Le tissu social en histoire: Fernande

Fernande rejoint le groupe et s’installe dans une chaise. Nous allons discuter avec elle. Elle nous raconte avec passion son histoire, nous parle de sa famille et de sa foi, avant de parler de la douleur de voir Haiti, son pays natal, ravagé par tant de maux. C’est une femme pétillante et fabuleuse conteuse. C’est ainsi qu’elle s’ouvre à nous et dévoile sa vie à coups d’anecdotes imagées. “ Je suis née d’une famille de sages femmes. Quand j’avais 3 ans, j’aidais ma mère dans les accouchements. Mes trois nièces sont infirmières spécialisées en accouchement.” Elle a d’ailleurs proposée ses services à une jeune femme enceinte qui, avec son mari était venu découvrir le coin des voisins.

Justement, Marie-France nous interrompt pour montrer à Fernande un livre qu’elle vient de trouver dans la boîte à livre. C’est un livre de mandala destiné aux femmes enceintes. Alors que Marie-France s’éloigne pour offrir le livre au jeune couple de futur parents, nous reprenons notre discussion avec Fernande. Comme un couteau suisse, Fernande a fait du théâtre, de la couture mais a aussi des compétences de sage femme. Elle propose ses services à des ateliers de couture pour les jeunes, pour les aider à repriser et coudre.“ On va faire aussi des activités des petits contes, des histoires, l’année prochaine pour les jeunes pour les faire bouger et libérer les parents un peu. “ Ajoute-t-elle, toujours pleine d’idées. D’ailleurs, lorsqu’elle remarque notre surprise face à ses multiples talents qu’elle déploie comme un magicien sort des lapins de son chapeau, elle nous dit, l’air grave mais le regard toujours aussi joueur:

Il y a trop de bonnes choses enfermées dans les placards.

Montréal est pleine de portes fermées, de trésors cachés, ajoute-t-elle. Des citoyens comme elle qui n’attendent qu’un coin des voisins pour venir y partager leurs richesses intérieures. Autour de nous, derrière les rideaux tirés, les regards détournés. Dans les trottoirs vides et les absents des rendez-vous picnic on retrouve surtout d’immenses potentiels humains intouchés.Soudain Fernande lance son regard sur les musiciens qui, au centre du parc, viennent d’entâmée une nouvelle chanson. “ C’est Choucoune!” Dit-elle, ravie, avant de se lever et de se mettre à danser et de joindre à la mélodie des musiciens, les paroles de la chanson de son enfance.

“Ti zwazo nan bwa t'ape koute

Ti zwazo nan bwa t'ape koute

Lè mwen tande sa mwen genyen la penn

E depi jou sa de pye mwen nan chenn

Lè mwen tande sa mwen genyen la penn

De pye mwen nan chenn!

C’est le coeur rassasié que je déverrouille mon vélo.

Tu seras là la semaine prochaine, n’est-ce pas?” ; “ Et tu vas venir à la Foire des possibles, le 9 septembre prochain? Yvonne va faire une grosse taboulé! La plus grosse taboulé de Montréal!

Je repars surtout avec une nouvelle perception du mot voisin. Je ne vis même pas à Ahuntsic mais j’ai envie d’y revenir pour retrouver mes amies du coin des voisins. Après tout, comment résister à cet esprit de communauté si rassurant et bien entendu… comment résister à l’appel de la taboulé d’Yvonne? 

Le coin des voisins, ça vient d'où déjà?

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Mobilité de Quartier: portrait d'une transition socio-écologique participative
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Intégré par Alexis Curodeau-Codère, le 29 février 2024 13:46

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29 février 2024

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6 mars 2024 15:34

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