans la boîte à livre et, avec un sourire moqueur lance “ Moi c’est pour les enfants. C’est pour indirectement leur dire que c’est fini les vacances, c’est le temps de la grammaire!”.

Marie-France est une femme qui, arrivée dans le quartier il y a neuf ans, a longtemps cherchée une initiative comme le coin des voisins pour rencontrer des gens et s’impliquer dans sa communauté. C’est Élie, qu’elle avait rencontré ailleurs, qui l’a invité au coin des voisins pour la première fois, il y a quelques années. “ Pour moi, c’est une façon de rencontrer des gens, d’avoir un sentiment d’appartenance. Et là je me sens plus intégrée dans mon quartier.” Elle regarde au-dessus de mon épaule et souris.

La table comme ça et Élie qui parle à des nouvelles personnes, ça fait comme si on reçoit de la visite chez nous!

Elle se tourne à nouveau vers moi pour m’expliquer qu’avant de découvrir le coin des voisins, elle ne venait pas au parc Tolhurst, malgré qu’elle vive juste à côté. Elle lève les épaules en se rappelant un souvenir. Elle était en effet venue, déjà, à une édition précédente des mercredi picnic mais, seule et ne connaissant personne, elle ne s’y sentait pas à sa place et est repartie. Depuis la découverte du comité des voisins, cependant, elle y revient chaque semaine. “ À chaque semaine je rencontre de nouvelles personnes, c’est vraiment le fun. C’est vraiment riche au niveau des échanges aussi. Tout le monde a différentes compétences. C’est aussi un lieu qui peut devenir intime car les gens se confient sur leur vie. Ouais, ça crée des beaux liens.” Elle me raconte ensuite que des membrs du groupe ont récemment aidés une famille de réfugiés ukrainiens récemment arrivés. Le coin des voisins comme un aimant, semble attirer et réunir les membres de la communauté en quête d’échange, de liens mais aussi en à la recherche de moyens de mettre leurs compétences à bon escient.