Les impacts environnementaux de l'univers numérique sont en forte croissance

Au-delà des impacts générés actuellement par l'univers numérique, ce sont surtout les projections qui font du numérique un sujet préoccupant au regard de la transition écologique. Selon The Shift Project, le taux de croissance annuelle des émissions de gaz à effet de serre dues au numérique serait d’environ 6 %, ce qui veut dire que la part du numérique devrait continuer d’augmenter et pourrait même doubler d’ici 2025 pour dépasser 7 % des émissions totales. 7 % des émissions, c’est ce que l’on attribue actuellement aux voitures et aux deux roues à l’échelle mondiale. 

Comment expliquer que l’empreinte environnementale attribuable au numérique continue d’augmenter, malgré tous les progrès réalisés dans le secteur en matière d’efficacité énergétique?

Des sociétés de plus en plus numériques

La réponse se trouve principalement du côté de la hausse de la demande. Tous les indicateurs pointent vers une explosion du nombre d’appareils au cours des prochaines années à l’échelle mondiale, portée par l’essor des objets connectés, des villes intelligentes et de l’informatique embarquée (ex. : robots ménagers, voitures connectées). Si les tendances se maintiennent, on prévoit ainsi la production de 65 milliards d’appareils numériques dans le monde en 2025 (dont 48 milliards d’objets connectés - soit 48 fois plus qu’en 2010!).

De la même manière, le trafic de données connaît actuellement une croissance de plus de 25 % par an, portée en grande majorité par les flux vidéo. Ces tendances mondiales devraient également se matérialiser au Québec, en lien avec le «virage numérique» que souhaite poursuivre le gouvernement provincial au sein des principaux secteurs économiques et à travers les organisations.

Les effets rebond

En parallèle, on observe que, pour le moment, les gains d’efficacité réalisés par le secteur ne servent pas à stabiliser ou à réduire les flux de matière et d’énergie associée. Au contraire, des technologies plus efficaces permettent de réduire les coûts d’exploitation et encouragent le développement de nouveaux usages qui n’étaient jusque-là pas accessibles. C’est ce que l’on appelle «l’effet rebond», l’un des obstacles les plus redoutables pour la transition écologique! Par exemple, le réseau 5G est beaucoup plus efficace que les réseaux précédents, mais son déploiement a été pensé pour développer de nouveaux usages, qui conduiront à la fabrication de milliards de nouveaux appareils pour profiter des fonctionnalités disponibles. Résultat : les progrès impressionnants réalisés par ce secteur en termes d’efficacité énergétique ne compensent pas la hausse de l’usage. On estime que le numérique devrait consommer trois fois plus d’énergie en 2025 qu’en 2010.

Des trajectoires insoutenables

Du côté matériel, la forte augmentation d’appareils numériques va également entraîner une pression croissante sur les ressources nécessaires à les fabriquer, comme les métaux. Or, la transition écologique nécessite que tous les secteurs économiques réduisent progressivement et durablement leurs impacts environnementaux pour éviter les conséquences les plus dramatiques des bouleversements planétaires. Les tendances de croissance affichées par l’univers numérique s’inscrivent à contresens de cet effort global et rien n’indique un ralentissement à venir. Sans changement majeur de trajectoire, il y a un risque important que le numérique gomme, voire annule, les efforts de réduction des impacts réalisés dans d’autres secteurs.

À quel point les promesses du numérique en termes d’efficacité énergétique (pour se déplacer, se loger, se nourrir…) valent-elles l’augmentation de la facture environnementale de ce secteur, compte tenu du peu de temps dont l’humanité dispose pour réduire son empreinte?

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Pour poursuivre votre lecture: Le numérique est une ressource critique et limitée

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Ce carnet a été rédigé à partir des travaux du Défi numérique de Chemins de transition. Vous pouvez consulter le site internet de l'initiative pour retrouver l'ensemble des ressources disponibles. 

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L'image utilisée pour cette note est celle de Sigmund trouvée sur Unsplash.