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4.11. Un rythme adéquat | Mémoire sur les communautés de pratique / résultats

ℹ️ Contexte
Cette note fait partie du carnet "La communauté de pratique comme stratégie de transfert de connaissances dans le champ de l’innovation sociale", un mémoire qui propose un regard critique sur le déploiement de la démarche Passerelles 1 (2018-2022) et qui vise à identifier les conditions de succès et les facteurs à considérer pour ce type particulier de communautés de pratique (CdP).
Table des matières | Résumé | Références

Avec la quantité importante de membres dans les CdP 1 et 2 (présentation des cas), un rythme continu et stable semble s’être installé de manière naturelle. Si des activités davantage axées sur la collaboration et le co-apprentissage se mettaient progressivement en place, il aurait sans doute été intéressant de porter une plus grande attention au rythme des activités et à son maintien dans le temps.

Pour les quatre autres CdP, cette dimension était importante à étudier, puisqu’elle avait une influence observable sur le niveau d’activité et sur la capacité des membres à s’y impliquer. Rappelons que pour certain·es auteur·trices, le rythme doit être assez vivant pour maintenir l’intérêt tout en évitant d’être trop exigeant (CEFRIO, 2005 ; Wenger, McDermott et Snyder, 2002).

Dans les CdP 3, 4, 5 et 6, on a pu observer que le rythme ne semblait pas suffisant pour assurer un dynamisme de base, ce qui a pu contribuer à une certaine fatigue ou générer des déceptions. Il semblait plus difficile pour les membres de développer de nouvelles habitudes et d’acquérir le réflexe d’aller consulter les nouvelles informations publiées sur la plateforme quand l’actualisation n’était pas suffisamment soutenue.

Il en allait de même pour le soutien mutuel entre pair·es. Si une personne qui faisait face à un besoin immédiat dans sa pratique demandait l’aide de la communauté, mais ne recevait pas de réponses ou que celles-ci arrivaient quelques jours plus tard, cette personne était susceptible d’opter pour une autre solution lorsqu’un nouveau besoin se manifestait. Un responsable de l’animation a d’ailleurs affirmé qu’un membre qui n’obtenait pas de réponse à ses besoins lors d’une première visite était plus difficile à mobiliser par la suite.

Dans certaines communautés de professionnel·les qui utilisent des groupes Facebook et qui regroupent plusieurs milliers de membres, une question très pointue et nichée peut recevoir jusqu’à une dizaine de réponses dans l’heure qui suit. Ceci amène les membres à développer l’habitude d’interroger la communauté lorsqu’ils ont à leur tour des questions.

Cependant, si le niveau d’activité est élevé, la réification est absente. L’absence de base de connaissances partagée amène une redondance et empêche le groupe de développer une mémoire commune. Une même question peut ainsi être posée à plusieurs reprises, sans que la conversation puisse évoluer sur la base des réponses précédentes, ce qui nuit à la co-construction des connaissances et à l’évolution du groupe.

Inversement, on peut voir dans les CdP 3 et 5 qu’un faible rythme de participation a pu être en partie comblé par la disponibilité des connaissances développées par le groupe, pourvu que celles-ci étaient bien organisées et facilement repérables. Les membres prenaient ainsi l’habitude de consulter le répertoire partagé plutôt que de lancer un appel à tous·tes. Ici, la personne responsable de l’animation jouait parfois un rôle d’aiguillage vers les ressources disponibles pour répondre rapidement à des besoins exprimés à partir des ressources existantes.