note Note générale

4.12. Une diversité de niveaux de participation | Mémoire sur les communautés de pratique / résultats

ℹ️ Contexte
Cette note fait partie du carnet "La communauté de pratique comme stratégie de transfert de connaissances dans le champ de l’innovation sociale", un mémoire qui propose un regard critique sur le déploiement de la démarche Passerelles 1 (2018-2022) et qui vise à identifier les conditions de succès et les facteurs à considérer pour ce type particulier de communautés de pratique (CdP).
Table des matières | Résumé | Références

Si nous avons pu remarquer dans toutes les CdP étudiées (présentation des cas) une diversité des niveaux de participation, il n’était pas possible de valider les proportions évoquées par Wenger, McDermott et Snyder (2002) concernant le nombre de personnes impliquées dans le noyau. En effet, celui-ci variait d’une CdP à l’autre et il se transformait dans le temps. Il n’était pas non plus possible d’observer un renouvellement de l’engagement au sein de ces noyaux grâce à l’implication de participant·es périphériques.

Il aurait possiblement fallu attendre que ces CdP atteignent un niveau de dynamisme plus élevé pour observer de manière plus claire ces jeux entre les niveaux de participation.

Rappelons que pour Wenger, McDermott et Snyder (idem), les personnes qui participent moins activement à la CdP et qui se situent en périphérie contribuent également à la vitalité du groupe. Si ces membres sont plutôt inactifs et s’alimentent des contenus disponibles davantage qu’ils en publient de nouveaux, ils sont néanmoins intéressés par le sujet et sont susceptibles d’apporter ponctuellement des contributions. Ils devraient être considérés dans la composition du groupe et ne devraient pas être oubliés dans l’animation, selon ces auteurs. C’est sur la base de ces recommandations que l’équipe de Passerelles a effectué un soutien aux responsables de l’animation des CdP.

Ces derniers ont cependant souligné une difficulté à maintenir dans la boucle des échanges les participant·es périphériques et à maintenir leur intérêt envers la CdP, voire un certain découragement face à cette situation. Il est vrai que les statistiques de fréquentations de la plateforme démontraient que certains membres ne se reconnectaient pas à la plateforme après une ou deux premières visites, peut-être parce que leurs attentes n’étaient pas répondues ou que les activités de la CdP ne correspondaient pas à leurs besoins à ce moment-là.

Cela a amené certaines personnes à se questionner sur la pertinence de maintenir ces personnes dans la CdP, d’une part pour diminuer le nombre de personnes inactives et d’autre part pour contribuer au climat de confiance au sein du groupe. En effet, la présence de membres « fantômes » rendait plus difficiles les efforts visant à comprendre les limites de la CdP ainsi que sa composition.

Pourtant, même si une personne ne se reconnectait pas pendant un certain temps et qu’elle ne participait pas aux activités, elle restait néanmoins une personne intéressée par la thématique, elle était susceptible de revenir éventuellement et de s’impliquer davantage, ce que certaines personnes ont d’ailleurs fait. Il était également possible que ces membres périphériques puissent contribuer à créer des liens avec d’autres CdP, ce qui a d’ailleurs pu être observé dans certains cas sur Passerelles, notamment à travers les communautés thématiques comme les CdP 1 et 2.

Dans les CdP 1 et 2, la proportion de participant·es périphériques était nécessairement plus élevée, ce qui s’explique par le fait que le mandat était large, que la CdP était vaste et que les objectifs étaient à l’origine davantage axés sur la veille et la diffusion de ressources. De plus, plusieurs s’intéressaient simultanément à plusieurs communautés thématiques et étaient plus présent·es pour s’informer, s’inspirer et compléter leurs propres activités de veille. Ces personnes faisaient néanmoins partie de la communauté et étaient susceptibles de contribuer à la négociation de sens et à la définition des identités.

Leur simple présence permettait par ailleurs de tracer des portraits des personnes au Québec qui agissaient sur des enjeux communs. Ceci pourrait éventuellement contribuer à mieux comprendre les dynamiques de collaboration qui existent entre ces acteur·trices et à mieux comprendre les constructions identitaires.

De plus, ces personnes étaient potentiellement mobilisables pour répondre à des besoins de soutien de la part des membres et pour contribuer à d’éventuelles actions collectives.

Notons par ailleurs que deux responsables de l’animation dans les CdP privées étudiées ont mentionné avoir recruté des membres parmi les communautés thématiques. Ces personnes n’auraient peut-être pas été rejointes autrement, ce qui démontre un autre potentiel des liens qui peuvent se créer entre des CdP au sein d’une plateforme commune.